Photo © Fabrice Schiff
Par Benjamin Solly
En vue des municipales des 23 et 30 mars prochains, le sénateur-maire a dévoilé les grands axes de son programme pour Lyon à l’occasion d’une conférence de presse, jeudi 27 février 2014.
Moins de six kilomètres séparent le Pathé Vaise de l’Hôtel Mercure-Saxe Lafayette. Pourtant, entre l’exercice dominical d’un Gérard Collomb peu à l’aise avec le format et les salons feutrés de la rue de Bonnel, la distance se compte en années-lumière. « On comprend que vous attendiez du politique, mais il faut aussi comprendre que le rendez-vous du Pathé Vaise était aussi celui des Lyonnais, pas seulement celui des journalistes », nous glisse à l’oreille un lieutenant du maire. Après les divertissements, il aura donc été question des projets pour la capitale des Gaules. « 300 propositions, ça a de la gueule quand même », s’enthousiasment ses proches. La séquence était attendue, certes par la presse, mais également par les candidats des listes « Evidemment Lyon. » « Il faut que le maire sorte du carcan de communication qu’on lui impose pour prendre sa pleine dimension. C’est un animal politique, pas un produit marketing », recadre une colistière du 9e arrondissement.
Devant un parterre de 150 personnes réunissant Acteurs de la ville et candidats, l’édile lyonnais a déroulé ses grands axes programmatiques. « Nous pensons l’agglomération dans sa multipolarité », précise-t-il. Subséquemment, le volet « Transports » du candidat dépasse largement les frontières géographique et délibérative de la commune, empiétant très largement sur les compétences de la Métropole. Prolongement de la ligne T1 aux hôpitaux Est par Gerland, ligne B du métro jusqu’aux hôpitaux Sud, désaturation du nœud ferroviaire lyonnais… « Nous visons également l’augmentation de la capacité du métro en termes de volume horaire et de capacité », détaille-t-il. Des lignes qui circuleront jusqu’à 2h du matin en fin de semaine, une capacité voyageur boostée et du Wifi dans les stations. Initialement envisagé au départ du Vieux-Lyon, le projet de métro E desservant Tassin a bougé. Les documents officiels parlent désormais d’une nouvelle ligne qui partirait « de l’hyper-centre de Lyon », qui correspond à la presqu’île.
L’édile souhaite également boucler le périphérique lyonnais à travers le projet d’Anneau des Sciences. Gérard Collomb a toujours tenu la finalisation de cet ouvrage à la réalisation du contournement autoroutier de Lyon. Classé en 2nd priorité par le rapport Mobilité 21, le projet d’autoroute devrait voir le jour « entre 2030 et 2050 », selon les services de la préfecture du Rhône. La consultation sur le tracé sera lancée en 2014 et le bouclage du périphérique devrait permettre concomitamment le déclassement de la portion A6/A7 qui, de Fourvière à La Mulatière, taillade Lyon. Dans le cœur de ville, le maire promet de développer les mobilités alternatives à la voiture, avec 1000 Velo’V supplémentaires, 1000 kilomètres de pistes cyclables et une jauge de voitures électriques BlueLy portée à 1000 véhicules.
Côté logements, le candidat Collomb chiffre ses ambitions. Objectif ? 3 000 logements à Lyon par an pour 9 000 annuels dans l’agglomération. « Nous maintiendrons une production d’au moins 4 500 logements sociaux par an dans l’agglomération, dont 1 700 à Lyon », s’engage-t-il. Le premier magistrat annonce aussi 6 000 logements sociaux étudiants d’ici 2020. « Sans volet social, ces projets n’auraient aucune signification », insiste-t-il. Son modèle lyonnais autour de la mixité sociale vise à faire cohabiter sur ces projets immobiliers des primo-accédants, des locataires et des personnes éligibles aux logements sociaux. « Nous voulons qu’en 2020, le logement ne représente pas plus de 30% du budget des ménages. »
Collomb l’urbain, Kimelfed l’écolo
Autour d’une dizaine de projets urbains majeurs, le maire veut « changer Lyon. » La 2e phase de Confluence, la requalification du centre d’échange de Perrache, la mutation de la Part-Dieu, les Terrasses de la presqu’île, l’Hôtel-Dieu, l’arrivée de la Maison de la Danse dans le 2e… Certains dossiers sont déjà connus, d’autres ont été dévoilés. Notamment le réaménagement de la place des Terreaux (1e), la rénovation des rues Auguste Comte et Victor Hugo (2e), la création d’une promenade urbaine sur la diagonale Moncey (3e), la végétalisation du cœur de « village » à la Croix-Rousse (4e), la ville-jardin à Gerland (7e), le renouvellement urbain complet de Mermoz Sud (8e), le réaménagement du quartier Langlet-Santy et de la zone Moulin à Vent/Grand Trou (8e), des secteurs Sauvegarde et Château à la Duchère et la connexion du quartier de l’Industrie à la Saône (9e).
Hors urbanisme pur, le sénateur-maire veut créer 3 nouvelles bibliothèques à Lyon, 5 groupes scolaires et 1000 places en crèches, ajouter près de 200 caméras de vidéosurveillances pour porter leur nombre à 600 en 2020 et mettre en place une brigade équestre pour sécuriser, entre autres, les berges du Rhône. D’autres outils doivent permettre de renforcer l’attractivité économique de Lyon et favoriser l’emploi. Le « pacte PME métropolitain » et le soutien à 200 « pépites », le projet Lyon Start Up visant à faire émerger 200 start-up pérennes ou encore le schéma d’accueil des entreprises facilitant l’accès au foncier pour l’implantation de sociétés. Le tout servi par des outils innovants pour conforter la place de Lyon parmi les smart cities européennes.
Faut-il y voir un signe ? C’est David Kimelfeld qui a présenté le volet « Ecologie » du programme de Gérard Collomb. Pour le maire du 4e arrondissement, « l’écologie doit s’articuler avec le développement économique. » Les parcs lyonnais seront ainsi connectés entre eux par des « liaisons vertes », comme le sera la Tête d’Or à Blandan autour de l’axe Garibaldi végétalisé. Autour d’un « pacte chlorophylle », Collomb veut garantir un ratio minimum de surface végétalisée en fonction de la nature du quartier. Les réponses aux défis climatiques passeront par le Plan Climat, adopté par le Grand Lyon en 2012, autour d’un triple objectif : moins 20% des gaz à effet de serre moins 20% de consommation d’énergie et atteindre une part de 20% d’énergies renouvelables. Pour ce faire, le maire sortant prévoit l’équipement des bâtiments publics en panneaux solaires.
Recours au levier fiscal et aux PPP
Transports, logement, rayonnement, attractivité économique, écologie… Le programme porté par Gérard Collomb est ambitieux, donc budgétivore. Les projets présentés seront ventilés vers les autorités compétentes. « Le Grand Lyon investit sur un mandat 2,4 milliards d’euros, le Sytral 1,1 milliards et la Ville près de 650 millions d’euros », rappelle Collomb. Le sénateur-maire compte d’ailleurs s’appuyer sur des financements complémentaires pour mener ses nombreux projets. « A Lyon, quand nous investissons un euro d’argent public, nous générons 6 à 7 euros d’investissements privés. » Du partenariat public-privé en perspective, qui a contribué à développer lors des deux précédents mandats de Collomb ce qu’il nomme « son modèle lyonnais. »
Le maire de Lyon aura également recours à l’augmentation de l’’impôt. « Quand on augmente les impôts d’un point, c’est 5 euros de plus par an pour un ménage avec deux enfants. Ça rapporte 3 millions d’euros de plus à la ville, soit près de 20 millions sur six ans », explique-t-il. Plaçant le curseur sur une hausse de « 5 ou 6 points », cette augmentation des impôts couterait « 20 euros par an pour un propriétaire. » C’est pour le maire de Lyon un des leviers qui permettra de maintenir un niveau d’investissement satisfaisant pour aller au bout de son programme. « J’attire votre attention sur tous ceux qui vous promettent des métros partout et qui ne veulent pas augmenter l’impôt. Cela me paraît pour le moins suspect. » La pique aura été l’unique saillie du maire sortant à l’encontre de ses adversaires.
Retrouvez l’ensemble du programme de Gérard Collomb sur son site de campagne
Bonjour la censure ! pas de publication de mon com… ça vous mets tant que ça dans l’embarras…?