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15 avril 2002

 

Modern vintage : pour fashion's victims only !

 

 

 

 

 

 

De notre correspondante 

Laure Delvigo

 

 

 

 

Fripes chic, pièces uniques, défilés et invités prestigieux au marché  de la mode à Lyon. Installé au mythique marché de gros, cours Charlemagne, durant le week-end de Pâques, on pouvait aisément croire qu'entre le soleil, les grèves et les jours fériés, la première édition  du marché de la mode serait fortement compromise.

 

Et bien non ! Collectionneurs et autres dénicheurs pointus venus de toute la France, se sont précipités dès 8h30 sur les stands, à l'ouverture des portes, essayant de trouver  LA pièce unique, tels Max ChaoulNadine Gelas, Nicole Foucher de l'Université de la mode, Laurence Renaudin et bien d'autres, venus chiner en toute tranquillité.

 

Un clin d'œil également contemporain au marché de la mode, puisque parmi les dernières créations de Jean-Christophe Decavele et Luka, on pouvait apprécier certains modèles des premières années Esmod, lors d'un défilé aux accents rétro, où le public ne tarissait pas d'éloges à l'égard des jeunes stylistes en herbe : transparences, cols victoriens, manches gigot, tons pastels et volants déchiquetés pour un courant néo-romantique d'aujourd'hui, sans oublier les froufrous, détail girly de la saison, à consommer sans modération.

 

Les amateurs de vintage ne seront pas en reste avec des sandales 80 dorées Charles Jourdan à seulement  75 Euros ou encore d'authentiques sacs d'époque sur le stand de B-Troc, comme un sublime sac de soirée Dior, à " seulement 152 Euros ", " un petit prix ", nous dit d'un ton enjoué la responsable de la boutique ; certes petit, comparé aux adresses parisiennes ou londoniennes, comme le marché de Portobello, où " la folie vintage " s'empare de votre porte-monnaie, comme si vous étiez Madonna ou Gwyneth Paltrow, adeptes connues du vintage.

 

Et si vous ne faîtes pas partie des mécènes de la haute couture, comme Mouna Ayoub, qui n'a pas seulement de l'argent, mais aussi du goût (Eh oui, ce n'est pas incompatible, n'en déplaisent à certains !), vous pourrez toujours en  débattre avec le passionné passionnant Didier Ludot, expert de renommée internationale en haute-couture, célèbre auteur du livre " la petite robe noire ", venu ici rendre hommage au roi du smoking féminin : Yves St Laurent.

 

Une maison très en vogue, depuis la démission inattendue du " maître " aux doux bruits de scandale ; "St Laurent était épuisé dans sa tête et peut-être dans ses mains. " nous dira Didier Ludot, éternel amoureux de la robe et du vêtement.

 

"St Laurent aura t-il un successeur pour la haute couture ?", telle est la question que tout le monde a sur les lèvres : " Jean-Paul Gaultier aurait été excellent, aujourd'hui il possède sa propre maison. Quant à Tom Ford, il a sûrement des idées, son dernier défilé en Prêt à porter  était fabuleux, sophistiqué, très travaillé. Cependant, les prix demeurent très élevés pour du Prêt à porter " explique Didier Ludot.

 

En outre,  certains propos tenus par le sulfureux Tom Ford ne sont pas au goût de tous : " Chez Gucci, j'habille la femme vulgaire, chez St Laurent la femme chic " aurait dit la superstar du marketing . pas très diplomatique pour les Guccigirls,  n'ayant dieu que pour ce redoutable charmeur, dépensant chaque année des millions pour porter " Le style qui marche "... Pas très aristocratique non plus,  pour la clientèle haute couture St Laurent, réputée  guindée.

 

Une clientèle, malheureusement devenue plus rare depuis quelques années, suite aux dures réalités économiques et une perte du savoir faire d'antan. Pour Didier Ludot, la haute couture est devenue un Art à part entière, explique  ce collectionneur aux airs dandy, ayant entre autre trois boutiques au Carrousel du Louvre, où se côtoient avec sa propre ligne les griffes les plus prestigieuses : "Hormis les collectionneurs, je vends à des gens qui portent les vêtements, les pièces sont en mouvement sur les corps et la nouvelle génération est très friande de ce côté vintage auxquels elle ajoute une touche de modernité " .

 

Et même s'il avoue détester l'aspect poussiéreux des musées, Didier Ludot expose toujours de remarquables pièces, puisqu 'après l'incontournable succès de " la petite robe noire " en 1996 à Paris et l'hommage à Madame Grès, c'est en Belgique que Didier Ludot organisera sa prochaine exposition sur le thème du New Look. D'ailleurs, il cherche toujours la robe Mondrian.. (avis à bon entendeur !)

 

Alors, qui a dit que le vintage ne serait qu'un effet de mode ?!


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