Guillaume Pornet : du strapontin au trône
De notre correspondant Mehdi
Il se décrit comme « un produit de l'échec
scolaire » et pourtant. A 32 ans, Guillaume
Pornet occupe la place de directeur de
création au sein d'Euro RSCG Ensemble filiale
lyonnaise du groupe publicitaire international-
et incarne la jeune génération de publicitaires
formés « à l'ancienne », tiraillés entre
Ségéla et Warhol. Sur le chemin de la
réussite, il n'hésita pas autrefois à user de
strapontins pliant Lafuma pour accéder vers le
chemin des étoiles et ne veut pas oublier d'où
il vient... assez loin des paillettes et des
fron-frons.
Lorsqu' il y a trente deux ans, le jeune
bourguignon voit le jour, tout le prédestine à
une vie bien remplie. Un papa psychosociologue
et une maman infirmière vont d'ailleurs essayer
de le garder sur le sacro-saint chemin de
l'école. Mais très mauvais dans le rôle du
collégien fan du martelage scolaire, Guillaume
dévore, dès l'âge de 15 ans, Ségéla branché sur
les ondes FM alors en pleine expansion et rêve
avec son cur de rockeur.
L'âme du futur concepteur-rédacteur s'exprime
par la batterie, les mag de pub, et la lecture
de tout ce qui lui passe sous la main. Changeant
à plusieurs reprise d'école il se retrouve
pensionnaire à Oullins, où il fera ses valises
au bout de quinze jours... Son père -s'étant fait
une raison - le présente alors un ami
photographe qui deviendra un ami de 20 ans,
Claude Fezoui dont il portera les valises
durant ses réalisations vidéos et photos.
Les rencontres vont par la suite se succéder.
D'abord Alain Boulduire le fera entrer
comme stagiaire chez Capricorne qu'il dit
avoir « squatté », puis il revient vers Fezoui
qui lui présente un des ses amis, rencontre
phare de son existence. François Locquin
l'aidera en effet à créer sa propre boîte à 18
ans : un studio de création nommé Normajean
qui fermera au bout d'un an pour impayés... Malgré
la naissance d'un talent de création certain,
Guillaume apprendra que la créa ne s'improvise
pas.
A 19 ans, Guillaume Pornet quitte le domicile
familial et intègre Promotional trouvant
dés lors la révélation : la création arme
impitoyable du commercial. C'est Georges
Chapuy, à la tête du top of mind Jump,
qui va lui donner sa chance : l'anecdote raconte
qu'alors le très arrogant Chapuy lui fait
miroiter tout juste un strapontin qui tarde à se
libérer. Guillaume débarquera dans le bureau
ennemi avec un pliable Lafuma acheté chez
Caribou. 48h plus tard c'est d'un fauteuil
de concepteur-rédacteur qui s'offre à lui.
Par la suite tout roulera pour le très créatif
jeune premier de la classe (enfin). De 20 à 22
ans c'est l'aventure Jump. Par la suite
il quitte son mentor pour la Cogep,
entreprise en perdition. Les six premiers mois
ne se passent pas très bien, mais à la suite
d'un appel d'offre pour ECO Travail
Temporaire - pour lequel il coiffe au poteau
toutes les majors - la sauce prend. L'aventure
durera 4 ans et Guillaume se sent tellement bien
qu'il décide de partir pour ne pas « y rester 15
ans ». C'est au tour de DDB de l'engager autour
du dinosaure Daclin mais ce seront cette fois-ci
quatre années difficiles.
A trente ans, dernier changement en date, mais
celui-ci d'importance. Frédéric Bessard
directeur d'Euro RSCG Ensemble lui propose un
poste de directeur de création. En charge d'une
armée de concepteurs et de directeur
artistiques, il est devenu un très jeune coach
de la profession, bien qu'il se trouve lui même
déjà vieux... On croit rêver, pardon créer !
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