Jacques Haffner : la fleur de
la nuit
De
notre correspondante Anne-Charlotte Anav
Fleuriste
de jour, amoureux de la nuit, Jacques Haffner prend autant de plaisir à
arroser ses fleurs que ses soirées les plus folles. Eternel enfant, il quête
sans cesse l'allégresse d'une vie sans contraintes où paradis ne
rimerait plus avec artificiel.
Jacques avait disparu en novembre dernier emportant avec
lui le souvenir d'un magasin de fleurs remarquable de créativité
et d'ingéniosité, situé sur les quais Saint- Antoine (voir
interview). Aujourd'hui les clientes un peu BCBG du quartier se réjouissent
de le retrouver, lui et ses fameuses compositions florales, plus
scintillant que jamais. « J'ai été surpris par leur réaction
et leur compréhension » nous confie-t-il à propos d'une
clientèle à laquelle cet homme aussi atypique qu'attendrissant a fini
par s'attacher. Pour lui, le maître mot de la vie, c'est « la
fidélité ». Et même s'il ne semble plus croire qu'à
l'amitié, il ne désespère pas de rencontrer un jour le grand amour,
homme ou femme, de toute façon « le débat homosexuel, c'est dépassé ! ».
Oui mais le grand amour, quand on connaît toute la ville,
c'est difficile de s'y laisser surprendre. « Toujours les mêmes têtes,
je connais tout le monde » explique Jacques lorsqu'on lui
demande à quoi ressemble ses nuits lyonnaises.
A 37 ans, quand il lui
arrive de « péter les plombs », monsieur camélias part
vibrer aux rythmes des soirées parisiennes, ou, dans style plus
campagnard, rejoint son amie la plus fidèle, Claude Clevenot, histoire
de se retrouver. La simplicité de l'excentricité, voila de quoi cerner
ce grand enfant qui affectionne la légèreté de la nuit et des plaisirs
qu'elle offre. Où le croiser ?, A la Table d'Hyppolite,
au Deck, ou à la brasserie de l'Est en début de soirée
et au dark's club jusqu'à l'aube. « Depuis deux
ans, on sent quelque chose à Lyon, ce n'est pas une ville si coincée »
explique t-il.
Des regrets ? « Etre plus intellectuel, je me
serais bien vu avocat, ministre ou...président de la République »
ironise Jacques Haffner (ci-contre en compagnie de Bruno Daronnat).
Car, à « ne jamais vouloir se prendre
au sérieux » au gré des folies nocturnes, les rumeurs vont bon
train lorsque l'on se retire du circuit.
Solidaire et même partenaire
de la « gaypride », notre fleuriste lyonnais n'aime
pas débattre des heures sur le milieu qu'il fréquente, « chacun
sa sexualité » (et puis basta !). Quoi qu'il en soit,
Jacques a du mal à trouver un endroit qui lui convienne pour « se lâcher ».
Entre lieu de déprave humaine et soirées criblées d'hypocrites coincés,
il semble à avoir du mal à s'épanouir pleinement. La solution ?
ça paraît pourtant si limpide ! « Je suis en train de
m'occuper d'un projet de lieu de nuit, qui serait un complexe
Bar/Restaurant/Boîte » on est jamais mieux servi que par soi-même !...à
suivre !
Et pour son retour parmi nous, Jacques sait aujourd'hui
qu'il peut compter sur de vrais amis
tels que Jean-Claude Michel, Christina Drillien ou encore
Renée Valet. Entre relations de confiance, retraite curative dans le
Beaujolais, périple entre Miami et Marrakech, notre dieu de la nuit sait
aujourd'hui que la vie n'est pas une longue fleur tranquille.
D'ailleurs lorsqu'on lui demande ce qu'il a attiré dans la
profession de fleuriste, cet éternel provocateur répond « la
tige bien sûr ». A bon entendeur ! Esthétique, passionné de peinture et d'Art, Jacques
Haffner explore son goût de la beauté dans tout ce qui l'entoure.
A savoir : A
fleuriste hors-norme, magasin surprenant : une mine de découvertes décoratives
entourent les compositions florales. Enfin, pour les amateurs de limonade,
de quoi être dépassé par le choix des saveurs from Paris: airelle,
banane verte, pistache, bleuets, mandarine, etc..
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