Le Ninkasi ne devrait pas connaître le Kao
De notre correspondant Mehdi
Presque tout le monde connaît le Ninkasi
Ale House, bar qui avait fait le pari très
osé et néanmoins réussi en 97 de
s'installer à Gerland. En 2000 les
« brasseurs de bière » managés par
Christophe Fargier, se lancent dans
l'aventure du Kao : cette scène lyonnaise qui
se donnait alors pour vocation d'être le
lieu de diffusion des musiques actuelles
en dehors des subventions classiques,
voulut garder son indépendance vis à vis
des pouvoirs publics. Les metteurs en
scène du 7ème apprendront à
leur dépens que la veine culturelle ne
paye pas... surtout à Lyon !
Le projet culturel du Ninkasi
s'inscrit au travers d'une constatation
simple : les jeunes talents ayant fait
leur début dans les salles lyonnaises
quittent la région qui ne leur permet pas
d'évoluer. Cette carence dans
l'accompagnement des artistes fut le point
de départ du Kao. Christophe
Fargier (ci-contre) veut dé-fendre un lieu
qui met en avant les artistes en
émergence, épaulé par l'association Kao
dévelop-pement et par une équipe pro -
mais parfois critiquée - de « cultureux ».
En
outre cette démarche s'accole à la
création d'un label de prod : SMAC. Production, co-production, diffusion,
accompagnement associatif mais aussi
fabrique de bière, bar, restau... le
Ninkasi s'éparpille dans divers
domaines ce qui lui vaut de virulentes
critiques, mais qu'en est-il de la
structure du groupe ?
L'organigramme est
moins roots que le bar. Autour du
Ninkasi Entreprise s'articule le
Ninkasi Ale House (bar), le Ninkasi
Fabriques (fabrique de bière), Kao
Développement qui gère les projet
culturel, Hublot Production qui
pro-gramme la scène du bar et
l'exploitation du Kao, et bien
évidemment le Kao en lui même.
Le Ninkasi a une organisation digne
d'un vrai groupe financier : qu'importe le
flacon pour Christophe et son équipe,
seules les idées comptent, la motivation
et le travail. Les protagonistes de cette
aventure semblent unis pour le meilleur et
pour le pire. La cultu-capitaliste team
s'en sortira coûte que coûte autour de
Thierry Pillat, le directeur
artistique, Geneviève de Foucauld,
administratrice, et de David Comte
chargé de com et des RP (ci-dessous). Ces
derniers ont changé leur fusils d'épaule :
le manque de rentabilité du Kao les
a poussés à chercher leur dû auprès des
pouvoirs publics (tout arrive).
L'équipe Fargier ne lâchera donc pas le
morceau : le projet culturel et la
ténacité du Ninkasi leur ont
apporté des subventions a auteur de 46 000
Euros de la ville, en outre la région
devrait vraisembla-blement apporter 22 868
Euros et la DRAC, entre 50 et 70
000 Euros soit près de 122 000 Euros
contre 150 000 nécessaires à la pérennité
du projet : c'est donc des 28 000 Euros
manquant que l'assise du Kao
dépendra. En effet les pertes financières
ne pouvant être amorties par la recette du
bar, et le choix étant de proposer un
nombre de concerts assez important pour
maintenir la dynamique du lieu, l'année
2002 semble être alors décisive.
En terme qualitatif, les services proposés
par la salle, le matériel, les techniciens
ne changeront pas. Le Kao veut
garder en outre sa politique tarifaire.
Enfin les officiels du lieu revendique
qu'elle « continuera son travail
d'ouverture en direction des associations
en modifiant la formule de location du Kao
et de formation en continuant malgré tout
à programmer résidences et répétitions
montées ».
Quelle que soit la critique opposable aux
choix d'indépendance du Ninkasi, il
ne reste que peu de lieu propose une telle
hargne de conviction dans la cité
« carrefour de l'Europe » qui fait
finalement grise mine au regard de son
histoire.
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