Dubouillon...
de culture !
De
notre correspondante Anne-Charlotte Anav
« Je
ne suis pas indispensable, si je ne livre pas mon dessin quotidien , ils
mettront autre chose à la place! ». Et pourtant, qui ne jette
pas un il sur la caricature humoristique de l'éternel Dubouillon dans
Le Progrès ?
Au bout de 35 ans de carrière, c'est presque un rituel qui s'est imposé entre les
lecteurs et ce dessinateur.
Pour
que le message soit percutant, il faut à Alain environ 1h30 de réalisation.
Une passion qui s'inscrit dans son quotidien et qui s'imbrique
parfaitement avec « un emploi
du temps plutôt élastique ». Car cet artiste dans l'âme,
« a toujours été révolté
contre les habitudes ».
Et
pour cause, quand vous entrez dans son bel appartement/atelier, ce n'est
pas la rigueur du rangement qui vous saute aux yeux. A ce propos, histoire
de ne pas se laisser dépasser pas les événements, monsieur compte
investir dans un ordinateur pour archiver toutes ses uvres. La PAO et la
mise en page ont également des utilités qui ne lui échappent pas.
C'est
en 1966, qu'Alain Dubouillon entre en scène et devinez où ? dans le célèbrissime
magazine
Paris-Match, à l'intérieur duquel il glissait ses premières
satires sociales. Car contrairement à ce que l'on pourrait croire, il
n'est pas un fan de politique. Avec des parutions dans « Le
Parisien, La voix du nord, Le courrier de l'ouest, etc.» le
dessinateur a grandi au fil de son talent. Cela dit, côté financier
« cela a toujours été un peu
en dents de scie ». Pour gonfler ses revenus, Alain a
un faible pour les droits d'auteur à l'image « d'Herbert »
en Allemagne , qui lui rapportent parfois jusqu'à 10 000 francs, de quoi arrondir les fins de
mois !
Aujourd'hui
« même si cela a été dur de
se faire un nom », un dessin de Dubouillon vaut entre 500 et
1000 francs et les compilations rétrospectives de l'année telles que
« les semaines de Dubouillon »
se vendent à 17 000 exemplaires.
Mais après les BD (le journal de tintin !)
, les satires sociales, la politique au quotidien et autres, Dubouillon
aspire à « retrouver une
certaine ardeur artistique ». Mise à part une certaine
stabilité financière, « il
n'y a plus de surprise, tout ce que je fais c'est de l'acquis ».
Et
même si aujourd'hui monsieur semble s'ennuyer un peu, « je
suis vraiment content » dit-il. « J ai
compris énormément les gens durant ma carrière », et c'est
apparemment la subtilité qui fait rire. L'humour facile n'est pas le
but premier ce dessinateur- reporter, qui, en possession de sa carte
presse, exerce également la fonction de journaliste. Mais, au bout de 20
ans, « le métier a changé,
c'est le politiquement correct qui prédomine, et la critique est anesthésiée
par un semblant de démocratie...il faut savoir pour qui on travaille ! ».
Pour lui, le dernier bastion de liberté politique se trouve dans les journaux tels que « Le
canard enchaîné ». Ce qu'il redoute ? « J'ai peur de mal vieillir, et de ne plus suivre les mouvements de la société »,
on comprend en effet le caractère dramatique que cela aurait sur le
message personnel qu'il essaie de faire passer au quotidien. Pour
l'instant c'est plutôt à gauche que l'homme pencherait, avec
paradoxalement un faible pour les caricatures de Jacques
Chirac.
Après
ses études secondaires, et un an et demi aux Beaux-Arts, monsieur part
faire son service militaire
qu'il considérait comme « une perte
de temps ». En revenant, direction la capitale ou il emménage
pendant 6 ans avec des musiciens... Séquence nostalgie !
« Lyon est une jolie
ville, mais les relations sont moins conventionnelles à Paris »,
dit-il de notre cité où l'extravagance ne colle pas aux mondanités
lyonnaises. « Elle ne prête
pas à un échange chaleureux, et la reconnaisse artistique est quasi
inexistante ».
Et si Dubouillon n'est pas un fan des grandes
tables, c'est « au Passage » en intime compagnie que vous le retrouverez.
Quand aux projets plus personnels... secret défense... un indice ?
.... des mots (cette fois-ci !) sur de la musique... bien sûr !
|