Interview
DJ Sophie
En
parodiant une publicité célèbre, on pourrait dire de DJ Sophie
qu'elle met un peu de finesse dans un monde de brutes... Avant de
s'envoler pour Ibiza, la plus féminine des DJ lyonnaises s'est confiée
à Laure Delvigo.
Ton style de prédilection ?
En
fait, je marche surtout au feeling. J'aime beaucoup l'électro mais
j'ai aussi des influences jazzy-funcky, j'en écoute beaucoup à la
maison, pour moi, il y a une différence entre ce que l'on peut mixer ou
passer en club et la musique que l'on écoute chez soi. Ca peut
surprendre, mais je suis très Rythm & Blues au départ.
En ce qui concerne la
musique électronique, de façon générale, je trouve la techno trop linéaire
et ce que l'on nomme la « disco-house » trop répétitive.
J'aime la véritable house, pas la tendance actuelle à la disco-house
constituée uniquement de samples disco-house successifs. Cela ne me
fait pas vibrer.
Quel est pour toi le son du dance-floor de
demain ?
Je ne sais pas si il y véritablement un son à définir
... En tous les cas, il y a une demande certaine venant des puristes qui
souhaiteraient retrouver l'esprit des bons petits clubs comme l'on
pouvait encore le trouver il y a 4 - 5 ans aux soirées de l'Ambassade où
tout le monde se retrouvait. Même si on travaillait, on savait qu'on
trouverait de la musique de qualité avec un public qui venait pour la
musique. Il y a aussi de la demande en Gospel et R&B, un retour à des
choses plus acoustiques comme les caveaux de Jazz. On en trouve presque
plus à Lyon et je trouve ça dommage. Mais les gens suivent des
mouvements, des modes. A Ibiza, vous ne me trouverez pas au Pacha ou
autre usine de remplissage de ce genre car regarder 10 000 « X-tasiés »
ne m'intéresse pas. Vous me verrez plutôt à la Funky Room, un endroit
sélect et plus agréable.
Tes
disques préférés ?
Etant donné que j'ai des
goûts très hétéroclites, je n'ai pas vraiment de disque préféré
mais j'ai des disques cultes comme St Germain qui est pour moi indé-modable.
J'aime aussi K.Yost qui mixe de la house avec des sons jazz derrière et
DJ Shorty.
Tes débuts de DJ ?
(Rires) Alors là, j'ai une anecdote. C'était
vraiment le pur hasard. Je tenais le vestiaire du Jardin.
Un samedi, un DJ s'est disputé avec le boss puis est parti. Il n'y
avait personne. On n'allait pas mettre les barman donc le boss m'a dit :
« Sophie, tu vas dans la cabine, à toi d'attaquer ». En
fait, j'ai toujours eu une passion pou la musique mais je n'avais
jamais pensé faire des mix avant de passer derrière les platines. Ce
jour-là, c'était excellent.
Quels sont pour toi les ingrédients pour
devenir DJ ?
Etre très passionné. Ces
dernières années, beaucoup de gens font du Djing pour l'attrait de
l'argent. Cependant, il faut un minimum de bases. Le public n'est pas
dupe et l'effet est de courte durée.
Est-il dur pour une femme de se faire
respecter en tant que DJ dans un milieu essentiellement masculin ?
Non, je n'ai jamais eu de
réflexion ou quasiment pas. Par contre, les filles sont à la mode ces
temps-ci. Ce phénomène a créé un effet d'amusement parce que c'était
nouveau. Alors de jolies filles se sont mises à mixer pour de l'argent
et le résultat a été décevant car il n'y avait aucune recherche dans
les mix. Cependant, les filles ont une sensibilité et une approche différente
de la musique électronique.
Quels sont tes projets immédiats ?
Actuellement, je suis en
pleine production. Je travaille 8 à 9 heures par jour. Je suis très
exigeante alors je recommence sans cesse jusqu'à obtenir le bon son.
Ta meilleure expérience de DJ ?
C'était certainement à Miami au Mix.
C'était 5 heures du matin et 300 personnes sont rentrées d'un coup.
Habituellement, en Europe, il faut bien une heure avant que les gens
rentrent. Là, au bout de 5 minutes, je me suis retrouvée face à cette
foule qui voulait écouter la « french touch ».
A propos de Miami, qu'as-tu pensé des
States ?
Au niveau du son, c'est
le top. Il n'y a pas de limitation en BPM, c'est la perfection
technique, le matériel est au top aussi. On trouve vraiment l'esprit de
fête, les américains vont au club pour nous écouter. Il y avait aussi
l'effet de « DJ française ». Ils étaient curieux, ce
n'est pas courant là-bas.
Ta pire expérience de DJ ?
La pire, peut-être pas mais celle où j'ai du faire
des concessions au niveau musical. C'était à Besançon au Queens
Station.
Ce club passait de Lââm à la techno. Quelle transition. La clientèle
était donc habituée à certains genres. J'ai passé de la house-garage
qui datait d'un an et demi car ils préféraient ça à un mix électro.
J'emmène toujours un jeu de disques lorsque je vais dans un club où je
ne suis pas sûre du style.
Ton club du moment ?
Certaines soirées du Rex
(Paris) et le Loft
Club et l'Electro
(Lausanne).
Comment trouves-tu le public lyonnais ?
Ce public est demandeur. De
bonnes musiques mais aussi de bons clubs avec d'autres ambiances destinés
à faire de la qualité. C'est aux patrons de boîte de faire bouger les
choses et le public suivra. Pour l'instant, les personnes puristes
exigeantes répondent absentes car il n'y a aucun lieu pour elle. Ce qui
fait que beaucoup de lyonnais ne sortent pas, c'est dommage.
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