Photo © Fabrice Schiff

Par Benjamin Solly

Le candidat du  FN Christophe Boudot détaillait son programme pour Lyon aux côtés d’un  Gilbert Collard quasi-mutique, mardi 28 janvier 2014.

« Nous ne sommes ‘les fils de p***’ de personne, nous ne sommes ‘les enc**** de sa race’ de personne. » A contretemps et s’extirpant d’une torpeur qui ne lui est pas familière, le secrétaire général du Rassemblement Bleu Marine n’aura pas brillé par sa verve lors de la conférence de presse de Christophe Boudot. Deux petites phrases puis se rendort, jusqu’au meeting tenu le soir même en salle Victor Hugo (Lyon 6^e). On donnerait presque raison à Gérard Collomb de ne pas s’encombrer de personnalités dites « nationales » pour battre la campagne des municipales. Gilbert Collard, traits tirés et gouaille en berne, aura joué les faire-valoir d’un Christophe Boudot bien déterminé, de son côté, à renverser l’échiquier politique lyonnais les 23 et 30 mars prochains.

Le secrétaire départemental du FN, accompagné de ses têtes de listes, a détaillé son contenu programmatique autour de onze thèmes, de la démocratie locale à l’environnement,  en passant par la sécurité et la famille. « Je suis en campagne depuis le mois de décembre 2012, j’ai annoncé ma candidature le 15 mars et j’ai lancé mon programme en septembre. Nous avons bouclé nos listes avec beaucoup de facilité et nous les déposerons en préfecture le 10 février prochain », rappelle-t-il. Le secrétaire départemental du FN ne manque jamais une occasion de griffer ses adversaires. Gérard Collomb accusé de « clientélisme », c’est bien à Michel Havard que Boudot réserve ses plus belles lames. « Havard est un candidat par défaut, c’est le candidat le plus terne et le moins combatif que l’UMP avait en stock », charge-t-il.

Côté projet, le candidat s’engage toujours pour une ligne de métro entre Cordeliers et Montchat, dont il estime le coût entre 500 et 600 millions d’euros. Une ligne qui rappelle furieusement le Saint-Paul/Part-Dieu porté par Havard, chacun s’accusant de pomper sur l’autre. Sur ce sujet en particulier mais également sur l’application destinée à prévenir la police en cas de danger imminent, que le FN estime avoir porté sur les fonts baptismaux avec son projet Vigilyon. Le transport constitue un axe fort du candidat, avec également la création de deux lignes fluviales, l’ouverture la nuit des lignes A et D du métro (jeudi, vendredi, samedi), la gratuité de TEO. Boudot compte également porter le fer sur les questions de fiscalité.

En effet, il promet une baisse de la pression fiscale à mi-mandat, mais également un crédit d’impôts de 250€ pour chaque ménage, au regard du trop-perçu sur la taxe d’enlèvement des ordures ménagères. Un lièvre levé par les contribuables lyonnais réunis dans l’association Canol. Seul hic, cet impôt est levé par le Grand Lyon et non pas par la Ville. Plus largement, cette question financière demeure une pierre d’achoppement au regard d’un programme fourni mais budgétivore. « On fera des audits des services, nous mettrons fin à la reconduction automatique de subventions. Notamment pour les associations communautaires ou qui viennent en aide aux clandestins », promet Boudot. Des arbitrages seront également opérés. « A choisir entre l’implantation de la Maison de la Danse à Confluence et 1000 places en crèches, notre choix est vite fait », recadre Norbert Hékimian, tête de liste sur le 6e.

« Nous avons foi en Christophe, nous pensons, qu’il peut, qu’il doit tracer son chemin sur Lyon », embraye un Collard finalement sorti de sa léthargie. La 1er mars constituera le point d’orgue de la campagne du FN  à Lyon, avec un meeting réunissant Christophe Boudot, Bruno Gollnisch et Marine Le Pen à l’Espace Tête d’Or. A un horizon plus large, le FN tiendra son congrès annuel à Lyon les 29 et 30 novembre prochains. D’ici-là, il sera peut-être entré au conseil municipal de Lyon.