Propos recueillis par Jacques Bruyas
Cher Marc, nous nous connaissons depuis 1967, lors d’une rencontre fortuite mais cependant providentielle pour moi, alors en quête de musiciens pour un spectacle que je créais… Il serait hypocrite de nous vouvoyer pour cette interview impromptue… alors usons du tutoiement qui nous est familier.
Jacques Bruyas : A la fin des années 60, tu hésitais entre une carrière footballistique, le vedettariat musical et des études de prothésiste dentaire… Comment t’es-tu décidé ?
Marc Fraysse : C’est une histoire familiale, mon grand-père maternel, devenu aveugle suite à une opération, résidait au Cheylard en Ardèche. Je me promenais toujours avec lui, j’étais ses yeux. Il me parlait de son fils Marc, mécanicien-dentiste, décédé à l’âge de 24 ans, me disant que je lui ressemblais. Il meurt en novembre, avec ma cousine Anne-Marie nous le veillons deux jours et deux nuits, et quand on le met en terre, je prête serment de faire le même métier que son fils : prothésiste dentaire. J’étais au petit séminaire de Brioude, mon grand-père mort récemment, moi en permanence pour Pâques, deux curés : les pères Edouard et Norbert, me convoquent après les vêpres, ils me disent « Marc Henry, depuis la mort de ton grand-père, tu n’es plus pareil ! » Je leur raconte l’histoire et ils me disent que c’est mon destin. Voilà comment je me suis décidé, et suis devenu prothésiste dentaire.
Tu te plais à évoquer ton aspiration adolescente à la prêtrise. N’était-ce pas déjà une envie plus pragmatique de te mettre au service des autres ou alors était-ce vraiment une immanence divine ?
Oui, tout petit je voulais être missionnaire. Fils de papa juif et de maman chrétienne, je m’y destinais, puis il y eu mon serment, qui a tout changé, mais je suis resté fidèle à mes racines judéo-chrétiennes.
Tu as retrouvé cette spiritualité qui t’était chère en un parcours initiatique différent en Maçonnerie… Le caches- tu ou n’hésites-tu pas à le revendiquer ?
Je n’hésite pas à la revendiquer, je viens d’ailleurs de fêter mon 33e anniversaire, c’est grâce à la maçonnerie et mon parrain Jean-Jacques Gabut, que j’ai pu survivre à la mort tragique de ma petite sœur.
La spiritualité passe par les mots… et je connais ton amour pour les mots et le phrasé… Cela t’a aidé dans ton parcours politique et maintenant dans ta création de chansons… mais comment expliques-tu cet attachement à la langue ?
Je ne suis pas un grand intellectuel, je viens de parler de mon histoire. Mais j’ai toujours aimé lire, apprendre et comprendre. D’ailleurs, on a toujours besoin de se remettre en question et d’apprendre.
La langue française a longtemps été la langue des diplomates et des grands décideurs… Est-ce aussi pour son verbe que tu admires le Général De Gaulle à qui tu viens de consacrer un livre ?
Ce n’est pas seulement son Verbe, c’est son courage et sa volonté de sauver la France et de construire une France moderne, attaché aux valeurs de la République, Liberté, Égalité, Fraternité qui font que j’admire le Général, n’oublions jamais l’appel du 18 Juin 1940 !
En deux phrases, comment expliquerais-tu à tes petits-enfants notre monde contemporain complètement déstabilisé ?
C’est un monde où nous devons retrouver de vraies valeurs. Mon monde est tourné sur les valeurs du Travail, du Respect, de la Famille et de la République. Notre monde contemporain est tourné sur l’argent et l’économie. Nous devons tous, les politiques en premier, retrouver les valeurs du Gaullisme, les valeurs de l’Humain.
De tous tes mandats politiques, quel fut ton préféré ?
Élu durant 21 ans, j’ai aimé tous mes mandats, mais celui de parlementaire, c’est autre chose.
Retournerais-tu dans l’arène maintenant ?
Et pourquoi pas ? Avec mon expérience et les valeurs qui sont miennes. La politique n’est pas un métier, il ne faut pas y venir pour chercher titres, grades et indemnités mais par conviction et dans l’intérêt général, à l’image de ce que nous faisons avec mon association France Unie.
Et si nous parlions des femmes ? Serais-tu plus amoureux perpétuel qu’amant occasionnel ? Plus Roméo fidèle que Dom Juan volage ?
Je dirais amoureux sincère. Donc Roméo fidèle si cela est partagé, mais les doutes peuvent me transformer en Don Juan volage. Et il faut aussi savoir se méfier des rumeurs…
Question subsidiaire… Tu es mon aîné de quelques mois… Pourquoi restes-tu insolemment beau et jeune ? L’âge est-il un problème pour toi ?
Non, l’âge n’est pas un problème, pour le bien-être, mon secret sont les fameux « 5B » : bien boire, bouffer, bourlinguer, bosser et le dernier…. Ah ! J’ai un trou de mémoire !
» Quoi de neuf ? De Gaulle ! »
En 300 pages, Marc Fraysse aborde par des interviews d’hommes et femmes politiques et des analyses d’universitaires pointus le modernisme du Gaullisme Social et son héritage à travers des personnalités aussi riches et différentes que Jacques Chaban-Delmas ou Philippe Seguin… Le Gaullisme serait-il la solution de tous nos maux ? A lire Marc Fraysse on est fort tenté de le croire.
Editions DoMiNo
- Séance dédicace
Samedi 24 janvier de 14h à 17h
Mag Presse – 94, rue Garibaldi – Lyon 6
0 commentaires