L'Art Academy,
bientôt à la télé ?
De notre correspondant Arnaud Curt
La galerie Art Up déco a soufflé, jeudi 20 novembre, sa première bougie
lors d'un vernissage. De jeunes artistes lyonnais animaient la soirée avec
en prime time des performances picturales réalisées au milieu des invités.
Après la Star Ac, place l'Art Ac !
Le concept d' Art Up déco est né d'une idée de l'actuelle
directrice Fabienne Vieren (ci-dessus) et de Christophe Timsit
qui consistait à offrir de l'art au plus grand nombre en essayant de faire
passer une toile comme un objet de décoration plus que comme une uvre
d'art ; mais rien à voir avec les fades imitations made in Ikea : toutes
les uvres présentées sont uniques. Pour cela, ils ont adapté les
conditions de vente allouées habituellement pour ce genre de produit avec
des tarifs variant en fonction du format, une disposition identique à
celle des disques dans un mégastore permettant de manipuler les tableaux
et la possibilité d'effectuer ses achats en ligne avec une bourse
d'échange. La cible visée au départ était celle des bobos mais la
clientèle s'est très vite élargie au plus grand nombre avec des familles
qui n'hésitent pas à acquérir 4 ou 5 toiles au cours d'une seule visite.
Cependant rendre l'art accessible au plus grand nombre exige des
concessions, et c'est aux artistes de les faire ! Art up établit un
« formatage de l'art » comme la musique peut l'être en radio. La galerie
reçoit un grand nombre de candidatures mais peu sont retenues ; le premier
filtrage se fait sur curriculum vitae. La directrice avoue qu'elle
n'engagera jamais un artiste qui sort directement des Beaux Arts de peur
que ce dernier ne s'avère trop idéaliste et pas assez malléable. Les point
noirs sur fond blanc sont bannis, on privilégie les natures mortes ! On
commande aux peintres des toiles dans le même esprit que les best-sellers
de la galerie, la direction conseillant plutôt à ses artistes de
travailler avec des couleurs rouges « tendance » plutôt qu'avec du vert
peu ragoûtant pour la clientèle. Les acheteurs sont comparés a des
« mécènes d'un genre nouveau ».
Certains puristes pourront se demander si on est toujours en présence
d'art : les artistes doivent en effet faire face à un cahier des charges
très strict avec des couleurs et des formats imposés qui doivent répondre
aux attentes de la clientèle. Alors que certains s'insurgent face à des
émissions de télé qui sont de véritables usines à chanteurs soumis aux
règles du top single, il serait intéressant de comprendre pourquoi et à
quel prix de jeunes artistes se transforment en décorateurs d'intérieur ?
Les créateurs d'Art Up pourraient aller encore plus loin en
déclinant le concept avec une école (voire un château) où des peintres en
herbe seraient formés pour créer des toiles qui s' immisceraient
parfaitement dans un intérieur bobo ! Le tout sous le regard inquisiteur
d'Arte... et de Télérama.
En un an, 1 800 uvres ont été vendues dans la galerie lyonnaise et vu
l'engouement suscité lors de cette anniversaire, de nombreux lyonnais vont
se lancer dans le mécénat décoratif !
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