Caluire. De la Galoche à la Voie verte, intermède historique avant bétonisation

2 avril, 2023 | Actualités Culturelles / patrimoine, Actualités Lyon, PATRIMOINE | 8 commentaires

Elle coulait des jours tranquilles entre les immeubles de Montessuy et les maraichers du plateau. Mais voilà qu’un projet d’autoroute à vélo – conduit par les écologistes et leurs alliés NUPES – va dénaturer cette voie, à leurs yeux, pas suffisamment vert(ueuse). Merci à l’association Histoire & Patrimoine de Caluire qui nous offre ce dernier voyage avant bétonisation. MP

 Texte : André Lacharme Parler de la Galoche, ce n’est pas évoquer le sabot de belle facture d’ailleurs que portait nos anciens, parfois utilisé de nos jours dans nos campagnes par ces derniers. C’est faire un voyage dans le temps passé avec le train qui traversait en partie notre commune sur la voie de La Dombes, plus communément appelée la « Voie verte », entre Lyon-Cx Rousse et Trévoux.

Je vous invite à prendre place et remonter ensemble l’Histoire de ce train qui a bercé tant de générations sur 25 kilomètres de voyage en 1h15, ses 15 stations d’arrêt et 8 allers/retours journaliers, avec ses trois classes de l’époque. Pour mémoire, c’est Émile Grignard (1807/1870), fondateur et directeur de la compagnie des chemins de fer de Lyon-la-Croix Rousse au Camp de Sathonay, qui créa la station de Caluire (lieu mis en valeur par notre municipalité entre la voie verte et le chemin de Crépieux).

La gare de Caluire était située entre le pont sur la rue Pierre terrasse, et le pont sur l’avenue Louis Dufour. Il reste quelques vestiges de cette gare: en se promenant sur la voie verte. La présence des anciennes gares est souvent révélée par la persistance des quais encore visibles

Pourquoi l’appellation « Galoche » ?

Plusieurs explications font état, soit qu’à cette époque les citadins voyant arriver en ville les paysans chaussés de galoches, ou sabots s’exclamaient « Les galoches arrivent ». Autre explication plausible, le bruit saccadé des roues sur les rails courts, comparable au bruit des sabots en bois sur les pavés ou en référence aux ouvriers Italiens qui avaient contribué à la construction de la ligne et étaient chaussés de galoches. Le confort médiocre, le rythme saccadé des roues sur le rail avec le bruit de la ferraille de ses locomotives, tout ça relié, peut-être également une explication à ce surnom, je vous laisse seul juge.

Origine de sa construction et sa vie

La gare de la Croix-Rousse au croisement de la rue Terme et du boulevard de la Croix-Rousse

Après la création de la compagnie des chemins de fer le 26 juillet 1861, les départements de l’Ain et du Rhône décident de créer cette voie ferrée qui sera construite entre 1863 et 1882 (Ligne 88700 du réseau ferré national). La première partie est réalisée entre la Croix-Rousse et le camp militaire de Sathonay, pour prolonger le funiculaire de la Rue Terme (convention signée le 12 juin 1861), et son ouverture est actée le 30 juillet 1863, pour quels intérêts :
-Tout d’abord, un intérêt stratégique en cas de nouvelles révoltes des Canuts.
-Un intérêt économique pour la compagnie qui exploite le funiculaire de la Rue Terme. En effet, les 6000 militaires partant en permission ou en manœuvre assuraient la rentabilité de la ligne. Son cheminement a donné le terme « Cheminot » qui veut dire « Cheminer le long des voies ».

Le 30 juillet 1863 est ouvert la ligne mais, dès 1864, des difficultés financières apparaissent et celle-ci est mise sous séquestre le 21 octobre. Le 30 janvier 1870, la compagnie des chemins de fer du Rhône rachète la ligne et demande aux Départements du Rhône et de l’Ain de prolonger le parcours entre Sathonay et Trévoux mais la CFR (Compagnie des chemins de fer du Rhône), en difficultés financières à son tour, ne peut respecter les délais de prolongement.

A la suite de négociations et moyennant finances, il est convenu avec la Compagnie des Dombes et des chemins de fer du Sud-Est (DSE), qui exploite la ligne Sathonay/Bourg, que cette dernière pourra faire partir ses trains depuis la Croix Rousse. En 1881, le PLM (Paris/Lyon/Marseille), une des cinq sociétés privées du chemin de fer en France (la nationalisation sous son appellation SNCF n’interviendra que le 1er janvier 1938), rachète la ligne sauf les locomotives et les voitures dites impériales à deux étages pour augmenter le nombre de voyageurs.

En 1900, le PLM ouvre un raccordement entre Saint Clair et Sathonay sur la ligne de Lyon à Genève. A partir de 1931, cette ligne est concurrencée par le tramway qui relie le centre de Lyon à Neuville s/Saône qui a la faveur du public. En 1938, le service voyageur est fermé entre Sathonay et Trévoux et maintenu entre la Croix Rousse et Sathonay. En 1953, fin du service voyageurs avec le report des trains depuis Sathonay vers les Brotteaux. La fermeture définitive de la ligne marchandises est actée en septembre 1975.

Son tracé

Initialement, la ligne partait au Sud du Boulevard de la Croix-Rousse en correspondance avec le funiculaire de la Rue Terme, les voies traversant le boulevard pour rejoindre la gare Marchandises. En 1914, pour éviter les embouteillages, la gare voyageurs est transférée au Nord de la Place des Tapis à la place de la gare marchandises, cette dernière déplacée au Nord, au-delà de la Rue Hénon.

Ensuite, le tracé remonte vers le Nord en contournant par l’Est l’Hôpital de la Croix-Rousse avant de traverser Caluire sur l’emplacement actuel de la Voie Verte. A Sathonay, jonction avec la ligne Lyon/Bourg et depuis 1981 avec la LGV (Ligne à Grande vitesse). A la sortie Nord de la gare de Sathonay, vers Fontaines s/Saône, elle domine la vallée de la Saône, empruntant les pentes de la Côtière de la Dombes jusqu’à Neuville.

A Genay, elle quitte le département du Rhône pour l’Ain et par une large boucle, rejoint Trévoux où la ligne était en correspondance avec un chemin de fer secondaire à voie métrique des tramways de l’Ain vers Jassans-Riottier. Entre Sathonay et Rochetaillée existaient cinq viaducs, les trois premiers en maçonnerie et les deux autres en treillis métalliques.

Qu’en est-il à ce jour ?

La gare de la Croix-Rousse n’existe plus. Du boulevard de la Croix-Rousse à la Rue Hénon, la ligne a laissé la place au Boulevard des Canuts et la ligne de Métro a repris l’ancienne ligne du funiculaire de Croix-Paquet. De Cuire à Sathonay se trouve la Voie verte, véritable poumon et fierté de notre commune qui permet aux piétons, cyclistes, joggers de profiter de cet espace vital.

La gare de Montessuy a été démolie

De Sathonay à Neuville les Creuzes, la voie est restée en service jusqu’en 2011 et se trouve en l’état mais pas entretenue. Le tracé Nord à partir de Neuville est partiellement déposé et laissé à l’abandon et toutes les gares ont été fermées hormis Sathonay.

Voilà en quelques lignes résumé l’histoire de la Galoche, qui a subi l’impact comme tant d’autres choses l’évolution de notre société dans tous les domaines. Mais à cette lecture, je ne doute pas que vos yeux brilleront en vous imaginant regarder l’arrivée de la locomotive crachant sa fumée, le chauffeur actionnant son avertisseur, grimpant dans la voiture les voyageurs avec des images plein la tête à l’idée de passer une belle journée en bord de Saône et que vous cheminez avec ce train le long de la voie verte.

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/marco" target="_self">Marco Polisson</a>

Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

8 Commentaires

  1. Fleurquin

    comment une Metropole ecologiste peut-elle envisager de « bétonner  » la Voie Verte »qui est devenue l’emblème de la commune de Caluire et Cuire où tous les âges se côtoient Alors avec tous les défenseurs de la nature mobilisons-nous contre ce projet !
    ME

    Réponse
    • Chavanon josseline
  2. Pol

    C’est stupide de vouloir goudronner cette voie de promenade .

    Réponse
  3. Anonyme

    Les EELV doivent absolument contourner cette magnifique voie. En plus il existe déjà une belle piste cyclable parallèle (300m à l’est) entre Auchan et Rillieux.
    Métropole : arrêtez de dépenser le pognon des grands-lyonnais pour des âneries pareilles

    Réponse
  4. JEGO

    Avec ces écolos, nous sommes vraiment dans la mouise. D’un côté, madame grospépins, vice-présidente de l’eau et de l’assainissement qui ne connait absolument rien et qui raconte des énormités au quotidien et le BB président qui serait bien inspiré de changer ses galoches au lieu de dénaturer la Métropole de Lyon.

    Réponse
  5. Anonyme

    C est inadmissible, de vouloir goudronner et transformer cette très belle voie verte en autoroute à vélos. Cette voie profite pietons , courreurs, handicapés, nourrices et leurs enfants et aux personnes sui ne partent pas en vacances, et cela doit rester la priorité.
    Il y a sûrement un autre moyen à trouver pour un tracer réservé aux vélos et trotinettes
    De plus cette voie verte a été refaite récemment, elle permet d absorber l eau . La metropole se dit « ecolo » et voudrait faire goudronner cette voie, une aberration !

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  6. Mimik

    C’est peut être aussi un poisson d’avril? on l’espère en tous cas….
    C’est inadmissible tous ces projets débiles …..ces ecolos qui ne pensent qu’aux vélos et jamais aux piétons qui n’osent plus sortir de chez eux….mais qui paient quand même leurs impots!!!!!!on en a marre !!!
    ALLEZ VOTER LA PROCHAINE FOIS AU LIEU DE COMPTER SUR LES AUTRES !!!!

    Réponse
  7. Greg

    Utilisateur régulier, à pied, avec mon chien en laisse : la Voie Verte est déjà devenue bien plus dangereuse avec tous ces vélos, trottinettes (et autres) électriques, qui roulent trop vite et frôlent les piétons !
    Une mention spéciales pour les vélos cargos, transportant bambins et/ou marchandises, qui ne savent pas = du tout = ralentir, alors que leur poids est élevé et leur maniabilité réduite, en fonçant littéralement sur les piétons.
    Je ne pense même pas que ce soit ces cyclistes qui pestaient contre les conducteurs passant trop près et/ou trop vite ; mais bien ces automobilistes – et il faut bien le signaler souvent des femmes (à mon avis ici la parité est atteinte, voire même dépassée…) – qui justement passent trop prés et/ou trop vite le long des cyclistes : ils/elles ont le même comportement sur leur bidule électrique que dans leur voiture !

    Réponse

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