Attention image collector ! Voici l’unique photo de Gérard Collomb au Sénat figurant dans Google Images – © Le Sénat
Comment faire taire Yvan Stefanovitch ? Les grosses légumes du Sénat veulent bâillonner le journaliste, auteur d’un essai à charge contre la Haute Assemblée. Où l’on apprend que Gérard Collomb ne met quasiment jamais les pieds au Sénat. Ce qui ne l’empêche pas d’empocher 136 200 euros par an. Yala ! Extraits.
« Élu sénateur en 1999, Gérard Collomb (PS), 68 ans, est un super cumulard. Maire de Lyon et président de Lyon Métropole (1,3 million d’habitants), ce professeur agrégé de lettres à la retraite de l’enseignement public était depuis plusieurs années dans le collimateur des hauts fonctionnaires de la questure du Sénat et du président Gérard Larcher. Et pour cause, ce jeune papa occupait la 10ème place sur le podium des bonnets d’âne de la Haute Assemblée, selon la synthèse établie par l’association Regards citoyens. Son score : douze semaines d’activité (soit 36 jours, ndlr) dans l’Hémicycle ou en commission entre février 2015 et février 2016. En effet, il se faisait très rare au palais du Luxembourg, ses mandats locaux lui laissant peu de latitude pour sauter dans un TGV pour Paris.
Mais ce sénateur élu et réélu depuis 1999 tient à ses fonctions de parlementaire et à ses indemnités, notamment son irfm d’un peu plus de 6000 euros. Aussi, cet ex-député (de 1981 à 1988) et ancien membre du Conseil économique et social a-t-il pris le taureau par les cornes dès la mise en place, le 1er octobre 2015, du système sanctionnant les absents. Le TGV Lyon-Paris est devenu l’un de ses bureaux préférés. Ainsi est-il venu notamment assister à 7 des 10 séances de la commission des Lois le mercredi. Exactement les 7, 14, 21 octobre, les 4, 18 et 25 novembre, et le 16 décembre. Une commission des Lois qui s’est réunie au total 21 fois en incluant ses réunions du mardi et jeudi. Il a donc assisté à 7 des 10 réunions du mercredi de la commission des Lois au dernier trimestre 2015. Tout allait bien, il avait réalisé un sans-faute. Une vraie révolution.
Il revenait de loin. Depuis 2005, il n’était présent au Sénat qu’environ deux semaines par an.
Sauf qu’au dernier trimestre 2015, il a mal calculé son coup en séchant une séance hebdomadaire de trop. En effet, durant ces trois mois, il a assisté à 5 séances seulement (et non pas 6 comme il fallait) des 11 consacrées aux questions orales d’actualité au gouvernement. Les 6 et 21 octobre, 3 et 17 novembre et le 15 décembre. Certes, du 25 au 29 octobre dernier, le sénateur-maire de Lyon et président de Lyon Métropole a conduit une importante délégation officielle en Algérie, indique un communiqué de Lyon Métropole. Il ne pouvait donc pas être au Sénat, le jeudi 28 octobre, plus exactement à la séance de questions orales d’actualité au gouvernement.
Certains de ses collègues sénateurs produisent facilement un certificat médical ou demandent l’acceptation d’un cas de force majeure pour se faire excuser, en moins de vingt-quatre heures, par les questeurs pour une journée, une semaine ou une quinzaine de jours. Gérard Collomb n’a jamais eu recours à ce genre de subterfuge. Ce n’est pas le genre de la maison. Sauf que le sénateur-maire de Lyon s’est fait excuser de janvier à février 2016, suite à une embolie pulmonaire. L’élu a passé le réveillon du Jour de l’an à l’hôpital, le temps pour les médecins de résorber un caillot de sang qui avait bouché une artère menant à ses poumons. Depuis, le président de Lyon Métropole a repris le travail à petite vitesse.
Devenu très organisé et soucieux de ne pas être sanctionné bêtement, Gérard Collomb a remis les pieds au Sénat, le mardi 1er et le mercredi 2 mars 2016. En deux jours, il a participé à un vote solennel, à une séance de questions d’actualité au gouvernement et à une réunion du mercredi de la commission des Lois. Efficace… A ce rythme, il n’a pas été sanctionné au premier trimestre 2016. Gérard Larcher et Bernard Saugey sont aux anges. La peur du gendarme a fonctionné. Mais sur le fond, la question reste pendante. Il apparaît très difficile de mener de front le métier de sénateur et celui de patron d’une agglomération de plus de 1 million d’habitants. Gérard Collomb ne veut pas démissionner de lui-même. Le changement de la loi sur le cumul le conduira à abandonner son mandat de parlementaire, en avril 2017, et donc ne pas attendre la fin de ses fonctions prévue en 2020. Adieu les 6023 euros de l’irfm les 1420 euros de l’indemnité de fonction qui étaient de l’argent de poche échappant légalement au fisc. En effet, tous ses frais sont pris en compte à l’année par ses mandats lyonnais, suite à des délibérations annuelles de ces collectivités. »
« Le Sénat. Un paradis fiscal pour des parlementaires fantômes ». Editions du Rocher – 18,90 euros
A bas les voleurs, à bas la république « exemplaire »