Par Marco Polisson

On utilisait déjà l’expression « non-évènement » pour désigner l’investiture de François-Noel Buffet à la tête de la liste Les Républicains pour les élections métropolitaines. On pourra désormais lui adjoindre celle de « non-campagne » tant il est inaudible et invisible.

Et les rares fois où il fait parler de lui, c’est de façon négative. Il suffit de lire les compte-rendu de nos confrères (comme Tribune de Lyon) sur la présentation de ses têtes de liste dans les 14 circonscriptions pour se rendre compte de l’ampleur du désastre, en termes d’image et de communication.

14 têtes de liste masculines sur 14, voici la parité à la sauce Buffet – Vincendet, tant il est clair que c’est le maire de Rillieux et patron de la fédération LR 69 qui tire les ficelles.

Marc Fraysse qui, malgré son amitié pour Vincendet, a soutenu la candidature du sénateur d’Oullins s’en mord les doigts aujourd’hui. Evincé de la tête de liste villeurbannaise au profit d’un inconnu proche du maire de Rillieux, l’ancien député dont les réseaux frangins sont tentaculaires n’a pu que constater l’impuissance de Buffet et de son ami Christian Philip face à la volonté d’Alexandre Vincendet.

« C’est à lui qu’on aurait dû confier la tête de liste LR, regrette déjà un cadre du parti, on aurait eu une vraie campagne ! » Un scénario que l’UMP a déjà vécu en 2014, quand le consensuel Michel Havard avait été préféré au boxeur Georges Fenech… pour affronter Collomb. La droite la plus bête du monde, encore et toujours…

La non-campagne de FNB irrite profondément les équipes d’Etienne Blanc, même si le candidat de la droite lyonnaise n’en laisse rien paraître officiellement.

Les deux hommes n’ont aucun atome crochu. « Leur promenade en « tandem » rue Victor Hugo, en décembre, a fait rire tout le monde » analyse notre consultant Philippe Lecoq. Entre un Etienne Blanc qui joue la gagne à Lyon et un François-Noël Buffet qui joue l’alliance avec Gérard Collomb, ça ne peut pas coller ! Ne leur reste que le plus faible dénominateur commun : la non-étiquette Les Républicains.

LES TÊTES DE LISTE LR

Lyon Ouest : Philippe Meunier – Caroline Félix
Un parachutage en bonne et due forme pour l’ancien député de… l’Est lyonnais qui éclipse la candidature de Caroline Félix, 55 ans, et maître de conférences à Lyon I, dont le profil est très intéressant. Du pain béni pour les listes macronistes et frontistes.

Lyon Centre : Marc Degrange – Marie Guyon
La n°2, élue croix-roussienne, dont l’engagement et l’abnégation méritent le respect, était beaucoup plus légitime que Marc Degrange, marchand de chaussures oullinois (hasard !) pour mener la liste lyonnaise. Ça ne part donc pas du bon pied… dommage !

Lyon Sud : Jean-Claude Lassalle – Laure Dagorne
Même constat que le précédent. Et aucune plus-value à espérer de la part de l’ancien directeur évènementiel du Progrès… qu’on attendait à Vienne (38), son port d’attache. A l’arrivée, une candidature de copinage, nulle et non avenue et un boulet à traîner pour Laure Dagorne, élue dans le 7^ème depuis 1995.

Lyon Sud-Est : Stéphane Guilland – Muriel Gimet
Enfin une tête de liste légitime sur son territoire. Élu du 8ème, le patron de la droite au conseil municipal de Lyon bénéficie d’une notoriété plus forte que son binôme féminin… dont l’expertise immobilière est plus axée Presqu’île lyonnaise où elle exerce au côté du notaire Xavier Ginon.

Lyon Est : Pierre Bérat – Hélène Baronnier
Un autre duo légitime sur son territoire, mais pour l’image et le renouvellement, il eut été préférable de placer l’avocate Hélène Baronnier en tête de liste. Avec la candidature de Béatrice de Montille à la ville, la droite aurait présenté alors un front uni féminin inédit…
Nous sommes néanmoins ravis que la figure médiatique de l’association « J’aime Montchat » se lance dans la bataille pour défendre l’identité de son quartier. Lyon People soutient ce combat depuis 2008.

Lyon Nord : Pascal Blache – Dominique Nachury
Le maire actuel de Lyon 6ème et son prédécesseur sur le mandat 1995-2001 ne peuvent pas s’encadrer mais vont devoir faire équipe… Autant dire qu’il n’y aura pas de campagne (commune). A défaut de renouvellement, ils sont néanmoins tous deux légitimes sur cette circo.

Villeurbanne : Marc Atallah – Dany Morsilli
Le premier est un élu rilliard imposé par Alexandre Vincendet. En l’imposant contre Marc Fraysse, le président de la fédération LR prend un gros risque à titre personnel. En revanche, la candidature de Dany Morsilli – que nous avions annoncée sur cette antenne en exclusivité – est la bonne surprise de cette liste, comme nous l’écrivions en décembre dernier.

Rhône Amont : Christophe Quiniou – Laurence Fautra
Laurence Fautra, maire de Décines eut été une excellente tête de liste, mais la position démographique de Meyzieu – dont Christophe Quiniou est maire depuis 2017 – explique peut-être ce choix stratégique. Tous deux sont 100% légitimes.

Porte des Alpes : Gilles Gascon – Doriane Corsale
Un duo 100% sanpriot, légitime sur sa ville. Le maire de Saint-Priest est un candidat « pêchu » pour mener la liste sur un territoire où le Rassemblement national fait toujours de gros scores. Mais les autres communes de la circonscription ne sont pas représentées.

Porte du Sud : Christophe Girard – Réjane Cloupet
L’élu vénissian Christophe Girard est perspicace, mais le RN pourrait créer la surprise dans ce territoire livré aux gangs de la drogue. Sa colistière, élue à Corbas, est commerciale chez Concept et Plan, une entreprise lyonnaise (6^ème) spécialisée dans la reprographie, archivage numérique et signalétique.

Lônes et coteaux du Rhône : François-Noël Buffet – Clotilde Pouzergue
Un binôme 100% oullinois pour représenter toute la circonscription… ce n’est pas très respectueux pour les autres communes de la circo. Mais comme dit l’adage, on n’est jamais mieux servi que par soi-même…

Ouest : Pascal Charmot, maire de Tassin – Véronique Sarselli, maire de Sainte Foy.
Pour comprendre ce duo, voici la très bonne leçon de science politique donnée par Gilles Assi sur sa page facebook : « Pour que les trois maires sortants LR Francheville, Tassin, Sainte Foy (deux hommes, une femme) puissent avoir une chance de sauver leur siège métropolitain, quel que soit le résultat du scrutin municipal de mars 2020, la liste LR se doit de respecter la parité selon la loi dans l’ordre de présentation de sa liste. La Maire de Sainte Foy ne pouvait être en numéro «1» car la Loi impliquerait en deux un homme et surtout en trois une femme alors que le troisième maire sortant est un homme… relégué en «4», le siège n’étant pas sauvé à coup sûr !… CQFD. Toute autre explication n’est que baliverne ».

Val de Saône : Yves-Marie Ulrich – Marie-Charlotte Terrière
Le maire d’Ecully – qui a adoubé son premier adjoint Sébastien Michel pour lui succéder – a décidé de se consacrer à la Métropole. On peut saluer ce geste, tant on connait l’attachement du chirurgien à sa commune. Sa colistière de 34 ans est novice en politique. Après avoir été assistante commerciale pour Lagardère Métropoles, elle est devenue auxiliaire de puériculture. Aujourd’hui, elle prépare le concours de professeur des écoles.

Plateau nord : Philippe Cochet – Myriam Fontaine
Un dernier duo 100% légitime. Le maire de Caluire va s’employer à laver l’affront des législatives de 2017 où il a perdu son siège de député. Comme l’analyse notre confrère Paul Terra (lire ici), il n’y a personne en face pour lui disputer un territoire où il est très apprécié et où s’est énormément investi. A ses côtés, Myriam Fontaine, élue depuis 2008 à Sathonay-Camp, est une ancienne fonctionnaire, experte de la chose politique lyonnaise.