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10 octobre 2005


 Dominique et Corinne Perben,  
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Dominique et Corinne Perben

 Photo © Jean-Luc Mège

 

Par Nadine Fageol

 

À Paris dès le dimanche soir, de retour à Lyon le vendredi... Comment vit un ministre des Transports qui s'attaque par ailleurs à la conquête de la mairie de Lyon ? Dominique et Corinne Perben nous ont ouvert les portes de leur appartement lyonnais.

 

Certes le ciel est bleu, n'empêche que le fond de l'air est frisquet en ce dimanche matin, et pendant que 1 480 Lyonnais posent tout nus tous crus au Confluent pour Spencer Tunick, pendant que les camarades jouent à Caliméro avec Fabius, nous on va prendre le petit-déjeuner au domicile de Monsieur le Ministre des transports, de l'équipement du tourisme et de la mer ! On les trouve mais alors pas réveillés du tout. Certes ils sont présentables, la table est dressée, mais à l'évidence le couple aurait bien donné dans la grasse matinée. Comme on est aimable, poli, itou, itou, on attaque léger, léger, le temps que Corinne retrouve le sucre. Première constatation, l'appartement de la Presqu'île - dont on ne verra que la pièce à vivre - dégage ce côté pas fini, typique du pied-à-terre. Le choix de son emplacement n'est pas innocent, à Lyon les Perben veulent pouvoir se déplacer facilement sans oublier que monsieur est un Lyonnais pur souche qui, enfant, a « joué aux billes place Carnot ».  

 

Ils ont fait tomber deux cloisons pour obtenir cette vaste pièce au vieil accent bourgeois tempéré par une fraîche couche de peinture blanche. D'un côté, face à la cheminée une réédition de la longue table de Frank Lloyd Wright avec ses savoureux fauteuils, à l'autre bout deux canapés parés d'étoffe aubergine font face à une table où ruisselle tout ce que Lyon compte en matière de presse. Au milieu, entre un micro bureau un rien design et un lit divan Empire, un tapis de facture classique. L'ensemble forme une ambiance légère où cohabitent en toute simplicité styles classique et contemporain. D'ailleurs, quand il en a l'opportunité le couple file pister les antiquaires rue Auguste Compte avant de s'offrir un dîner chez Raphaël Beringer ou au Petit Léon. Dans le canapé, une immense et classique photographie de marine flanquée d'un autographe de Gauthier attend qu'on veuille bien lui trouver sa destination finale. Ici, on comprend que la vie « perbenesque » file à un rythme plus que soutenu qui a l'air, cela dit, de réussir au ministre. Silhouette fine, l'iris bleu brillant, la crinière brune nuagée de blanc, il a belle allure, se montre posé, calme, mesuré. Trop. Corinne veille au grain, adepte de cuisine méditerranéenne, elle lui mitonne jusqu'au pique-nique du TGV !

 

C'est l'un des trois logis du couple avec Paris et la maison de Saône et Loire qui permet de réunir l'ensemble de la famille riche de trois grands enfants de chaque côté. La Bourgogne, un jardin secret, grandes balades à vélo, lecture, musique, ils aiment à s'y ressourcer quoique cet été, l'accident d'avion au Venezuela ait mobilisé le ministre qui n'a pas pris huit jours de congés d'affilée. Authentique Parisienne, Corinne œuvre en tant que vice-présidente de la Fondation pour l'enfance maltraitée. « Nous agissons pour ouvrir une unité d'accueil afin d'aider les enfants à se reconstruire ». Elle en parle doucement avec une certaine générosité et, comme la fondation ne possède pas d'antenne à Lyon, elle s'investit auprès d'un mari version 1er vice-président du Conseil général, élu du 6ème arrondissement. Leurs regards se croisent régulièrement, il y a de la complicité entre ces deux-là. Mocassins en cuir souple, pantalon côtelé, chemise blanche et ceinture griffée, peu ou pas de maquillage, Corinne affiche une franche simplicité, ose parfois un regard complice, rit de bon cœur à nos questions saugrenues sur ses adresses shoping. Sugar, Clergerie, Kélian ; elle peut un instant se sentir concernée par la coordination chaussures et sac à main, mais elle préfère « sentir ce qui se passe, écouter ce que disent les gens, essayer de rendre possible les choses ».

 

Ils sortent d'un samedi ubuesque passé au Forum des associations pour embrayer sur un mariage. Monsieur Perben qui a parfaitement compris que l'entretien n'avait rien de politique s'en tient l'air de rien au minimum syndical. Arguant que la civilisation se fait en ville, il déclare : « En tant que maire de Chalons, j'ai fait de la culture l'axe central de la ville... » Et entre un spectacle de tango et une virée au théâtre de la Croix Rousse, contre toute attente, il lâche qu'il entend opter dans ce domaine pour un adjoint « pas si triste, pas si besogneux ». Suivez son regard... Concernant son programme, il opte pour le refrain d'usage à savoir, la nécessité de renouveler le tissu économique qui s'accompagne de grandes infrastructures. Alors, on comprend mieux la présence d'une iconoclaste photographie de Sophia Lauren habillée en vierge, un souvenir d'enfance... Retour aux sources, Perben entend bien devenir Lyonnais à plein temps. Même si la mer, l'eau, les vagues, lui font cruellement défaut ; il se régénérera par la lecture et la musique, habitudes indispensables à son quotidien. Et puis il y a Corinne, solide et lucide, sa meilleure alliée dans son « engagement ».

 


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