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Par Benjamin Solly
A l’heure de l’apéro, c’est bien connu, les langues se délient. Et le plus bavard des 700 convives du raout organisé vendredi soir par « Acteurs de la Ville » était « naturellement » Gérard Collomb.
Immeuble New Deal. Lyon 7e. Vendredi 29 novembre 2013. 19h. Une foule encore clairsemée se presse devant la double porte de l’imposant immeuble Citroën, fleuron lyonnais de l’architecture fonctionnaliste des années 30. A l’entrée, les portiers font le job. Oreillettes vissées aux esgourdes, certains membres du cabinet du sénateur-maire de Lyon tapent des heures sup’ nonobstant leur refiscalisation par le président socialiste. Dans l’immense vestibule, deux tables sur tréteaux se font face. Il s’agit pour les invités de récupérer, avant la rupture de stock, un des badges estampillés « Je suis un(e) act(rice)eur de la ville. » L’insigne bien fixé au revers de la veste, les convives dûment accoutrés peuvent rejoindre l’étage. Faut-il y voir le symbole d’une dynamique de campagne ascendante de Gérard Collomb ? L’apéro organisé par « Acteurs de la Ville », la plateforme participative collombophile qui compte désormais un millier de membres, se met en place tranquillement. La foule, encore éparse quelques minutes auparavant, se densifie.
« Il y a un petit coté club berlinois dans ce lieu », nous souffle un proche collaborateur du président du Grand Lyon. Le style industriel donne au site un authentique côté underground qui rappelle le Raum 18 de la capitale allemande. Pour l’occasion, le commissaire-priseur Jean Martinon a sorti l’écharpe rouge de son dressing. « Rouge hermès », précise-t-il avec un regard malicieux derrière ses petites bésicles rondes. La communicante Olivia Cuir, surveillée de près par Bruno Bonnell, précède de quelques secondes le Goncourt Alexis Jenni. Tel un zébulon, le champion de gymnastique Yann Cucherat – que les rumeurs envoient en lieu et place de Thierry Braillard au poste d’adjoint aux Sports – se fraie un chemin entre les petits groupes. Il effleure la prise de guerre Blandine Reynaud, passée à l’ennemi en abandonnant le groupe municipal d’opposition mené par Michel Havard. « Pour autant, rien n’est acquis pour moi », glisse-t-elle, abandonnant le temps d’une confession sa discussion avec le conseiller communautaire Christian Barthélémy.
Prudents, certains entrepreneurs lyonnais ont envoyé leurs seconds couteaux en éclaireurs. Le directeur du développement de GL Events et ex-dircab de Collomb au Grand Lyon, Christophe Cizeron, en fait partie. Pierre Nallet, du groupe immobilier éponyme, et Gilbert Giorgi (Foncière du Montout) s’affichent côte à côte. Florence Verney-Carron (Agence Communiquez), en partance pour Crest-Volland, a sorti sa doudoune orange flashy. De son côté, Me André Soulier, ancien adjoint de Louis Pradel et Francisque Collomb, distille les bons conseils derrière son sourire carnassier. Un petit monde, qualifié d’entre-soi par les détracteurs, auquel s’ajoutent élus et différents membres des cabinets municipaux et communautaires. Georges Képénékian, Gilles Buna, David Kimelfeld, Gilles Buna, Jean-Pierre Flaconnèche, Alain Giordano, Jean-Yves Sécheresse, Michel Le Faou, Sandrine Runel, Cécile Michaux, Evelyne Haguenauer (venue contredire les échos de Gérard Angel la donnant sur le carreau) ou encore la conseillère du 6e Sylvie Stefani-Jacob pour ne citer qu’eux. Le parterre est acquis à l’invité du soir.
Introduit au lutrin par Vincent Carry, le président d’Acteurs de la Ville, « l’homme qui a transformé Lyon » va rejoindre l’estrade. Les invités tentent de le prendre en photo ou de lui claquer une bise. « Je n’ai pas besoin de faire campagne, ils le font tous pour moi », nous glisse Gérard Collomb à l’oreille avant de satisfaire à l’exercice du discours. Aux côtés de son épouse Caroline, il accède finalement au pupitre. « Énergie, diversité, indépendance », son petit mot lustre l’égo des acteurs de la ville. Et l’édile d’enchainer sur ses réalisations urbaines, des Berges du Rhône aux Rives de Saône. Extatique, le sénateur-maire hausse le ton et allie le geste à la parole. « Nous sommes tous d’origines, d’histoires et de cultures différentes, mais nous sommes tous des acteurs de la ville. Notre passion, c’est Lyon. Naturellement Lyon », termine-t-il, dévoilant (peut-être ?) son slogan de campagne.
Salve d’applaudissements. La manœuvre figurait-elle à la feuille de route du sénateur-maire ? « Parfois, il en dit un peu plus qu’il ne le devrait », nous confiait en juillet dernier Jacques de Chilly, le président de l’Aderly, lors d’un déplacement en Asie emmené par le président du Grand Lyon. Finalement qu’importe. Spontanée ou délibérée, l’intervention du sénateur-maire de Lyon a fait péter la soupape de la cocotte des municipales lyonnaises. Cela en décomplexera peut-être certains. La vraie campagne peut commencer.
Lyonpeople répond par cet article aux sommations de Collomb!
Il est grand temps de tourner la page de l’ère Collomb!
Un pin’s porté = une subvention
Gilles Buna etait donc la 2 fois? Peut-etre est-il parti avant de revenir?