Texte : Morgan Couturier – Englué dans les fins fonds du classement de Ligue 1, l’OL doit également gérer une nouvelle passe d’armes entre John Textor et Jean-Michel Aulas. Au lendemain des propos tenus par l’Américain, pointant son intégrité et sa sincérité, l’ancien président lyonnais a porté plainte en diffamation.

L’OL se serait bien passé d’une telle situation de crise. Hélas, le club est bien parti pour s’embourber dans cette noirceur. La faute à des résultats décevants, que la réception de Paris ce dimanche 3 septembre ne devrait pas améliorer et au « syndrome du vendeur » dont serait atteint JMA. Les langues se délient et les mots semblent plus intenses que certaines séquences de jeu. Sauf que le mal paraît bien plus profond.

Il y avait Laurent Blanc et ses piques à peine cachées. Il y eut mardi, la mise au point de son président. « Je lui ai demandé d’arrêter ses jeux avec les médias et les polémiques, de se modérer et faire en sorte que son travail parle pour lui », a exposé John Textor, confirmant que son entraîneur était menacé. L’homme a beau avoir pour lui son ambition, conforté dans son idée de décrocher un ticket pour la prochaine Ligue des Champions, un tel souhait paraît aujourd’hui bien compliqué. Presque hors de propos, au regard de cet OL actuel.

Des informations dissimulées par Jean-Michel Aulas ?

Reste qu’en parallèle, John Textor est combatif. Alors que le public cherche des coupables, des joueurs à l’entraîneur, en passant par la direction, le nouvel homme fort du club s’est ainsi illustré ce mardi 29 août, en écorchant publiquement son prédécesseur, l’accusant notamment d’avoir dissimulé certaines informations au moment de la finalisation de la vente. « Jean-Michel Aulas a caché des mauvaises nouvelles. J’aurais pu trouver une solution avant le 19 décembre si j’avais été au courant », a-t-il assuré, pointant l’encadrement de la masse salariale par la DNCG.

S’il a pourtant été révélé que l’Américain avait occulté certaines ventes de joueurs que son prédécesseur avait prévisionnées (notamment Lukeba), celui-ci a ainsi évoqué « une évaluation erronée de la situation financière réelle de l’OL au moment de boucler la transaction », au point de regretter son investissement. « Si j’avais su que nous aurions ces restrictions pour ce premier mercato, j’aurais demandé de stopper la transaction et de restructurer plutôt que de donner un demi-milliard de dollars en cash pour les vendeurs », a-t-il confié. Notamment Holnest, la société contrôlée par JMA.

Face à ces attaques, l’ancien chouchou du public, néanmoins tancé sur ses dernières années, n’aura pas mis longtemps à réagir. Outre ses piques sur son réseau social favori (X, anciennement Twitter, ndlr), l’ancien président a donc passé la seconde. Au point de porter plainte en diffamation. « La société Holnest, contrôlée par Jean-Michel Aulas, porte plainte en diffamation contre Eagle et John Textor à la suite des propos prononcés par ce dernier lors d’une conférence de presse en date du 29 août », écrit ainsi le groupe lyonnais.

Une attestation d’équité authentifiée par un expert indépendant

Selon JMA, la situation financière du club aurait même fait l’objet d’une attestation d’équité, émise le 10 juillet 2023, par le cabinet Finexsi, en qualité d’expert indépendant dans le cadre de l’offre publique d’achat déposée par Eagle Football. Une expertise visiblement « jamais contestée par Eagle Football ou ses conseils », pointe Holnest, pour couper court aux accusations de John Textor. « Par ces propos, John Textor et Eagle Football cherchent – comme ils le font depuis plus d’un an – à se soustraire aux engagements auxquels ils se sont pourtant contractuellement tenus envers Holnest », accusent encore Jean-Michel Aulas et ses associés.

Deux versions contradictoires donc, sans que l’on ne puisse déceler le vrai du faux. Face à cette triste situation qui fait les choux gras de la presse  (notamment le quotidien L’Equipe), le club reste donc bel et bien englué dans sa torpeur. Dans un tel contexte, difficile d’imaginer les joueurs performer. Le départ de Bradley Barcola, initialement décrit comme intransférable, ne devrait pas aider. Pas plus que l’ultime épisode de la guerre Aulas-Textor, au cours duquel on apprenait que le premier nommé avait ordonné le « gel de 14,5 millions d’euros du club et le nantissement des titres ». Une surprise au club, comme pour les supporters, peu friands de cette démarche, à l’heure où le club peine déjà à trouver des fonds pour recruter.

Le gel des comptes, la goutte de trop pour les supporters

« C’est agir contre les intérêts du club et contre son propre héritage, que l’on aimerait respecter », s’est indigné le nouveau président exécutif du club, Santiago Cucci. Une question d’argent, d’égo, le feuilleton ne semble en être qu’à ses prémices. « Ce n’est pas contre l’OL, c’est contre Eagle, qui doit tenir ses engagements. C’est mon club, je serai toujours derrière lui, bien qu’on ne veuille pas de moi en tribune présidentielle. Je serai toujours là pour soutenir mon équipe, mais chacun doit gérer ses responsabilités », s’est défendu Aulas.

Avant d’ajouter dans la soirée : « Je suis malade de ce qui se passe parce que quand j’ai décidé de céder et de partir pour aller faire d’autres choses, c’était pour donner plus de chances à l’Olympique Lyonnais. Et aujourd’hui, je vois que ça tarde à venir. On me dit que les comptes ont été bloqués. Ce n’est pas vrai. Cela n’a pas empêché le club de faire des transferts ». Qu’importe, se tirer dans les pattes n’apparaît pas comme le meilleur remède. Il en va pourtant de l’avenir du club.