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19 février 2007


 
8 heures chrono derrière Clint

 

 Photos © Marco et Fabrice Schiff

 

 Par Marc Polisson

 

Un monstre sacré du cinéma dans la ville des frères Lumière, ça n'arrive pas tous les jours ! Sagement, nous adressons une demande d'accréditation à l'Institut Lumière qui nous sert un mauvais mensonge pour nous la refuser. Nous décidons donc de nous passer de leur bénédiction pour partir en chasse.
 

 


Samedi 17 février 2007. Le vol de Clint est attendu vers 16h. A client d'exception, moyens exceptionnels. Après avoir longtemps tergiversé entre St Ex et Bron, les organisateurs de son déplacement optent pour l'ex Satolas. Mes pilotes privés Nico et Jean-Phi étant en mission à Courchevel, je fais appel à Laurent , créateur de Chrono Moto. Depuis plus de deux ans, ce service de moto taxi convoie le gratin sur sa BMW K 1200 GT: des cadres, des chefs d'entreprise, des animateurs télé (dernier en date Jean-Luc Delarue). Mais c'est la première fois que Laurent prend en charge un paparazzi. Rendez-vous est pris devant l'Institut Lumière où même à l'extérieur ça sent déjà le stress et la transpiration. De l'air !
 

 


Rien à dire, c'est rapide. Quinze minutes plus tard, nous sommes en vue de St Ex où nous nous mettons en chasse de l'avion de la star. Nos contacts dans l'aéroport ont été efficaces. En dix minutes, nous avons localisé l'impressionnant dispositif mis en place. Gendarmes, grades du corps, chauffeurs costarisés... tout ce petit monde stationne sur le parking de la DGAC, situé après les parcs relais des loueurs. Des limousines noires étoilées en veux-tu, en voilà. On se croirait dans le show-room Mercedes de la rue Marietton. Impossible de s'approcher à plus de cent mètres, en rase campagne, nous sommes aisément repérables. J'envoie alors mon assistante Lilou en reconnaissance. Avec son béret rouge et sa bouille d'innocente, elle parvient à garer sa Clio à 10 mètres des lascars. Après une heure de patience, le jet privé de Clint est enfin en vue.
 

 


Le petit appareil vient poser ses fesses sous la tour de contrôle. Branle-bas de combat des pandores et autres security men. Mon téléobjectif crépite. Les talkies-walkies grésillent. Explosion de cérumen dans les oreillettes. Quelques mètres à pied et Clint est embarqué. « Il a pris place dans la première limousine vitres teintées avec sa femme. » Une fois de plus Lilou a fait mouche : « Son fils et sa fille sont dans la classe R, en numéro 3 ». Sa mission s'arrête là alors que notre filature démarre. Confortablement calé à l'arrière de la BMW, je mitraille alors que mon pilote remonte la file des véhicules.
 

 

Les GI's en civil n'ont pas l'air d'apprécier notre pacifique escorte. Par la fenêtre de la Mercos numéro 2, un garde du corps me signifie par un signe très explicite de la main qu'une bonne fessée m'attend à l'arrivée... Imperturbable, Laurent poursuit sa route en prenant bien soin de ne pas gêner les chauffeurs. Pas question de réitérer le coup du tunnel de l'Alma. Le convoi quitte le périphérique, traverse le Rhône et s'engage dans Lyon par la cité internationale. Clin d'œil aux cinéphiles, je shoote la limo de l'inspecteur Harry devant Interpol.
 

 


Quais de Serbie, Presqu'île, remontée de la rue de la Ré jusqu'à l'Hôtel de Ville... apparemment notre hôte fait un peu de tourisme. Passage sous le bureau de Gégé (qui n'est pas au balcon) puis bifurcation place des Terreaux pour rejoindre la Saône puis Saint Paul où le convoi fait sensation dans les ruelles étroites remplies de touristes.
 

 


Arrivée à la Cour des Loges, je finis à pieds et arrive en courant jusqu'à l'entrée. Deux molosses m'interceptent : « No picture ! No picture ! » Sous mon casque, je serre les fesses : « Don't fuck me ! I'm in the street ! » et force leur barrage, le temps d'apercevoir le visage de Clint sévèrement buriné s'engager dans la coursive. Les limousines s'éclipsent pour laisser place à deux vans noirs d'où les chasseurs déchargent des montagnes de bagages. Selon nos estimations, la production a réservé une douzaine de chambres dans le palace dirigé par Georges Eric Thishker. Alors que son fils flâne dans le Vieux Lyon, Clint se repose tranquillement dans sa suite.
 

 


Plus de deux heures se sont écoulées quand il remonte dans sa limo. La petite foule massée devant l'hôtel l'acclame. Clint, son épouse et sa fille (en fourrure) prennent le temps de saluer leurs admirateurs qu'il gratifie d'un mortel sourire. C'est vraiment « la classe faite homme » comme l'a écrit David S.Tran dans Le Progrès du jour. Direction la rue du premier film où plusieurs centaines de personnes ont fait le pied de grue tout l'après-midi pour apercevoir le réalisateur de « La Route de Madison », chère à Ghislaine M.
 

 


Arrivée au château Lumière : Thierry Fremaux lui a concocté un programme complet : visite du musée, remise de médaille by Patrice Beghain, projection de « Lettres d'Iwo Jima », dîner préparé par Vincent Carteron (Le Passage), dévoilement de plaques... Cette dernière cérémonie donne lieu à une jolie bousculade. Il ne manquait pas grand-chose pour que cela finisse en bagarre générale dans le style western spaghetti cher au jeune Clint Eastwood. C'est la foire d'empoigne entre les photographes et le service d'ordre (voir vidéo-gag). C'est pourtant un classique du genre. Plus la star est immense, plus son entourage en fait des tonnes.
 

 


Pas simple de travailler dans ces conditions si l'on en juge par les visages stressés de mes confrères Laurent Cerino (20 Minutes), sec comme un jambon ; Fred Dufour (AFP) fermé comme une huitre ; Mario au bout du rouleau ; Stéphane Janin triste comme un jour sans pain (il finira par arracher un autographe) ; Thomas (Lyon Mag) en rase Campagne et Fabrice Schiff (Lyon People) déchaîné. Finalement pas fâché d'avoir échappé à la corvée officielle, le Marco ! Il est 23h30 quand les limousines franchissent les lourdes grilles du château. Clint qui devait rester une heure aura finalement passé plus de trois heures chez les Lumière. Bravo, Monsieur Fremaux !
 


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A suivre, Les 1000 de Dominique Perben
 

Clint Eastwood

 



 

 

 

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