Texte : Bernard Gouttenoire – Le peintre s’appelle Bruno Desroche, jusque-là il est connu par certains amateurs d’art religieux… Il a été élève et professeur dans une école d’art célèbre (Emile Cohl)… et s’est spécialisé dans l’art sacré.
Il a réalisé un chemin de croix remarquable pour l’église de Saint-Nizier. Récemment à la Sainte-Trinité, (111, avenue Jean Mermoz -Lyon 8e) il a concocté une œuvre monumentale, un tryptique pour le chœur, basé sur la vie du Christ roi, en gloire. Depuis l’Annonciation, jusqu’à la Transfiguration, en passant par le Baptême dans les eaux de la Saône, un hymne réussi pour tous chrétiens et autres (non appelés au rang des baptisés), tous, dans le peuple de Dieu…
Il est vrai que depuis le peintre Jean Fusaro à Saint-Jacques-des-Arrêts dans le Haut-Beaujolais, (1990-2010) qu’aucune église du Rhône, n’avait bénéficié d’un tel déploiement et de moyens pour exprimer l’Evangile. Monseigneur Olivier de Germay, nouvel archevêque de Lyon et successeur de Philippe Barbarin, a inauguré avec le père Lukasz Skawinsky, curé de la paroisse, le dimanche 12 juin 2022, cette louange « votée » (optée) par un peintre de la Foi. Regards.
Biens, et sur la terre…
A bien y regarder lorsque Bruno Desroche dépeint celui qui ouvre la séance, (à gauche et de profil), le visage du prophète Abraham, (un paroissien qui s’est vu comme un « appelé »), considéré dans le livre des livres, comme le Père des églises, on sent que le trait dessiné, est porté dans le flou de l’âme. Comme Le Caravage en son temps, Bruno Desroche dessine, comme il peint « directement ». Une peinture proprement dite, plus que dessinée. C’est l’illusion que d’emblée on ressent quand on s’acharne sur l’ouvrage. C’est plein de couleurs riches et relevées qui sont là pour mettre en avant les sentiments humains, joie et allégresse, félicité et engouement rédemptif.
Lorsque le panneau est ouvert sur la partie centrale, rayonne le « Christ en croix » qui est rectiligne placé sur son bois de croix, avec le Père et l’Esprit par-dessus, un peu comme les étages d’une « fusée éclatante (éclairante), pointant et visant le ciel ». Sur la droite du panneau, un amalgame de personnages sur fond de Fourvière et Saint-Jean et Saint-Georges (celui qui a terrassé le dragon-démon). Logique. L’heure est grâce puisque les « pauvres pêcheurs » que nous sommes tous, sont présents (au rang duquel on retrouve en premier plan le curé (polonais) de la paroisse (le père Lukasz, en personne). Le peintre s’est même portraituré de dos, en famille, avec ses trois enfants et son épouse japonaise, avec exactitude.
Tous les Saints dans le ciel
Et juchés dans le ciel, les Saints du monde entier. Cela va de Saints-Bruno et Saint-Bernard et Sainte-Bernadette Soubirous. Dans un coin on retrouve les canonisés locaux (Bruno Desroche n’a oublié personne de son répertoire-catéchisme vivant et historique lyonnais), il a même inclus Pauline Jaricot dont le procès en béatification a été entamé par le cardinal Philippe Barbarin sous la présidence de Monseigneur Olivier de Germay, à Eurexpo le mois dernier. Vaque la représentation des Saints essentiels à Lyon. Les Sainte-Blandine, Saint-Pothin (premier évêque de Lyon), et les 40 premiers martyrs de 177, tués par le fanatisme de la Gaule, devenue romaine.
Bien sûr, parmi les Saints capitaux, on retrouvera le pape polonais Karol Wojtyla (Jean Paul II), et ceux qui se sont occupés des pauvres (Saint-Vincent de Paul, Mère Teresa, Padre Pio, l’abbé Pierre) et celui qui nous tient particulièrement à cœur Saint-Maximilien Kolbe, qui a cédé sa place pour être supplicié, par les nazis pendant la deuxième guerre mondiale, en prenant la place volontairement (à titre exemplaire) d’un père de famille dans la chambre à gaz. Bref, dans le cycle paradisiaque des Saints revendiqués, ils sont tous là, immortalisés par le pinceau professionnel, (doux et cependant aventureux) de l’artiste-peintre, comme une récitation imagée forte, efficace et pertinente. L’hommage Trinitaire est bien présent, comme a su le souligner l’archevêque de Lyon, lors de son discours inaugural, le 12 juin, dans cette parfaite illustration probante des pages de l’Evangile illustrées selon Bruno Desroche…
Et à titre d’exemple…
Patrice Giorda et Gérard Gasquet, deux des peintres majeurs contemporains et confirmés, auraient visé autrement, plus à fond (jusqu’à vouloir inclure -pourquoi pas- un certain Coluche parmi les élus de Dieu tant il a fait énormément de bien aux affamés ?). La vibration -comme le disait le peintre Jean Fusaro dans ses croquis préparatoires pour l’église de Saint-Jacques-des-arrêts (69) est essentielle pour que vive et vibre la peinture ! En cela, il rejoignait le grand peintre Pierre Bonnard 1897-1947 (qui a œuvré quatre ou cinq fois, pour dire sa foi profane) il disait déjà voyant ses dessins prémonitoires…
« Il y a tout dans un brin d’herbe ». Assurément à la Sainte-Trinité, l’herbe est carrément très verte et brillante, dans sa suite, laissant cependant évidente la trace clinquante d’une belle réussite dans son résultat définitif séducteur et virtuose (grand public et spectaculaire) d’une œuvre qui porte la signature de Bruno Desroche. La peinture est loin d’être finie, à Lyon.
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