Renault Trucks rompt avec un mythe
De notre correspondant Mehdi
Imaginez-vous un instant dans un monde qui ne tournerait pas rond. Les
hommes issus des roses joueraient durant leur enfance à Barbie, rêvant de
la venue d'une princesse charmante et du jour de leur mariage. Quant aux
femmes, issues des choux, elles joueraient aux pompiers enfants et
fabriqueraient des camions adultes. Impossible ? Peut-être pas si l'on
considère que selon l'âge les garçons s'amusent quelques fois aux poupées
et les filles aux incendiaires : c'est le cas d'Anne-Marie Baezner
nouvelle directrice de la communication de Renault Trucks...
Première femme à
rejoindre le comité de direction d'une de filières de AB Volvo,
Anne-Marie Baezner rompt avec un certain nombre de préjugés liés à
l'univers des 38 tonnes. En charge depuis le 1er avril 2003 de
la communication de Renault Trucks - succédant à Xavier Tassin
- , elle se décrit à 45 ans comme « une femme assez naturelle qui
devait avoir la communication dans les gênes ». Secrétaire exécutive
du PDG de Renault Trucks - poste qu'elle a conservé auprès de
Stephano Chmielewski - Anne-Marie a su au terme de 20 années glisser
des finances pures et dures au poste convoité des relations publiques.
Le curriculum vitae
de cette mère de deux enfants n'a rien a envier à ceux d'autres cadres
dirigeants : Diplômée de l'IEP Paris (Science Po), elle est en outre
titulaire d'une maîtrise de droit des affaires et du diplôme d'Etude
Comptable Supérieures. Elle intègre Renault Trucks en 1983 à la
direction de la comptabilité après avoir passé trois années au sein
d'Arthur Andersen puis gravit les échelons : Responsable de Budget elle
est promue Directrice du Contrôle de Gestion du groupe.
En 2001 Philippe
Meyer, directeur général, lui propose le poste de secrétaire exécutive.
Elle est alors en charge des « dossiers sensibles » : de la création d'un
système de pilotage de management pour la filiale à la communication du
président. Si le saut de la compta à la com' peut sembler ardu, Anne-Marie
assure que tout au long de son cursus « finances » elle n'a cessé - lors
des réunions entre analystes financiers et banquiers par exemple « de
réinventer une finance vivante. ».
Anne-Marie réalise
donc un rêve : « dans ma vision des choses, ce travail demande d'être
réactive face aux évènements, tels que le championnat pour l'OL, et
pro-active en anticipant les évènements à venir. C'est un domaine où je
me sens très à l'aise :dans la finance j'exploitais déjà ces capacités. »
. En outre la nouvelle directrice est ravie de son accession à des sphères
réservées jusqu'à présent aux hommes : « Si l'entreprise est très
masculine, elle garde un très bon comportement général avec les femmes. ».
Coté « jardin secret
», née en Tunisie et d'origine italienne, mariée en outre avec un Suisse,
Anne-Marie Baezner est une femme tournée vers l'international. Fan de ski,
ses hivers se passent dans le village de Méribel. Amatrice de voyages,
elle a posé ses bagages aux quatre coins du monde. L'authenticité et le
goût pour le soleil semblent ses deux leitmotivs. Elle se réjouit lorsque
des filiales sont montées en Algérie ou au Maroc malgré les
évènements : « c'est un goût pour le mélange et l'ouverture » .
Finalement la fin
d'un mythe ce n'est pas si mal : une jeune femme brillante et ouverte à la
tête du service de communication d'un groupe vendant des gros cubes à
travers le monde - soit près de 65 000 fois plusieurs dizaines de tonnes
de ferrailles - aurait pu prêter à sourire. Si maintenant les « camionneuses »
ne ressemblent plus à nos préjugés de naguère, nous risquons d'avoir l'air
niais... ah, pauvres hommes !
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