Emmanuel Hamelin, Nora Berra, Georges Fenech, le futur trio gagnant pour Lyon ?  Photo © BS

Par Benjamin Solly

Coup de tonnerre sur les primaires UMP de Lyon. Emmanuel Hamelin et Nora Berra ont décidé de soutenir Georges Fenech et appellent leurs électeurs à rallier le panache du député givordin pour le 2e tour de scrutin.

« Fais comme à Givors. » Qui s’attendait à ce qu’Emmanuel Hamelin et Nora Berra illustrent la fameuse expression lyonnaise – qui signifie ‘fais comme tu veux’ – en prenant fait et cause pour la candidature de Georges Fenech ? « C’est une demi-surprise et le coup politique pour les deux n’est pas si mauvais », lâche un cadre de la fédération UMP du Rhône. Jadis présenté comme le parachuté, l’homme de Givors, qui se rêve en édile lyonnais, devient désormais « le candidat du rassemblement et de l’efficacité » dans la bouche de Hamelin. Pour Nora Berra, qui ne cache pas la dimension politique – voire politicienne – de son ralliement, Georges Fenech est « le plus à même de battre Gérard Collomb. » « Les ambitions personnelles sont plus fortes que les convictions. Et les Lyonnais ne seront pas dupes des petits arrangements », a réagi dans la foulée Michel Havard par voie de communiqué.

Pourtant, dimanche soir à la fédération UMP du Rhône, la TSF avait plutôt la côte. Comprenez Tout Sauf Fenech. On attendait même une annonce des élus lyonnais candidats aux primaires allant dans ce sens. Mardi soir, c’est la VHS qui se taille la part du Lyon. Comprenez Virons Havard Significativement. « Nous ne prenons pas cette décision contre Michel Havard », glisse Nora Berra. « C’est le fruit d’une réflexion politique », continue Hamelin. Celui que Fenech présentait comme l’homme qui a perdu trois élections consécutives recouvre subitement « un avenir important à Lyon avec des projets déjà très précis. » « Nous allons faire l’union dès lundi », promet même Fenech à l’attention de Michel Havard, ravi sans doute de se voir offrir un strapontin après avoir mené pendant 5 ans l’opposition municipale à Lyon.

Au-delà de l’effet de surprise d’un tel ralliement, préfiguré par celui de Myriam Pleynard, Georges Fenech réussit un coup politique tonitruant. Au jeu des calculs, ses voix du 1er tour ajoutées à celles de ses nouveaux alliés le porterait en tête au 2nd tour avec 60% des voix. Sur le papier uniquement. Car la lame de fond semble bien avoir commencé. En effet, certains équipiers de Berra et Hamelin, ébaubis par ce choix de stratégie, s’apprêteraient à rejoindre l’écurie de Michel Havard. A 18h15, huit militants de Berra se sont présenté chez Michel Havard « pour aider. » Président du comité de soutien de Nora Berra, Jean-Michel Dubernard, ancien adjoint de Michel Noir, a déjà rendu public son ralliement à Michel Havard par communiqué de presse.

« Nous n’avons rien promis », explique l’entourage de Georges Fenech. Pourtant les tractations sont allées bon train dans tous les camps. Nora Berra a posé ses conditions à Michel Havard. Selon plusieurs sources, elle aurait fait le choix de le soutenir si ce dernier acceptait d’abandonner la tête de liste à son profit. Un peu cher pour 397 voix potentielles. Aussi, a-t-elle bluffé ? Il se murmure que l’eurodéputée aurait arraché l’accord d’Emmanuel Hamelin après lui avoir signifié que 26 de ses plus proches équipiers, sur la trentaine qu’elle comptabilise, avaient fait le choix de Fenech, alors qu’ils avaient majoritairement tranché pour Havard.

Copé veut-il flinguer Havard ?

Et si l’enjeu de ce scrutin dépassait même la problématique lyonnaise ? Dimanche soir, un taulier de la fédération du Rhône le confiait. « Si nous n’avions pas eu les primaires, Georges Fenech aurait été désigné par la commission nationale d’investiture », portait-il à nos oreilles indiscrètes. Aussi, des coups de téléphone auraient été échangés entre Jean-François Copé, Nora Berra et Emmanuel Hamelin au début de cet entre-deux tours. L’homme de Meaux a-t-il tenté d’infléchir les positions initiales des deux conseillers municipaux ? Les deux nouveaux alliés de Georges Fenech s’en défendent, préférant souligner « un choix objectif. » Voué aux gémonies au début de ces primaires par ses adversaires, Georges Fenech montre une fois de plus qu’il est un redoutable animal politique.