Charles Couty : « Je me
suis fait tout seul ! »
Patiemment le fils unique de Jean Couty s'emploie à se faire un prénom dans
le microcosme lyonnais. Au début du 3ème millénaire, il crée Lyon
Sport, une station FM qui grimpe peu à peu dans les sondages.
Pas facile d'être le fils de... mais se retrouver fils unique d'un père unique,
c'est une tout autre histoire... Il aurait pu mal tourner, l'enfant gâté ! Il
aurait pu dilapider les trésors de l'Ile Barbe... « J'aurais aussi pu être
triso ! » enchaîne-t-il en se gondolant comme une baleine... De fait quand
Charly voit le jour le 3 octobre 1967, son père Jean affiche déjà 60 ans au
compteur et sa dulcinée 40 ans ! Célibataire endurci, Jean « qui depuis son
adolescence gambadait... » a fait la connaissance de Simone Drevon un
an auparavant. Autant dire que ça n'a pas traîné ! La toute nouvelle Madame
Couty est de son côté la jeune veuve d'un pédiatre et ironie du sort sans
enfants.
Jean Couty jouit déjà d'une belle renommée mais à la maison c'est logiquement
son bambin qui va lui voler la vedette. Difficile de jouer les pères quand on a
l'âge d'être grand père. La petite famille habite la ravissante maison de l'île
Barbe construite par Jean Baptiste l'arrière grand-père de Charles, maçon de son
état. Papa est à ses palettes et maman aux lingettes ! Elle s'occupe
exclusivement de Charles qui fréquente les meilleurs établissements scolaires de
la ville : Maristes, Chartreux... avant d'échouer au cours Pascal en compagnie de
Philippe Crozet et de Fabrice Slensinski. Mais l'ado s'avère des
plus « turbulents ». Il le reconnaît d'ailleurs volontiers : « De 14
à 18 ans, j'ai été un emmerdeur ! » L'attention soutenue que lui porte le
coupe Delecraz n'y fera rien : Charly rate son bac et se retrouve « manar »
aux ateliers AS de Saint Priest. « Je faisais sécher les foulards Hermès ! »
Il assure n'en avoir pas barboté un seul. La punition « usine » ne durera pas !
Magnanime, Jean remet son fils à Jean Perrin où il décroche (enfin) un Bac A.
De retour d'Ambérieu, où il a effectué un service militaire « cool », Charly
écume les boites de nuit de la région (César Palace, Drungly...) au
volant de son Innocenti (payée par ses parents). Des parents qui commencent à se
faire un sang d'encre... Jean n'hésite pas à confier son désarroi à Alain Vavro
quant au devenir de son rejeton. Le décorateur le fait alors intégrer un atelier
de photogravure comme commercial. Un an plus tard, il rejoint Pierre Mangeret
qui vient de monter une radio libre, nom de code : M40. Le VRP découvre
la vraie vie : « Pour la première fois de ma vie, je me suis fait violence ! »
avoue-t-il. En 1995, la fréquence étant reprise depuis par RTL 2, il
débarque chez Scoop avec armes et bagages (comprendre son portefeuille
d'annonceurs). Flairant la bonne affaire, Daniel Perez l'accueille les
bras ouverts... Pendant ces années d'apprentissage, Charly ne cesse de rêver à sa
propre radio. Ce sera chose faite en 1999. Depuis 1996, il a pris soin de
préparer le terrain. En créant Lyon Futur Média, sa propre régie
publicitaire avec son complice Kamel B. L'autorisation d'émettre
en poche, Lyon Sport s'installe avenue de Saxe. Le 6 février 2000 restera
dans les annales de son journaliste Christophe Pradier. Lors de
son première direct (OL - Monaco) l'ordinateur lâche en plein match.
Aujourd'hui, la station qui compte Laurent Chabbat comme nouvel associé
emploie une dizaine de collaborateurs et espère doubler son audience d'ici 2005.
Peu importe les esprits chagrins qui ont daubé sur sa radio en reprenant le
slogan des pub Renault « ça ne marchera jamais ! » Il en a entendu des vertes et
des pas mûres ! Comme d'avoir vendu des toiles de son père pour financer sa
radio... « Je ne profite pas de l'argent de mon père ! » s'insurge-t-il « je
me suis fait tout seul ! » Et les uvres de papa ? « Nous sommes plutôt
du genre, ma mère et moi, à racheter certaines toiles que nous ne possédons
pas ! » Ayant conservé des goûts simples (il est plus souvent chez Pino que
chez Caro), Charly semble peu affecté par les médisances d'une jet set lyonnaise
qui encense le père et sermonne le fils... Il dévore la vie comme son filet de
taco... à pleine main mais ne boit pas d'alcool. Résident de l'ouest lyonnais, on
sait tout juste qu'une mystérieuse Myriam partage sa vie... même s'il n'est «
pas pressé de causer postérité ! » Comme son père ?
Mémoire paternelle
Parallèlement à ses nouvelles activités professionnelles qui à défaut de réjouir
entièrement ses parents, ont au moins le mérite de les rassurer, Charly a
longtemps poursuivi son cocooning familial ! Bien qu'indépendant financièrement,
il a conservé ses habitudes de vieux garçon et adore mettre les pieds sous la
table. Seul inconvénient majeur : interdiction de ramener ses conquêtes à la
maison ! En 1992, cette belle harmonie vole en éclats. Le 18 mai, Jean
disparaît « englouti par le crabe » après un ultime succès à l'Auditorium. Il
avait 85 ans.
Pour Charles, le choc est énorme. Sa présence aux côtés de sa mère s'accompagne
désormais d'un fort engagement moral à l'égard de la mémoire de son père. Et de
son uvre : préparation du catalogue raisonné, organisation d'expositions (la
rétrospective présentée au musée Paul Dini a accueilli plus de 10 000
visiteurs). La tâche est immense mais Charly y met tout son cur.
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