La
conversion de Laurent Markarian
Salopette
bleue et chemise de bûcheron, tel est le nouveau look de Laurent Markarian... L'ex-dandy de Graphiti est difficilement reconnaissable. Autrefois tiré à quatre
épingles, il a depuis peu renouvelé entièrement son dressing et
s'amuse à bon compte de l'effet produit sur ses visiteurs qu'il reçoit
dans le hangar où il passe le plus clair de son temps... Pas besoin de
rajouter la tonsure monastique, son frère l'appelle déjà l'ermite .
Rassurez-vous !
La scène décrite ci-dessus a pour décor une étroite ruelle du centre
de Bron et non pas les collines pelées abritant le
Mandaron ou toute autre secte apocalyptique ! Laurent Markarian a
simplement pris un virage à 180° dans sa vie professionnelle : le
spécialiste du prêt à porter est devenu brocanteur. Et s'il a élu
domicile en banlieue, ce n'est pas parce qu'il était devenu tricard
sur Lyon. Il a regagné le domicile familial, tout simplement.
Flash-back
sur le parcours d'un ex-flambeur... N° 2 d'une tribu de trois garçons,
Laurent n'a de cesse de se faire remarquer dès son plus jeune âge. Il
enchaîne ainsi les écoles, ne restant jamais très longtemps au même
endroit.
En fin de 3ème, il bifurque vers un BEP de
comptabilité, voie de garage obligée de tous les fils à papa. Il ne
fera pas un an ! Ses parents pensent que l'air frais de
Barcelonnette où il effectue son service militaire va finir par le
mater... Peine perdue : 180 jours d'arrêt viendront ponctuer son séjour
chez les chasseurs alpins. Le trublion sera libéré
trois mois après ses camarades de contingent ! C'est finalement
chez Graphiti qu'il trouve la
stabilité... professionnelle.
Engagé
au départ comme simple vendeur par Guy
Pinchinat et Guillaume Fouchere, il accompagne l'expansion des magasins Graphiti.
Il connaît toute la ville et toute la ville reconnaît son petit côté
too much . L'action se prolonge pendant plus d'une décennie.
Les années 80 sont celles de la flambe et de l'argent facile :
Laurent voit défiler au magasin tous les parrains de la vie lyonnaise. Côté
nuit, c'est la grande époque de l'Actuel,
du Cintra, du Salmon Shop et du 42 dont
il est l'un des piliers. C'est là qu'il se lie d'amitié avec Sylvain
Auclair, aujourd'hui patron du Millénium.
Fin
1994, Guillaume Fouchere
(ci-contre) lui propose un nouveau challenge sur la cannebière. Il
s'agit d'exporter le concept Graphiti
dans le sud. Leur entente indéfectible ne résistera pas à
l'association marseillaise. La séparation est douloureuse... Laurent
poursuit son chemin en compagnie d'une nouvelle associée, Denise
Benhamou.
Octobre
2000. Après cinq ans d'exil à Marseille, « Saint Laurent »
est de retour dans sa ville natale. L'expression n'est pas exagérée,
il est transformé. A 39 ans, le night-clubber invétéré qu'il était
déclare ne plus aimer
sortir en boîte de nuit . Et s'il a gardé une amitié indéfectible
pour Stéphane Fournier ou Isabelle
Salomon, c'est désormais au Caffé
Milano qu'il aime les retrouver. Il a retrouvé sa chambre
d'adolescent et squatte chez ses parents. Au niveau pro, pas question de
retomber dans le monde de la fringue. Son père qui possédait les
magasins Meubleco lui prête un
entrepôt et le voilà bombardé brocanteur.
L'expérience
est toute fraîche et personne, à commencer par l'intéressé, ne sait
de quelle façon elle tournera. A l'entendre parler de sa nouvelle
occupation ponçage,
cirage, rinçage... confortablement installé dans les fauteuils du
Scénario - le resto où il
entretient son embonpoint de bon vivant - on ne peut s'empêcher,
ensemble, d'éclater de rire ! De rire de lui-même et de ceux,
nombreux, qui dans les bars branchés de Lyon daubent sur sa conversion
subite !
A
suivre, Cédric
de Bréda, le gentleman brocanteur
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