Photo © Fabrice Schiff
Propos recueillis par Benjamin Solly
Mercredi 1er octobre, 9h. Esplanade de la Part-Dieu. Café, interview, puis départ à Paris. Son téléphone sonne. « Bonjour, cabinet de Nicolas Sarkozy, le Président souhaite vous voir la semaine prochaine pour évoquer la problématique des gaz de schiste. » Alors, porté disparu Michel Havard ?
Lyon People : Michel Havard, on vous a perdu de vue au soir du 30 mars 2014. En plus de rééditer le score de Perben aux municipales, vous avez comme lui subitement abandonné la scène ?
Michel Havard : Où avez vous vu ça ? Malgré un contexte défavorable, avec la présence du FN au 2e tour, nous avons augmenté notre nombre d’élus à Lyon. J’ai pris le risque du recul. Je souhaitais prendre six mois. Nous arrivons au terme de cette période. Cela ne veut pas dire qu’il ne s’est rien passé pour moi. En septembre, j’étais présent à une vingtaine de manifestations publiques. J’ai également travaillé à reconstruire une vie professionnelle et à m’occuper de mes enfants. C’est infâmant ? Je ne pense pas. Et, au risque de vous décevoir, je ne suis ni rentier, ni retraité.
Dommage pour vous ! Côté vie professionnelle, on parle d’un poste de directeur des relations institutionnelles dans une boite « green friendly. » Info ou intox ?
Ce nouveau parcours professionnel passera vraisemblablement par un poste dans une PME, mais je vous le dévoilerai plus tard, quand tout cela sera acté.
Votre société « La Trajectoire du Papillon », c’est déjà du passé ?
Elle m’a permis de gérer cette période post-municipales. Mais la structure n’aura sans doute pas vocation à durer.
Pendant cette période de creux, vos colistiers de la Génération Lyon lançaient le collectif des Jeunes Élus. Michel Havard n’est-il déjà plus indispensable pour ces impétrants qui essuient les plâtres de leur premier mandat ?
Mais j’étais parfaitement au courant de ces initiatives ! J’ai souhaité et encouragé ces actions. En politique, je joue collectif. Pour gagner une élection, on ne fait pas les choses seul. On a besoin de tout le monde. Cette équipe, elle est derrière moi et je suis très heureux de constater chaque jour leur potentiel. Il faut les laisser s’exprimer. De mon côté, je travaille aussi à l’organisation du groupe municipal qui sera prête d’ici à la fin de l’année.
Votre ami Georges Fenech évoque « la fin du système Mercier » après la faillite de l’UDI locale aux sénatoriales. Votre alliance avec les centristes était un suicide politique ?
Non. Je regrette seulement que certains n’assument pas derrière. On a mené une campagne ensemble pendant sept mois. Nous avons eu des réunions quasiment tous les jours. Certes, il faut savoir travailler ensemble. Mais il faut aussi savoir assumer ensemble. Je n’ai pas de souci sur le fait d’avoir fait l’union avec l’UDI. C’était utile en 2014. Je me reposerai la question le moment venu, peut-être en révisant mon jugement au regard du comportement qu’ils auront eu pendant 6 ans. Les intéressés se reconnaitront. Si ça pose des problèmes à certains, je le dit tout net : qu’ils ne reviennent pas avec nous en 2020.
Denis Broliquier et Fabienne Lévy apprécieront… Vous évoquez 2020, vous faites déjà acte de candidature ?
Lyon, c’est l’histoire d’une vie. J’ai beaucoup appris de cette première campagne. C’est un peu tôt pour parler d’acte de candidature. Mais ma détermination est intacte.
Vous serez donc candidat sur les listes de Pascal Blache lors des prochaines municipales ?
(Rires) Je suis très heureux d’avoir permis à Pascal de faire son entrée en politique en devenant maire du 6e arrondissement. On dit toujours qu’il y a trop de professionnels de la politique. Pascal est une personnalité compétente. Il amène cette nouveauté. C’est un ami. Je n’ai aucun problème avec lui. Je n’ai aucun doute sur le fait qu’il sera un soutien et un élément important de ma stratégie pour la reconquête de Lyon.
Craignez-vous plus la concurrence de Georges Fenech ou d’un parachuté, type Laurent Wauquiez, en vue des municipales lyonnaises de 2020 ?
Je ne crains personne. On prête à Georges Fenech beaucoup d’intentions qu’il n’a pas. Lors de la campagne des municipales, nous avons montré que nous savions travailler ensemble. Je vous rappelle que les Lyonnais n’aiment pas les parachutages ou les arrivées tardives. La preuve par le passé. Pour cette raison, nous devons travailler dans la continuité. Cette première candidature m’a beaucoup appris. J’ai posé un socle, nous avons une belle équipe. Mon objectif désormais, c’est de monter sur la première marche. Je vous rappelle également que la métropole sera devenue une collectivité au 1er janvier 2015. Elle sera donc élue au suffrage universel direct. Il y aura en parallèle deux élections en 2020 : Ville et Métropole.
Michel le Lyonnais est-il devenu Michel le Métropolitain ?
Nous devons réfléchir collectivement à ces deux scrutins. Mon souhait, c’est d’être maire de Lyon. Ce n’est pas un scoop. Je ne vais pas changer de stratégie maintenant. Le candidat à la Métropole ne pourra pas être le candidat à la Ville de Lyon. Il faudra bâtir une stratégie d’ensemble autour d’un ticket Ville-Métropole, en laissant toute la place qui est la leur aux 57 autres communes métropolitaines.
Pourquoi ne pas avoir renfilé le bleu de chauffe dès les sénatoriales ? Aucun représentant lyonnais sur les listes de l’UMP et c’est Michel Forissier, 72 ans, qui s’y colle. C’est ubuesque, non ?
Je n’ai jamais imaginé être sénateur et je n’ai pas vocation à être candidat à toutes les élections qui se présentent. C’est la raison pour laquelle j’ai soutenu Emmanuel Hamelin et Laurence Balas pour ce scrutin. Le Sénat, ce sont les territoires. L’excellent score réalisé par l’UMP, c’est aussi parce que Michel Forissier incarne l’Est de l’agglomération et qu’il a su capter sur son nom un certain nombre de suffrages que nous n’aurions pas eu sans cette stratégie territoriale. C’est la même dynamique qui s’est mise en place autour de la nouvelle sénatrice UMP du Rhône, Catherine Di Folco.
Gérard Collomb, seul représentant de Lyon au Sénat, ça doit vous piquer, non ?
Quand on sait le temps qu’il y passe… En réalité, Gérard Collomb est un sénateur fictif. Sauf quand il a un intérêt personnel à voter des lois ou à faire passer des batteries d’amendements. La réalité, c’est que Lyon, en tant que tel, n’est pas représenté par Gérard Collomb au Sénat.
Vous avez suivi le feuilleton de Gérard Collomb au gouvernement ?
Oui, et j’avoue que j’ai gagné beaucoup de paris en pronostiquant qu’il n’entrerait pas au gouvernement. La grande force de Collomb, c’est de réussir à faire croire aux Lyonnais qu’il pèse. En réalité, il ne pèse rien sur la scène nationale. Nous en avons eu la preuve avec ce vrai faux départ. Malheureusement pour lui, la porte est restée fermée.
Régionales en 2015, Législatives en 2017… Avez-vous des ambitions ?
Je vais m’impliquer fortement dans ces élections et je n’exclus pas d’être candidat aux régionales. C’est un enjeu stratégique pour l’UMP au regard du redécoupage territorial. Attendons que la tête de liste soit désignée pour mettre en place le processus. Mais j’ai la mire fixée sur ces élections.
On imagine que si vous souhaitez y aller, ce n’est pas pour être 26e de liste… Plutôt 3e, derrière Michel Barnier et Françoise Grossetête ?
Je ne suis pas sur les questions de place. Je veux seulement que Lyon soit bien représenté sur la liste. Si je suis 26e, c’est que j’ai décidé de pousser la liste et de ne pas être éligible. Ce qui ne ne sert pas à grand chose. Michel Barnier tête de liste de l’UMP pour les régionales ? C’était le pronostic des médias cet été. Peut être que Laurent Wauquiez, que vous m’évoquiez dans une précédente question, ne l’entend pas de cette oreille.
Et la 1e circonscription en 2017 ? Bizarrement, vous ne répondez pas…
J’ai gagné le match aller, j’ai perdu le match retour. Je pense que la belle sera intéressante.
Une belle en forme de tour de chauffe avant de retrouver Thierry Braillard en 2020 pour le fauteuil de maire de Lyon ?
Attention, je ne conditionnerai pas une candidature en 2020 aux résultats d’autres élections. Je pense que nous sommes dans le dernier mandat de Gérard Collomb. En 2020, le sortant ne sera vraisemblablement pas candidat au poste. Le reste, c’est de la politique fiction.
Votre choix de soutenir Sarkozy pour la présidence de l’UMP a déçu du côté des « Lemairistes » locaux qui pensaient voir avoir ferré après la fête de l’UMP à Mions…
J’aime beaucoup Bruno Le Maire. J’ai beaucoup d’estime, de respect et d’amitiés pour lui. J’ai fait le choix de Sarkozy car il a toujours été d’une grande loyauté dans nos relations. Aujourd’hui, l’UMP a besoin d’un patron. Celui qui a autorité pour pouvoir remettre la maison en ordre de marche, c’est Nicolas Sarkozy.
Les Primaires qu’il veut maintenir pour désigner le candidat à la présidentielle en 2017, vous les souhaitez à Lyon en 2020 ?
Il faut que les processus de décisions reviennent aux locaux pour les élections locales. S’il y a plusieurs candidats, il faut des primaires. Nous avons fait nos preuves avec cette méthode pour les municipales lyonnaises. Il est inimaginable que les militants n’aient pas voix au chapitre pour désigner leur candidat. Cette légitimité est fondamentale. Même si la question du timing est toujours prégnante. 9 mois pour faire une campagne municipale, c’est intenable. L’UMP devra lâcher la bride en local et faire confiance à ses forces vives.
Vous êtes finalement un énième suiveur lyonnais de Nicolas Sarkozy ?
Je ne suis pas. Je propose. C’est très différent.
Vous pouvez développer ?
Je veux m’impliquer nationalement sur les problématiques de l’énergie. L’UMP doit prendre un chemin pragmatique sur ces questions. Notamment celle touchant aux gaz de schiste. Quand je vois les idéologies et dogmatismes qui étouffent la nécessaire transition énergétique, je pense que le PS n’a rien compris à ces questions.
Vous allez devenir le référent « énergie » de la nouvelle team Sarkozy ?
C’est un sujet que je connais bien pour avoir été le rapporteur de la loi du 13 juillet 2011 sur l’interdiction de la fracturation hydraulique. Lorsque Nicolas Sarkozy a déclaré en septembre que la France devait profiter du gaz de schiste, je lui ai fait passer une petite note sur le texte que nous avions voté, lui rappelant que le processus législatif engagé avait été anxiogène pour les territoires. Mais il y avait également d’autres articles, notamment sur la création d’une commission de suivi, sur les possibilités d’expérimentation soumises aux délibérations de l’Assemblée nationale. Nous ne pouvons pas plus longtemps nous priver de cette connaissance scientifique majeure. C’est une faute politique grave du gouvernement. C’est ce que j’ai dit et écrit à Nicolas Sarkozy et je pense que c’est la position que nous porterons au niveau national. Nous ne devons nous priver d’aucun potentiel s’il y a une pertinence économique, sociale et environnementale.
Rien ne sert de courir, il faut partir a point….c’est ce que semble faire Michel, mais d’ici 6 ans, d’autres candidats pourraient émerger ……..