Pour éliminer Ségolène,
Sarkozy peut compter sur elle !
Photos © Marco
Par Anne-Sophie Secondi
Le professeur Thierry Philip et
son équipe, mais aussi une foule de journalistes et personnalités dont un
Gérard Colomb fatigué, un Jean-Jacques Queyranne joyeux, un
Jean-Paul Bret guilleret... ont accompagné la candidate socialiste
Ségolène Royal, pour son deuxième lifting, pardon, passage à Lyon !
Centre Louis Bérard, mercredi 4 avril.
« Pour sûr, c'est bien une femme ! Un tel retard est presque indécent ! »
C'est donc au beau milieu des chercheurs, infirmières, curieux, militants,
reporters... que les bruits de couloirs tantôt fantasmatiques, tantôt
critiques abondent...! Enfin... elle arrive ! Une meute de caméras et
d'objectifs se jette sur elle, et moi, je ne la quitte plus ! 4 minutes
trente en apnée au milieu d'une foule de journalistes déchaînés ! Venue
découvrir les moyens mis en uvre pour accompagner les patients, notamment
atteints du cancer, sa visite débute au service radiologie. Dans le hall,
le service de presse fait le tri parmi la cinquantaine de médias présents.
Inutile de préciser que notre candidature n'est pas retenue. Pas de badge,
impossible de la suivre dans les couloirs. Je recueille les premières
impressions... Les femmes sont mauvaises langues ? Affirmatif ! « Des
chaussures mal cirées. Une voix rauque. Elle a de très beaux yeux mais
n'est pas très propre en tous cas...! » me raconte une grande dame sous
couvert d'anonymat. Et oui, ça fait mal ! Quelques rires, un (délicieux)
café au Relais H et voilà la Royal déjà repartie pour l'hôpital
Edouard Herriot.
Après avoir rendu visite à Jean-Louis
Touraine (un beau coup de pub pour sa candidature aux législatives)
dans son service d'immunologie puis rencontré Alain Mérieux, Ségo
poursuit avec une conférence sur le thème Hôpitaux et Santé dans
l'enceinte de l'Ecole d'infirmières Rockefeller. Et encore une heure
d'attente... dans la même barque, Claude Evin, Pierre-Alain Muet,
Elizabeth Queyranne, Thierry Braillard, mécontent de ne
pouvoir être placé au premier rang, sa future directrice de campagne
Sandrine Frih... Mais également Jean-Richard, 33 ans, militant
plus que convaincu, qui, entre nous, a bien failli nous faire étouffer de
rires ! L'esprit plein de clichés et de compréhension... pour Madame
Royal enfin décidée à faire honneur à l'assistance ! Je reprends mon
souffle, tourne la tête, et aperçois la candidate sortir de son monospace
en se couvrant pudiquement les jambes avec une doudoune... Peur que l'on
aperçoit sa petite culotte ? « Elle est ridicule ! » lance
Aurélie. Pourtant, chacun sait ici qu'elle compte dessus pour
obtenir des voix. Passons... Etonnée de voir une majorité de journalistes et
peu de militants, j'entame un petit tour de salle pour prendre la
température (et oui, vingt minutes pour passer de sa voiture au devant de
la scène...). C'est assez impressionnant, mis à part les organisateurs, les
80 personnes présentes ici aujourd'hui sont venues écouter... sa voix !
« C'est certainement la seule chose qu'elle ne s'est pas fait refaire !»
s'exclame Jean-Richard, tout d'un coup animé d'une vision lucide.
Spécialiste en « ventriloquojie », le journaliste Manuel Da Fonseca
est plus rationnel : « Le problème vient du fait qu'elle parle avec sa
tête et non avec son ventre ». Constatation mûrement réfléchie
manifestement...
Accueillie par le
maire du 8ème Christian Coulon (photo), elle pénètre
enfin dans la salle. Frétillante... La dite « Maman » de la France, toujours
très directive, se prendrait-elle en plus pour une star ? « Laissez les
photographes faire leur uvre 5 minutes... je ne peux pas voir vos visages... ».
No comment ! Bienvenue dans le monde merveilleux de la Ségosphère !
« Réduire les inégalités financières, garantir l'accès aux soins et à
la prévention quel que soit le revenu, créer de l'emploi, reconstruire ce
qui a été détruit ces dernières années... » Cours magistral devant des
infirmières attentives mais aux applaudissements faiblards... Les petites
infirmières indécises du début préfèrent encore voter Bayrou !
« Non, je ne voterai pas pour elle finalement. Elle n'est pas
convaincante, je suis déçue. Aucun punch, elle donne ses idées comme si
elle lisait un livre. Elle n'a pas d'idées concrètes. Pas de convictions.
Elle dit tout et rien. Et rien qui nous intéresse » avouera Aurélie.
Encore indécise avant son discours, Stéphanie ajoutera : « Moi
non plus ! Elle est présentable, mais elle nous a fait attendre et
n'écoute pas les autres ». Même Gégé, pour motif « fatigue », a
réussi à s'évader en douce... A peine donne-t-elle le mot de la fin que la
petite assemblée s'éclipse sans poser de questions. Sujet grave ou
candidate hors-jeu ? L'on comprend mieux les raisons pour lesquelles
Nicolas Sarkozy ne s'inquiète pas au premier tour... Pour éliminer
Ségolène, il peut entièrement compter sur elle !
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