Municipales 2014. Villefranche à la croisée des chemins

12 mars, 2014 | POLITIQUE | 0 commentaires

Photo © DR

Par Benjamin Solly

Solidement implanté à Villefranche, Pascal Ronzière tentera de ravir le siège de maire au député UMP Bernard Perrut qui, s’il se représente aux élections municipales, sera frappé par le cumul des mandats dès 2017.

Un mouchoir de poche. Pour 238 voix, Bernard Perrut avait soufflé la mairie de Villefranche à son challenger Pascal Ronzière en 2008, succédant à Jean-Jacques Pignard à la tête de la municipalité caladoise. Une campagne épique où les deux hommes n’avaient pas cédé une once de terrain jusqu’au 2nd tour de l’élection et la victoire à l’arrachée du député du Beaujolais. Les deux hommes se retrouveront sur la ligne de départ des municipales, qui se tiendront les 23 et 30 mars prochains. Ils retrouveront dans les starting-blocks la secrétaire départementale du PCF du Rhône Danielle Lebail qui portera une liste d’union de la gauche, et Florian Oriol, cornaqué par le revenant Jean-Pierre Barbier, pour le Front National. A noter également la poussée du politique dans les quartiers autour de la liste portée par l’Union Démocratique pour la Diversité (UDD). Les enjeux sont nombreux pour la capitale du Beaujolais, à l’ombre de son voisin lyonnais.

A l’heure où Lyon parachève sa Métropole, la frondeuse Calade pourra-t-elle continuer à bouder la zone d’attractivité économique majeure du territoire ? Lors de ses vœux à la presse en janvier 2013, Gérard Collomb, favori pour la présidence de la future Métropole, se faisait l’écho du louvoiement des élus caladois« J’ai vu un président d’agglomération (Jean Picard -NDLR) qui bouge et un maire qui ne bouge pas pour des raisons politiques. Que Bernard Perrut se rassure, dans 25 ans, ses électeurs auront 105 ans et, grâce à l’allongement de l’espérance de vie, il sera réélu. »  Depuis, les lignes semblent avoir bougé. « Lors de la réunion des maires du Rhône au Conseil Général, le maire de Lyon, dans son intervention, a reconnu la place de Villefranche, et la complémentarité de la Métropole et du Nouveau Rhône », écrivait Bernard Perrut sur sa page Facebook le 20 février dernier. Profiter du rayonnement du mastodonte lyonnais, mais également avoir voix au chapitre de l’aménagement territorial, c’est aussi l’enjeu pour Villefranche.

En effet, le sénateur-maire de Lyon, qui souhaite boucler lors du prochain mandat le périphérique lyonnais, a toujours tenu la finalisation de cet ouvrage à la réalisation parallèle d’une autoroute contournant l’ouest lyonnais. Baptisé COL, le projet avait fait trembler les vallons du Beaujolais en novembre 2010, quand Michel Mercier tentait de le faire avaler aux conseillers généraux sous couvert d’une mutualisation des services hospitaliers entre Villefranche et Tarare. Classé en 2nd priorité du rapport de la commission Mobilité 21, l’engagement du grand contournement autoroutier de Lyon « doit être envisagé entre 2030 et 2050 », selon la préfecture du Rhône. « Le rapport évoque deux tracés, l’un par l’ouest et l’autre par l’est, sans  trancher. Le préfet de Région va engager des études en 2014 pour apprécier l’intérêt des différentes options envisageables », précise l’Etat. Le projet porte en son sein une mutation profonde du territoire. Un Beaujolais désengorgé ou défiguré par l’autoroute ? Le dossier promet d’être explosif pour le prochain maire de Villefranche.

Promise à une refonte administrative après l’entrée en vigueur de la Métropole le 1er janvier 2015, Villefranche est à la croisée des chemins. Sera-t-elle promue au rang de préfecture du nouveau département du Rhône, comme le souhaitent Bernard Perrut et Pascal Ronzière ? L’article 39 de la loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (MAPTAM) a autorisé le Gouvernement a prendre par ordonnance les mesures de nature législative précisant le territoire d’intervention de l’État et l’organisation de ses services déconcentrés. C’est dans ce cadre que sera définie la redistribution des compétences dans le futur département du Rhône. Ces ordonnances doivent intervenir dans les 12 mois suivant la promulgation de la loi soit au plus tard le 26 janvier 2015. « S’agissant du siège du nouveau département, la loi MAPTAM précise que le chef-lieu du département du Rhône est fixé après consultation du conseil général du Rhône et du conseil municipal de la commune intéressée. Pour le moment aucune délibération portant sur ce sujet n’a été reçue en préfecture », déclarent les services.

Reste que les questions d’emploi, d’urbanisme et d’attractivité économique composent l’essentiel de la problématique caladoise. Une préfecture certes, mais sur un territoire exsangue ?  Le foncier de l’hyper-centre vampirisé par les programmes immobiliers, la périphérie dédiée aux grandes enseignes alors que le pouvoir d’achat des caladois est maigre (la moitié des habitants ne sont pas imposables sur le revenu), la ville renvoie parfois cette impression fallacieuse de dortoir et de centre commercial à destination des Lyonnais. Sise sur les contreforts du Beaujolais, Villefranche aura beaucoup d’autres atouts, touristiques et économiques, à faire valoir lors de la prochaine mandature. Le député-maire sortant Bernard Perrut, qui sera frappé par le cumul des mandats dès 2017, n’a toujours pas informé les électeurs de ses intentions quand sonnera l’heure du choix entre la Ville et sa circonscription.

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