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Par Benjamin Solly

Dans une ambiance familiale et ludique, le sénateur-maire de Lyon donnait son premier grand meeting-kermesse de campagne au Pathé Vaise, dimanche 23 février 2014. Du politainment bien sucré qui colle aux dents. Indigeste ?

« Venez dans ma salle, on diffuse un porno ! » Tout sourire, David Kimelfeld accueille une à une les personnes qui se pressent sur le seuil du multiplex. De belle tradition croix-roussienne, la blague égrillarde du maire du 4^e arrondissement aura été un moment rare de spontanéité dans cette atmosphère ultra-consumériste du Pathé Vaise. « C’est la gauche caviar ? », me demande un voisin. Non, c’est la gauche pop-corn ! Oscillant entre le criard et le vulgaire, le jaune Pathé n’éclipse pas le soleil dominical qui baigne la capitale des Gaules. Pop acidulé devrait-on dire pour coller à la tendance ? Supplice pour les yeux, cette charte graphique a le mérite d’être efficace. On bondit de salle en salle, on consomme du politique et des bonbons. Dans celle consacrée au 7^e arrondissement, le 4^e de liste Thierry Braillard teste son jab avec la team Lyon Thaï. Du côté du 6^e, chez Elvire Servien, les clowneries sont pour une fois confinées à l’espace de la scène. Forcément, on rit sous cape du choix du spectacle au regard du début de campagne catastrophique de la chirurgien-orthopédiste. Jacques Boucaud a lui fait le déplacement de Mâcon, où il est candidat aux municipales pour le PS, pour humer l’air de la campagne lyonnaise.

« It’s a small world after all… » Dans cette ambiance Disneyland, on reconnait élus, militants et sympathisants à la chèche rose qu’ils portent autour du cou. Vêtement d’identification mais également vecteur de recettes, elles sont vendues 10€/pièce. Il est un peu plus de 15h30 et le multiplex commence à se remplir. Me André Soulier ne manque pas à l’appel. « Du pied droit au pied gauche, tout est question de pointure », s’amuse un invité en le voyant arriver. Geneviève Brichet, pourfendeuse des barbouzeries de campagne, joue les juges de paix. « Je ne réponds pas aux questions des journalistes, mais si je suis ici aujourd’hui, c’est pour soutenir Gérard Collomb », glisse-t-elle, vraisemblablement plus détendue depuis qu’elle a jeté l’éponge sur le 6^e arrondissement. Attendu au lutrin à 16h30, Gérard Collomb fait le tour des ateliers, serre des louches. Ici, Grégory Daime, ancien candidat Lyon Divers Droite sur le canton Lyon VIII, porte désormais la casaque rose. Là, Blandine Reynaud, qui a quitté la bande à Havard, et le démissionnaire de l’UDI Bernard Paulin s’égayent dans cette atmosphère ludique.

Panem et circenses… On reste bien éloigné du politique. Les seuls programmes distribués sont ceux des animations proposées dans les différentes salles. Et pour Lyon ? Il faudra attendre le passage à la tribune de Gérard Collomb pour aller plus loin que cette impression de kermesse géante. Sur scène, le sénateur-maire de Lyon déroule sur son bilan à travers l’évocation des quartiers : l’Industrie, les Brotteaux, les Jacobins, la Confluence… Coutumier du fait, Collomb finit par élargir son propos aux propositions de campagne. Avec son « pacte chlorophylle », l’écologie se taille la part du Lyon. « Ça se passe mieux qu’à Nantes avec Notre-Dame des Landes », se marre Alain Devornique, directeur de cabinet du maire du 8^e. 500 kms de pistes cyclables en 2020, un objectif de 110 000 arbres à la fin du 3^e mandat (soit 3 000 arbres à planter), la réalisation des Terrasses de la Presqu’île, le lancement des études du métro E jusqu’à Tassin, la réhabilitation de la Part-Dieu (gare et esplanade)… Collomb a également réservé quelques belles lames à ses adversaires. « Contrairement à ce que prétendent certains, les élections municipales sont des élections locales. Et ce que les Lyonnais auront à choisir, c’est un maire. Un bon maire (…) Le maire de Lyon doit avoir une vision et un cap  pour sa ville. Il doit être capable de la faire rayonner partout dans le monde. Il doit avoir fait ses preuves. »

Lyrique, le sénateur-maire de Lyon a également déclaré son amour aux Lyonnais. « J’aime votre énergie, votre enthousiasme, votre diversité », glisse-t-il. Avant de verser dans le mystique : « Lyon a donné un sens à ma vie. »  Un exercice oratoire qui a entamé le physique de Gérard Collomb, ressorti lessivé de sa prestation. Au moment où son équipe le rejoint sur scène pour entonner « On va gagner ! », le sénateur-maire bat mécaniquement des mains. Son regard est ailleurs, son teint blafard. « Vous savez, tenir un discours ici, dans mon arrondissement, dans ce quartier de l’Industrie que j’ai contribué à transformer, c’est pour moi une émotion très forte », nous a-t-il confié après l’événement. Certains colistiers évoquent de leur côté « la trouille » du sénateur-maire de Lyon, pas si serein pour les 23 et 30 mars prochains, qui s’exprime à travers cette forme d’émotivité. Une tension palpable. « J’ai failli emplâtrer un de vos confrères », confesse d’ailleurs Georges Képénékian avec une nonchalance masquant sa crispation.

Pomme de discorde ? Le nombre de spectateurs rapporté par les premiers articles de presse oscille entre 800 et 1 200. « Au dernier comptage, nous sommes 2 200 », tentent de recadrer les communicants de la campagne. Au Pathé Vaise, qui des journalistes ou des collombophiles rejouent La vérité si je mens ? Le chiffre variera de quelques centaines de spectateurs, passant de 2 000 à 2 100, jusqu’à 2 500 pour le blogueur Romain Blachier. Les petites polémiques quantitatives tenant plus de la comptabilité d’épicier que des enjeux de campagne, pas certain que ces minuscules à-côtés intéressent beaucoup les Lyonnais. On n’est pas à un grain de pop-corn près…