Le jardin
discret de Guy Darmet
Par Françoise Petit
Beaucoup de soleil dans le thème astral de Guy Darmet. Beaucoup de
couleur dans son âme latine. Beaucoup de pudeur quand il danse avec les
émotions. Rencontre côté jardin.
Le marché de Baïro Peïxoto est
unique au monde, même celui de la Croix-Rousse pourtant adorée de sa mère ne lui
procure un tel bonheur. Guy Darmet dans ce quartier de Rio s'est offert un
pied-à-terre parce que la réalité du Brésil résume tous ses rêves. En « terra
latina » il est heureux au point de vouloir la marier au vieux continent pour sa
10ème biennale. Lyon accueillera donc un peuple d'artistes et Guy
Darmet orchestrera cette rencontre avec les yeux d'un homme repenti ! « J'avais
détesté mon premier séjour à Rio, je ne comprenais rien à ce pays, ma
destination préférée était alors la Grèce, et mon tempérament latin ne pouvait
coller à cette ville trop touristique »
Aujourd'hui Guy Darmet
déguste « son » Brésil comme le fruit d'une réflexion subtile suscitée par le
charme de sa diversité artistique. Au point qu'il se soit programmé une vie
alternée entre Lyon et Rio. La pauvreté d'un peuple que la beauté des paysages
ne peut masquer engage une autre réflexion. Du côté de Copacabana, Guy Darmet
reste lucide en se référant à Camus : « la vraie générosité envers
l'avenir est de tout donner au présent ». Aussi, celui qui considère avoir
un peu raté sa vie personnelle s'engage à tenir un rôle social auprès des
Brésiliens en s'occupant notamment des enfants de la rue et en développant des
échanges culturels entre la France et le Brésil.
La
danse coule dans ses veines depuis les premières fondations de « sa » Maison
devenue celle de la vie et du « corps triomphant ». Dans son jardin discret du
côté des Chartreux - là où il a appris à structurer ses projets d'adolescent -,
Guy Darmet goûte aux joies des petits matins sous le tilleul qui l'a décidé
d'acheter ici plutôt qu'ailleurs. Une larme de thé, des géraniums en fleurs, du
soleil comme à Rio, quelques recettes diététiques (pour perdre les kilos de
l'hiver), il n'en faut pas plus à Guy Darmet pour se préparer à une journée
marathon.
Loin du public qui
consacre ses actualités artistiques (biennale et saison 2002-2003 de la Maison
de la Danse), monsieur « terra latina » apprécie chaque minute de liberté,
refusant dîners officiels et fêtes pour cuisiner comme sa grand-mère, un cordon
bleu « diplômé » se plait-il à dire. « Si l'on aime la vie on aime les bonnes
choses » et à lui d'illustrer ce cri du cur en croisant saveurs lyonnaises
et mexicaines, un soir sous les étoiles. Guy Darmet oublie alors ses colères de
directeur artistique intransigeant.
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