Modern
vintage : pour fashion's victims only
!
De
notre correspondante
Laure Delvigo
Fripes
chic, pièces uniques, défilés et invités
prestigieux au marché de la mode à
Lyon. Installé au mythique marché de
gros, cours Charlemagne, durant le
week-end de Pâques, on pouvait aisément
croire qu'entre le soleil, les grèves et
les jours fériés, la première édition
du marché de la mode serait fortement
compromise.
Et
bien non ! Collectionneurs et autres dénicheurs
pointus venus de toute la France, se sont
précipités dès 8h30 sur les stands, à
l'ouverture des portes, essayant de
trouver LA pièce unique, tels Max
Chaoul, Nadine Gelas, Nicole
Foucher de l'Université de la mode, Laurence
Renaudin et bien d'autres, venus
chiner en toute tranquillité.
Un
clin d'il également contemporain
au marché de la mode, puisque parmi les
dernières créations de Jean-Christophe
Decavele et Luka, on pouvait
apprécier certains modèles des premières
années Esmod, lors d'un défilé aux
accents rétro, où le public ne tarissait
pas d'éloges à l'égard des jeunes
stylistes en herbe : transparences, cols
victoriens, manches gigot, tons pastels et
volants déchiquetés pour un courant néo-romantique
d'aujourd'hui, sans oublier les froufrous,
détail girly de la saison, à consommer
sans modération.
Les
amateurs de vintage ne seront pas en reste
avec des sandales 80 dorées Charles
Jourdan à seulement 75 Euros ou
encore d'authentiques sacs d'époque sur
le stand de B-Troc, comme un
sublime sac de soirée Dior, à "
seulement 152 Euros ", " un
petit prix ", nous dit d'un ton
enjoué la responsable de la boutique
; certes petit, comparé aux adresses
parisiennes ou londoniennes, comme le
marché de Portobello, où " la folie
vintage " s'empare de votre
porte-monnaie, comme si vous étiez Madonna
ou Gwyneth Paltrow, adeptes
connues du vintage.
Et
si vous ne faîtes pas partie des mécènes
de la haute couture, comme Mouna Ayoub,
qui n'a pas seulement de l'argent, mais
aussi du goût (Eh oui, ce n'est pas
incompatible, n'en déplaisent à certains
!), vous pourrez toujours en débattre
avec le passionné passionnant Didier
Ludot, expert de renommée
internationale en haute-couture, célèbre
auteur du livre " la petite robe
noire ", venu ici rendre hommage au
roi du smoking féminin : Yves St
Laurent.
Une
maison très en vogue, depuis la démission
inattendue du " maître " aux
doux bruits de scandale ; "St Laurent
était épuisé dans sa tête et peut-être
dans ses mains. " nous dira Didier
Ludot, éternel amoureux de la robe et du
vêtement.
"St Laurent aura t-il un successeur pour la
haute couture ?", telle est la
question que tout le monde a sur les lèvres
: " Jean-Paul Gaultier
aurait été excellent, aujourd'hui il
possède sa propre maison. Quant à Tom
Ford, il a sûrement des idées, son
dernier défilé en Prêt à porter
était fabuleux, sophistiqué, très
travaillé. Cependant, les prix demeurent
très élevés pour du Prêt à porter
" explique Didier Ludot.
En
outre, certains propos tenus par le
sulfureux Tom Ford ne sont pas au goût de
tous : " Chez Gucci, j'habille la
femme vulgaire, chez St Laurent la
femme chic " aurait dit la
superstar du marketing . pas très
diplomatique pour les Guccigirls,
n'ayant dieu que pour ce redoutable
charmeur, dépensant chaque année des
millions pour porter " Le style qui
marche "... Pas très aristocratique
non plus, pour la clientèle haute
couture St Laurent, réputée guindée.
Une
clientèle, malheureusement devenue plus
rare depuis quelques années, suite aux
dures réalités économiques et une perte
du savoir faire d'antan. Pour Didier Ludot,
la haute couture est devenue un Art à
part entière, explique ce
collectionneur aux airs dandy, ayant entre
autre trois boutiques au Carrousel du
Louvre, où se côtoient avec sa propre
ligne les griffes les plus prestigieuses :
"Hormis les collectionneurs, je vends
à des gens qui portent les vêtements,
les pièces sont en mouvement sur les
corps et la nouvelle génération est très
friande de ce côté vintage auxquels elle
ajoute une touche de modernité " .
Et
même s'il avoue détester l'aspect poussiéreux
des musées, Didier Ludot expose toujours
de remarquables pièces, puisqu 'après
l'incontournable succès de " la
petite robe noire " en 1996 à Paris
et l'hommage à Madame Grès, c'est
en Belgique que Didier Ludot organisera sa
prochaine exposition sur le thème du New
Look. D'ailleurs, il cherche toujours la
robe Mondrian.. (avis à bon entendeur !)
Alors,
qui a dit que le vintage ne serait qu'un
effet de mode ?!
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