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15 avril 2002

 

Gilles Humbert, l'archi intime du Très Haut 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




 

De notre correspondant Mehdi


Gilles Humbert
, 55 ans, surnommé Saint Pierre dans sa profession de décorateur et d'architecte doit sa notoriété à son talent artistique mais aussi à son amour du bistrot. On ne parle évidemment pas ici des PMU et autres lieux décadents où l'homme faible se met en exergue de part le flot incessant du rouge qui tache, mais de ces bistrots bien français dans lesquels les langues goulues se délient à la couleur d'un Vionnier, St Jo, rosé de Provence accompagnés d'un saucisson sur lit d'olives vertes. A la manière des poètes maudits, Saint Gilles trouve donc l'inspiration au comptoir de l'hédonisme. Portrait.

 

La rencontre se fait au Café du Pond, chez Albert, à l'intérieur des murs qu'il a lui même décorés quelques mois auparavant. « Il voulait partir à Megève, et lorsqu'il m'a dit qu'il rachetait finalement le Lyautey, je me suis lancé dans sa création à base de bois et avec des clous au plafond. C'est comme ça que je voyais Albert : il ne m'a pas adressé la parole pendant 8 jours ! »   

 

Dégaine à la Gainsbourg, regard de Brassens et discours de Ferré relèvent du charme des écrivains d'antan qui, forts de leur passions pour un art, ne tarissaient pas d'éloges pour les filles de joie et le bon vin. Néanmoins un vrai talent habite Saint Gilles. Celui de l'ange qui regarde en attendant de créer mais qui n'en oublie pas ses copains, d'abord, et c'est pourquoi l' histoire n'est pas moins étonnante. Pourquoi faire simple lorsqu'on peut faire la fête...

 

En 1967, à la sortie de l'Ecole des Beaux Arts de Lyon, le jeune homme originaire de Lyon, n'a pas le bac : il le passera d'ailleurs 8 fois avant de l'obtenir mais développe d'autres arguments pour calmer les inquiétudes de son père hôtelier dans la presqu'île. 

 

A 20 ans à peine, il paye déjà « la peinture à toute l'école » le jour, et tient un club privé la nuit rue Emile Zola, Le Circée : " Mon concurrent direct était alors Albert Dray qui tenait La Champagneraie, rue Royale. On se tirait la bourre ! " Il voit alors passer toutes les personnalités lyonnaises et d'autre noms en pleine ascension telles que Johnny Hallyday ou Eddy Mitchell.

 

Cette aventure se clôt sous les conseils de sa famille, et après une brève entaille au régime gaulliste (une histoire de pavés en 1968), il se lance dans la grande passion de sa vie, la déco et l'architecture d'intérieur. C'est d'abord par la réalisation de la boutique Clémentine rue Emile Zola, puis par la conception des boutiques Clergerie que le jeune surdoué se fait largement remarquer. « L'idée était de faire des boutiques qui restaient commerçante et chic, c'était des bombes ! ». Ensuite l'aventure continue avec Flip Machine, boutique de jeans avant-gardiste.

 

Comme à chaque fois Saint Gilles joue avec les limites du « toléré » : « Ces boutiques auraient pu être interdites par les Bâtiments de France, tout le jeu consistait - et c'est toujours le cas - à détourner les normes pour réaliser ce qu'on voulait », s'amuse-t-il. 

 

C'est dans ce cadre qu'il rencontre l'équipe d'entrepreneurs dont il ne se séparera plus, ainsi que celui qui deviendra son ami Pierre Chaduc, concurrent et pote de bringue : « On dit de lui que c'est Dieu et de moi Saint Pierre. Imaginez les bringues privées avec les 12 apôtres (les entrepreneurs), Saint Pierre et Dieu ! »

 

Pour Saint Gilles « on est dans ce métier star pendant trois ans puis on plonge durant deux années en attendant la résurrection ». Dans ces périodes fastes, il signe Joannard, le concept Coté Maison (ci-dessus), et la maison Bexley ou encore . Un tournant de sa carrière se fait du coté de la rue Mercière lorsqu'il y a dix ans, il crée le concept du Salmon Shop, et du Bleu de Toi.

 

Les années 1990 ne tarissent pas la passion du concepteur qui, au sein de la société Concept & Result, continue à créer de nouveaux lieux tout en déclamant des poèmes avec son ami Léotard et Charlélie Couture

 

En 30 ans sa passion n'a cessé d'évoluer, il se surprend même à dormir debout dans la rue à la manière des marins qui récupèrent lors de leur transat. « Aujourd'hui j'aime une femme qui m'appelle "Bonheur" et j'en suis fier ! »
 


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A suivre, Jean-Michel Jarre bientôt à gerland ?

 

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