Brocart,
velours, rubans, dentelles, robe à panier ;
justaucorps, gilets, culottes courtes ; bas
de soies ; perruque à la Fontange ou aux
ailes de pigeon ; polichinelle, arlequin,
colombine : Réveillez-vous ! Voici
plusieurs semaines que quelques privilégiés,
à travers l'univers, ont reçu une lettre,
frappée aux Armes des souverains napolitains.
Et il est grand temps de se préparer !
Ce
dernier bal masqué lyonnais, donné par la même
famille lyonnaise depuis plus de sept cents ans,
aura pour thème Naples en 1722 : réception
dans les salons royaux puis mascarades à la
taverne de Pepe le pêcheur de Corail. Même si
je ne puis vous dévoiler le mystérieux lieu
qui accueillera, encore cette année, ces
festivités, sachez qu'il a toutes les qualités,
la place et la beauté nécessaires pour
accueillir le Palais et la taverne.
Mais
Edith Ferry, votre reporter de choc, a souhaité
vous dévoiler quelques pans de cette prochaine
soirée avant de vous faire découvrir (en catimini, le mois prochain) les visages connus
sous les masques italiens.
Pourquoi,
cette année, le thème du bal est-il Naples ?
Naples
est une des rares villes où châteaux et
palais grandioses alternent avec des ruelles
populaires. Naples n'est pas seulement une
ville où le passé a laissé d'étonnants
vestiges, il s'agit d'un lieu, où la rue
est un véritable théâtre du quotidien. Pour
un bal costumé, il s'agit d'un choix de rêve.
Mais quel costume choisir ? Peuple ou Cour.
A parier, qu'il y aura plus de reines et
autres duchesses que de pêcheurs d'éponge !
Mais
au fait, comment s'habillait-on en 1722 à
Napoli ?
A
la manière de Paris, tant la mode française était
prisée. Et cette période est celle de la joie
de vivre et d'un changement de style de vie,
après les tristes dernières années du règne
de Louis XIV. Oublier le cérémonial, vive la
frivolité !
Le
costume masculin s'étrécit, le justaucorps
n'est presque plus boutonné, le col de la
chemise, la fente du gilet et les extrémités
des manches sont ornées de dentelle. Les
chaussures deviennent plus fines, mais n'ont
pas encore les boucles. Par contre, les talons
se portent toujours peints en rouge afin que, même
de dos, tout le monde sache, du premier coup
d'il, que vous n'êtes pas le dernier des
ploucs !
Le
volume des perruques diminue, leurs couleurs
deviennent moins agressives. De rouge qu'elles
étaient, elles deviennent blanches et poudrées.
Mais, ne croyez pas que la mode des perruques étaient
le seul souci des « dandys ». Non !
Car en 1725, les évêques demandèrent très
humblement au saint Père s'ils pouvaient lire
la messe en perruque... C'était beaucoup plus
chic !
Quant
au chapeau, pour ne pas déranger l'agencement
des boucles blanches poudrées, il en profita
pour se transformer. Clic-clac : deux
pointes à chaque extrémité et: il devint
chapeau claque afin de se ranger dans la poche.
Et
nous, les femmes ?
Et
bien, notre silhouette se transforma. Pour le
plus grand plaisir de nos chevaliers servants,
notre décolleté devint beaucoup plus important
que du temps de Louis XIV ; la taille fut
affinée, car légèrement lacée sur le devant
et les dimensions des jupes à cerceaux encore
portables, car pas encore trop grandes.
Les
jupes étaient tendues sur des fanons de
baleine. Mais ils étaient tellement demandés,
que la Hollande créa, en 1722, une compagnie de
baleiniers, constituée de milliers de marins,
afin de pouvoir répondre à la demande
croissante de ces fanons nécessaires à la
production de jupes à baleines appelés
paniers.
Quant
à la perruque, elle s'assagit et devint
blanche et poudrée avant de connaître les
vertigineuses et extravagantes hauteurs de la
fin du siècle. Des fleurs, des rubans ou des
dentelles l'agrémentaient.
Et
la cuisine napolitaine en 1722 ?
Au
fait, à votre avis, les spaghettis sont-ils
chinois ou napolitains ? Certainement
napolitain, car n'est ce pas à la cour de
Ferdinand II de Naples que Gennaro Spadacini
inventa expressément, pour les spaghettis, la
fourchette à quatre dents ?
Et
la pizza ?
Nul
ne sait si elle y est née, mais il est certain
que la pizza y a grandi et que c'est de Napoli
qu'elle est partie à la conquête du monde.
La célèbre Margarita, aux couleurs de l'Italie
(tomates, mozzarella et basilic) fut créée par
les Napolitains en l'honneur de la reine
Marguerite de Savoie. D'ailleurs, une vraie
Margarita ne peut être faite qu'avec de la mozzarella
de lait de bufflonne (autre spécialité
de la région de Naples) et cuite au feu de
bois...
Alors...
Dans
tous les cas, à minuit sonnant, le bal sera
ouvert par la Princesse de Bourbon Naples et le
Duc de Bénévent... Les vrais ! Mais
comment seront-ils costumés ? Va savoir...
Promis,
je vous le raconterai...
Pour
visionner les photos du bal masqué de l'an de
grâce 2001,
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ici