Ma
maison rose
De
notre correspondante Anne-Charlotte Anav
A
la Tour rose, vous n'êtes pas dans un hôtel,
vous pénétrez dans la chaleureuse demeure de
Philippe Chavent, propriétaire des lieux
depuis 26 ans. Le restaurant s'est transformé
en hôtel restaurant, il y a 11 ans. Une nuit,
un mois, un an, amoureux ou dédaigneux, l'endroit
promet en tout cas de ne pas vous laisser indifférent.
« Classiques,
folles ou contemporaines »,
elles sont 12, décorées par Beaux Valette,
Bucol ou Vassoilles, parmi d'autres
soyeux lyonnais. Ce sont les chambres que propose
l'hôtel, toutes plus originales les unes que
les autres. Chargées d'histoire, et affectionnées
par les plus grandes stars, elles deviennent
l'objet des caprices de chaque client. Prix
moyen ? 1600 Francs. De passage à Lyon,
Jean Rochefort aime à faire visiter
La Tour Rose
à ses amis comme sa propre maison. Philippe
adore recevoir des artistes « qui
voient les détails, ne goûtent pas comme les
autres ».
Sensible
et passionné, chez Philippe on peut laisser
un tableau, une uvre jusqu'à une prochaine
visite. Chef cuisinier, bien plus qu'homme d'affaire,
il devient presque victime de son succès. Gérer
une entreprise tout en gardant l'âme de l'endroit,
les gens en redemandent mais l'organisation
suit difficilement.
Hôtel
de campagne en plein centre ville, l'atout inéluctable
de l'endroit en est la qualité gastronomique.
Clientèle à 99% lyonnaise, Philippe Chavent
a su fidéliser des habitués devenus ses amis.
« Si on aime pas les gens, on ne
peut pas cuisiner », dit-il
avec assurance.
Concert de jazz
et innovation culinaire, l'adresse est devenue
incontournable. Amoureux des rencontres et des
gens, le propriétaire a commencé chez Paul
Bocuse, étoffé ses connaissances dans ses
voyages et s'est stabilisé dans le projet d'une
vie.
Quoique,
« Je ne vis que dans les projets »
s'exclamera t-il, avide de nouvelles découvertes
et d'expatriation champêtre, il ne serait pas
impossible de le voir disparaître du jour au
lendemain, loin de cette jungle hôtelière à
laquelle il ne peut échapper. Rassurez-vous,
ce n'est pas pour tout de suite, projet d'agrandissement
de La Tour Rose
en vue. Des
américains, des français, des anglais et des
japonais, le tout rythmé par des artistes implantés
dans l'hôtel pour de longues périodes, les réservations
affichent souvent complet.
Claude Techinay, a réservé un des trois
appartements pendant une année complète, le
temps d'écrire au calme l'un de ses scénarios.
Pour ce genre de clientèle, Philippe Chavent
sait s'organiser autour de la vie d'artiste.
Pas de service entre 8h et 10h pour le petit
déjeuner par exemple. A la Tour Rose,
on se lève selon son horloge interne et on se
tartine ses tranches de pain tout seul (on n'est
jamais mieux servi que par soi même !).
Ce
que Philippe déteste par-dessus tout ?
« Recevoir quelqu'un que je n'aime
pas, c'est horrible
pour moi ».
Eh oui, car s'il aime à dire qu'il reçoit les
gens dans « sa
maison »,
le revers de la médaille est évident. Désolé,
pas de noms pour les avides de rumeurs que nous
sommes...
Bref, passons sur ce sujet houleux, 42ème
cigarette depuis le début de l'entretien. Un
peu stressé Philippe ? Pour pallier à une
sensibilité exacerbée sûrement due à sa manière
« de vivre les choses à fond »,
il se verrait bien partir faire une cure d'artichauts,
nouvelles recettes à la clé. Puis, des radis
en passant par les olives, pourquoi ne pas ouvrir
un restaurant en pleine campagne basé sur un
concept aussi nouveaux que prometteur !
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