Dominique et
Corinne Perben,
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Photo
© Jean-Luc Mège
Par Nadine Fageol
À Paris dès le dimanche
soir, de retour à Lyon le vendredi... Comment vit un ministre des Transports qui
s'attaque par ailleurs à la conquête de la mairie de Lyon ? Dominique et Corinne
Perben nous ont ouvert les portes de leur appartement lyonnais.
Certes le ciel est bleu, n'empêche que le fond de l'air est
frisquet en ce dimanche matin, et pendant que 1 480 Lyonnais posent tout nus
tous crus au Confluent pour Spencer Tunick, pendant que les camarades
jouent à Caliméro avec Fabius, nous on va prendre le petit-déjeuner au
domicile de Monsieur le Ministre des transports, de l'équipement du tourisme et
de la mer ! On les trouve mais alors pas réveillés du tout. Certes ils sont
présentables, la table est dressée, mais à l'évidence le couple aurait bien
donné dans la grasse matinée. Comme on est aimable, poli, itou, itou, on attaque
léger, léger, le temps que Corinne retrouve le sucre. Première constatation,
l'appartement de la Presqu'île - dont on ne verra que la pièce à vivre - dégage
ce côté pas fini, typique du pied-à-terre. Le choix de son emplacement n'est pas
innocent, à Lyon les Perben veulent pouvoir se déplacer facilement sans
oublier que monsieur est un Lyonnais pur souche qui, enfant, a « joué aux
billes place Carnot ».
Ils ont fait tomber deux cloisons pour obtenir cette vaste
pièce au vieil accent bourgeois tempéré par une fraîche couche de peinture
blanche. D'un côté, face à la cheminée une réédition de la longue table de
Frank Lloyd Wright avec ses savoureux fauteuils, à l'autre bout deux canapés
parés d'étoffe aubergine font face à une table où ruisselle tout ce que Lyon
compte en matière de presse. Au milieu, entre un micro bureau un rien design et
un lit divan Empire, un tapis de facture classique. L'ensemble forme une
ambiance légère où cohabitent en toute simplicité styles classique et
contemporain. D'ailleurs, quand il en a l'opportunité le couple file pister les
antiquaires rue Auguste Compte avant de s'offrir un dîner chez Raphaël
Beringer ou au Petit Léon. Dans le canapé, une immense et classique
photographie de marine flanquée d'un autographe de Gauthier attend qu'on
veuille bien lui trouver sa destination finale. Ici, on comprend que la vie « perbenesque »
file à un rythme plus que soutenu qui a l'air, cela dit, de réussir au ministre.
Silhouette fine, l'iris bleu brillant, la crinière brune nuagée de blanc, il a
belle allure, se montre posé, calme, mesuré. Trop. Corinne veille au
grain, adepte de cuisine méditerranéenne, elle lui mitonne jusqu'au pique-nique
du TGV !
C'est l'un des trois logis du couple avec Paris et la
maison de Saône et Loire qui permet de réunir l'ensemble de la famille riche de
trois grands enfants de chaque côté. La Bourgogne, un jardin secret, grandes
balades à vélo, lecture, musique, ils aiment à s'y ressourcer quoique cet été,
l'accident d'avion au Venezuela ait mobilisé le ministre qui n'a pas pris huit
jours de congés d'affilée. Authentique Parisienne, Corinne uvre en tant que
vice-présidente de la Fondation pour l'enfance maltraitée. « Nous agissons
pour ouvrir une unité d'accueil afin d'aider les enfants à se reconstruire ».
Elle en parle doucement avec une certaine générosité et, comme la fondation ne
possède pas d'antenne à Lyon, elle s'investit auprès d'un mari version 1er
vice-président du Conseil général, élu du 6ème arrondissement. Leurs
regards se croisent régulièrement, il y a de la complicité entre ces deux-là.
Mocassins en cuir souple, pantalon côtelé, chemise blanche et ceinture griffée,
peu ou pas de maquillage, Corinne affiche une franche simplicité, ose parfois un
regard complice, rit de bon cur à nos questions saugrenues sur ses adresses
shoping. Sugar, Clergerie, Kélian ; elle peut un instant se
sentir concernée par la coordination chaussures et sac à main, mais elle préfère
« sentir ce qui se passe, écouter ce que disent les gens, essayer de rendre
possible les choses ».
Ils sortent d'un samedi ubuesque passé au Forum des
associations pour embrayer sur un mariage. Monsieur Perben qui a parfaitement
compris que l'entretien n'avait rien de politique s'en tient l'air de rien au
minimum syndical. Arguant que la civilisation se fait en ville, il déclare : « En
tant que maire de Chalons, j'ai fait de la culture l'axe central de la ville... »
Et entre un spectacle de tango et une virée au théâtre de la Croix Rousse,
contre toute attente, il lâche qu'il entend opter dans ce domaine pour un
adjoint « pas si triste, pas si besogneux ». Suivez son regard...
Concernant son programme, il opte pour le refrain d'usage à savoir, la nécessité
de renouveler le tissu économique qui s'accompagne de grandes infrastructures.
Alors, on comprend mieux la présence d'une
iconoclaste photographie de Sophia Lauren habillée en vierge, un souvenir
d'enfance... Retour aux sources, Perben entend bien devenir Lyonnais à plein
temps. Même si la mer, l'eau, les vagues, lui font cruellement défaut ; il se
régénérera par la lecture et la musique, habitudes indispensables à son
quotidien. Et puis il y a Corinne, solide et lucide, sa meilleure alliée dans
son « engagement ».
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