La soirée électorale du second tour consacrant
Nicolas Sarkozy a été chaude. Chaude sur le pont du Q Boat comme dans les
rues de la capitale des Gaules. Le 3ème tour social et
banlieusard que Ségolène « redoutait » a bel et bien eu lieu. Mais à qui
profite-t-il ?
Avant de remporter celle des urnes, il avait déjà gagné la bataille du net
et des SMS. Les opérateurs de téléphonie mobile se sont frotté les mains.
Parmi les plus souvent reçus, la pizza et la couscoussière : « Votez
dimanche pour que royal reste à jamais le nom d'une pizza... et d'un
couscous ».
Dimanche soir, l'humour était encore du côté des supporters de Sarko : « Recherche
fonctionnaire pour raccompagner Ségolène ce soir. » pouvait-on lire
sur nos téléphones portables. La victoire sans appel du candidat UMP a été
fêtée au Q Boat devant lequel une longue file d'attente s'est
formée dès 19h. Prises de malaise, de jeunes militantes ont du être
évacuées.
L'ex Fish, pris à l'abordage par un millier de jeunes sarkozystes
n'avait rien d'un boat people. Toute la jeunesse dorée lyonnaise s'y était
donné rendez-vous. La même qui fréquente habituellement les lieux ainsi
que des piliers de la nuit lyonnaise comme Stéphane (Le Singe en
hiver) ou Norbert Atlan.
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Nul besoin d'attendre 20h pour déboucher les magnums de champagne et
autres bouteilles de rosé. Depuis 18h, tous les internautes connaissent le
résultat du scrutin grâce à nos confrères belges et suisses. Ce qui gâche
un peu le suspense, il faut l'avouer. Dès lors, l'apparition du visage de
Nicolas Sarkozy en winner sur les écrans à 20h précises
(législation oblige) est plus une confirmation qu'une révélation. Cela
n'empêche pas ses jeunes supporters de laisser éclater leur joie.
Et d'arroser la victoire comme il se doit en compagnie des ténors du
parti, les députés Emmanuel Hamelin et Jean-Michel Dubernard.
Michel Havard ne cache pas sa joie et concède - à mot couvert -
qu'il sera bien candidat dans la 1ère circonscription face à
l'UDF Anne-Marie Comparini, coupable de ne pas avoir appelé à voter
pour le petit Nicolas.
La fête bat son plein jusqu'à 21 h quand débarquent plusieurs centaines de
personnes en provenance du Ninkasi où était prévue la fête
socialiste. Les déçus de Ségo qui ont rendez-vous dans le
centre-ville prennent soin de passer par le pont Wilson, enjambant le Q
Boat.
De par et d'autre, on s'invective. Jets de pierre sur la discothèque,
course poursuite sur les quais, bagarres... un militant UMP est jeté dans le
Rhône. Il regagnera la berge à la nage. Cinq minutes de pure violence
immédiatement réprimées par la Gendarmerie mobile qui prend position sur
le pont.
Repoussés par le service d'ordre, les gauchistes défilent dans la
presqu'île jusqu'aux Terreaux puis sur la rive droite de la Saône avant de
se regrouper place Bellecour. Suivis de près par les pandores copieusement
insultés. Ce qui n'empêche pas quelques petits groupes de s'attaquer aux
devantures des magasins en particulier rue de la République et rue Edouard
Herriot (Lyon 2ème).
Au plus fort de la manifestation vers 23 h, la manifestation compte
environ un millier de participants, très jeunes et peu organisés. Baba
cool, anarchistes, militants d'extrême gauche et jeunes d'origine
maghrébine rivalisent de provocations à l'encontre des forces de l'ordre
qui bloquent la rue de la Barre.
Equipés de gilets pare-balles, de casques et de boucliers, les policiers
de la BAC font usage de leur flash ball et ciblent les meneurs. Du tir de
précision comme au stand. En face, on se protège comme on peut. Le
mobilier de Pizza Pino et de Mac Do sont réquisitionnés pour
former un barrage de fortune.
Pour ceux qui voulaient entrer en bus, laisse tomber ! Dès 21h45 les
lignes de surface desservant la presqu'île ont été progressivement
limitées. A 23h, au plus fort des
violences, la station de métro de Bellecour a été fermée. Xavier de
Furst, préfet délégué à la sécurité, s'est déplacé en personne pour
bétonner son dispositif.
Le quartier est envahi de gaz lacrymogènes, très dissuasifs pour les
mainfestants comme pour la presse. Notre ami Jean-Philippe Baille
(RTL) pleure à chaudes larmes. Chargés à maintes reprises, les
manifestants - au demeurant peu aguerris - se dispersent. Le phénomène se
termine vers 2h00 après une dernière intervention des CRS dans le
centre-ville.
Le bilan de cette soirée spectaculaire n'est cependant pas dramatique : 10
fonctionnaires de police et 3 manifestants ont été légèrement blessés et
34 personnes interpellées. A quoi il faut rajouter 52 voitures détruites
par le feu dans le département dont 14 par propagation : 50 en zone de
police et 2 en zone de gendarmerie.
Si dans un communiqué laconique la Préfecture évoque sept vitrines
cassées, pour notre part nous avons comptabilisé une vingtaine de
devantures vandalisées dont celles de Diesel, Cresus, Mexx, Mac Do,
Moreteau, Vins Nicolas, OL Café...
Lundi matin, la seule animation de la rue Édouard Herriot était assurée
par les services de nettoyage et par les miroitiers qui, en une matinée,
auront réalisé leur CA du mois. La relance éco façon Sarko a déjà démarré...
Les violences se sont poursuivies depuis tous les soirs. Mardi soir, ils
étaient encore 200 regroupés rue de la République à défier les forces de
l'ordre et à casser des vitrines...
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