Messe princière à Saint Bonaventure
Près de 200 personnes ont assisté à la
messe pour Louis XVI dans l'enceinte
du sanctuaire Saint Bonaventure.
Présidée par l'abbé Eric Pepino, la
cérémonie a rassemblé de nombreux
représentants de l'aristocratie
lyonnaise soucieux de leur devoir de
mémoire envers le roi martyr. La
cérémonie était présidée par SAR le
Prince Rémy de Bourbon-Parme.
Si certains royalistes orléanistes, à
l'instar d'Alexandre Boritch
avaient choisi de rallier Paris pour
assister à la cérémonie de St Germain
l'Auxerrois, paroisse des rois de
France, en présence du prince Jean
et du prince Sixte-Henry de
Bourbon-Parme, de nombreux
Lyonnais ont préféré rester fidèles au
rendez-vous donné chaque année par
l'association « Présence et Souvenir
Bourbonien » présidée par Loïc
Bernard de Thugny. Parmi eux, les
légitimistes de l'Institut de la
Maison de Bourbon et des représentants
de « Lyon 93 » emmenés par Yves
Bruyas. L'association des Amis de
la Reine avait quant à elle fait
livrer une somptueuse gerbe de lys
blancs.
Yves Bruyas (Lyon 93), SAR le
Prince Rémy de Bourbon-Parme
et Loïc Bernard de Thugny, président
de Présence
et Souvenir Bourbonien
Accueilli par le père Roger
Philibert, recteur de Saint
Bonaventure, le prince Rémy de
Bourbon-Parme était en terrain
connu. Ce n'est en effet pas la
première fois que le cousin de
Sixte-Henry représente à Lyon le
prince Louis de Bourbon, chef de
la Maison de France pour les
royalistes légitimistes. Si la famille
Bourbon-Parme est divisée quant au
choix du prétendant au trône, chacun
sait taire ces querelles dynastiques,
une fois l'an, lors des cérémonies en
mémoire de leur aïeul.
A l'issue de la cérémonie, une
cinquantaine de convives - dont
Ancelyse Roux de Bézieux et la
vicomtesse Suzanne Roy de Lachaise
- ont gagné l'hôtel Saxe-Lafayette
pour le traditionnel banquet du PSB.
Pour ce qui est des nourritures
spirituelles, vous trouverez
ci-dessous le texte de l'homélie
prononcée par l'abbé Pepino.
L'homélie de l'Abbé Eric Pepino
« Monseigneur,
Chers frères et surs,
Prier pour la France : la démarche
peut paraître anachronique car rares
sont aujourd'hui les églises où l'on
ose élever une prière pour notre
patrie. Or la tradition biblique nous
montre, à maintes reprises, les fils
d'Israël se tourner vers le Dieu des
pères et des patriarches pour que leur
terre soit bénie et fécondée par
l'action divine. En ce sens, la prière
d'Israël est un modèle pour nous de
supplication dans les épreuves,
d'action de grâce et de remerciement
dans le bonheur.
Notre rassemblement annuel, s'il est
un acte de mémoire à l'égard du roi
martyr Louis XVI, est d'abord
un acte d'expérience et de foi en Dieu
qui souligne l'histoire des hommes et
des peuples et la conduit vers son
achèvement. Notre prière pour la
France est tout à la fois évocation
d'un passé qui donne à notre pays ses
racines et projection dans l'avenir
pour que la France demeure ce qu'elle
a toujours été.
De l'épopée de Clovis avec son
baptême à Reims en passant par la
montée sur le trône d'Hugues Capet
jusqu'à l'alliance si belle et si
puissante entre une famille, les
Bourbon, et un peuple, les
Français, nous sommes les dépositaires
d'une histoire pluri séculaire.
Celle-ci a certes ses zones d'ombre et
de pêchés et tous nos rois ne furent
pas des saints. Cependant, il y a un
principe de fidélité que l'on retrouve
de génération en génération : la
fidélité à la foi. C'est précisément
ce que les révolutionnaires voulurent
détruire en tuant le roi lors de ce
sinistre 21 janvier 1793. Par-delà la
personne du monarque, c'est le
principe qui était visé. La France
devait avoir de nouvelles fondations
que l'on allait trouver en dehors du
terrain chrétien.
Nous connaissons la suite et les
terribles répressions anti-chrétiennes
qui d'abattirent sur notre pays, en
particulier en Vendée. Tout cela n'est
pas mort. Les débats actuels sur
l'identité de la France, la
constitution européenne, l'adhésion de
la Turquie nous renvoient à cette
question fondamentale de l'âme de la
France. Car chaque pays à une âme,
c'est-à-dire une identité forgée au
long des siècles qui lui donne son
tempérament. Le Saint Père
Jean-Paul II a là aussi montré
l'exemple : combien de fois n'a-t-il ,
lors de ses différents voyages, appelé
les peuples à rénover avec leur
culture, leurs traditions, en un mot à
retrouver leur âme. Ce qu'a
courageusement redit son Eminence le
cardinal Lustiger à Notre Dame
de Paris, le 26 Août 2004 lors du 60ème
anniversaire de la libération de
Paris. Permettez-moi ici de citer les
paroles du Cardinal, qui faut-il le
préciser furent prononcées devant le
plus intransigeant des opposants aux
racines chrétiennes de l'Europe, je
veux parler de Monsieur Chirac.
Le Cardinal pose d'abord une
question : « Quel idéal avons-nous
donc à défendre qui exprime l'identité
de la France ? » Puis vient la
réponse, elle est double : évocation
d'un passé : « Notre trésor de
civilisation a été élaboré par des
millénaires passés. C'est un art de
vivre digne de l'humanité de l'homme.
Un art de vivre né de la confrontation
et de l'union de la sagesse d'Athènes,
du droit de Rome, de la révélation
biblique, des saintes et des saints,
disciples du Christ, qui au cours des
siècles ont enseigné par leurs paroles
et l'exemple de leur vie ce que veut
dire aimer non seulement ses amis,
amis aussi ses ennemis, ce que révèle
aux puissants la condition du plus
faible, ce qu'impose au plus riche la
dignité des pauvres. »
La source où l'âme de la France est
née, c'est l'Evangile vécue au
quotidien. Tous nos rois avaient ce
souci du pauvre et du faible malgré ce
qu'on enseigne actuellement dans les
écoles. Le Développement spectaculaire
des hospices, des pensionnats, des
orphelinats, des universités, ne fut
possible et effectif qu'avec l'aide et
l'appui des souverains. Il faudrait
ici retracer, par exemple, les liens
de Saint Vincent de Paul avec la cour
de Louis XIV. Puis le cardinal
poursuit en évoquant la réconciliation
nationale au lendemain des drames qui
frappèrent si souvent notre pays,
particulièrement à la suite des deux
guerres mondiales. Cette
réconciliation trouva son sommet lors
du célèbre Magnificat à Notre Dame le
26 août 1944. La, la France reprenant
le chant de louange de la Vierge
Marie, laissait entrevoir le secret de
son âme. Charité et pardon, tels sont
donc les deux piliers qui soutiennent
l'âme française. Et, plus largement
l'âme européenne.
Monseigneur, l'année 2004 fut pour
votre famille un temps de grâce. En
béatifiant votre oncle, l'Empereur
Charles d'Autriche, le Saint Père
a voulu démontrer, à une Europe
technocratique et vidée de sa
substance, ce qu'est la vraie grandeur
d'un dirigeant politique, d'un chef.
Pendant l'épreuve de la guerre
mondiale, l'empereur Charles plaça le
devoir sacré d'un monarque - à savoir
l'engagement pour la paix - au centre
de ses préoccupations. De tous les
responsables politiques, il fut le
seul à soutenir les efforts de
Benoît XV en faveur de la paix.
Cette paix pour laquelle votre
famille, les Bourbon Parme, allait se
dépenser sans compter.
Et le secret de cette vie, aujourd'hui
proposée par l'église à tous les
baptisés, nous le trouvons dans ces
ultimes paroles que l'Empereur
prononça le 1er Avril 1922,
jour de sa mort : « Je m'engage
toujours, en toutes choses, à
connaître le plus clairement possible
la volonté de Dieu et à la respecter,
et cela de la manière la plus parfaite ».
Comme l'affirmait Jean Paul II dans
son homélie de béatification : « qu'il
soit un exemple pour nous tous, en
particulier pour ceux qui ont
aujourd'hui une responsabilité
politique en Europe ! »
L'exemple du bienheureux Charles de
Habsbourg nous renvoie à nouveau à
l'âme des peuples et à leur destin. Et
la prière de ce jour ne sera jamais
facultative. Car il ne peut y avoir
d'âme en dehors d'une espérance
spirituelle et d'une reconnaissance
des droits de Dieu dont la plus grande
manifestation publique est la
célébration du Saint Sacrifice de la
Messe. En cette année de
l'Eucharistie, notre messe annuelle
pour Louis XVI et la France devient un
acte prophétique qui tout en défendant
notre patrie terrestre et charnelle
nous achemine vers la patrie céleste
et éternelle. Amen. »
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