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Par Benjamin Solly
Malgré ses dénégations initiales, l’ancien ministre du Budget a reconnu avoir possédé un compte à l’étranger, créditeur d’environ 600 000 euros, confirmant ainsi les informations de Mediapart. Il est mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale, risque cinq ans de prison et 375000 euros d’amende.
Un séisme pour la gauche, qui avait défendu le soldat Cahuzac contre vents et marées, et ce malgré les éléments tangibles (enregistrement audio) apportés par Mediapart qui a révélé le pot-au-rose. « Dévasté par le remords », l’ancien ministre assure avoir « été pris dans la spirale du mensonge. » « Je m’y suis fourvoyé », reconnait-il dans un communiqué publié mardi 2 avril 2013, alors qu’il était entendu à sa demande par les juges Roger Le Loire et Renaud van Ruymbeke au pôle financier à Paris. Pour le président de la République, Cahuzac a « commis une impardonnable faute morale » en « niant l’existence de ce compte devant les plus hautes autorités du pays, ainsi que devant la représentation nationale. »
Invitée d’Europe 1 mercredi 3 avril 2013, la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem a volé au secours de la défaite de l’exécutif national sur cette affaire, ne mâchant pas ses mots. « Nous sommes tous accablés par une forme de tristesse et de trahison (…) Nul n’est à l’abri d’avoir un menteur dans sa famille. Cela ne peut pas ête la responsabilité collective d’un gouvernement, qui par ailleurs est engagé dans l’exemplarité de la vie publique… mais qui avait un menteur en son sein nous le reconnaissons. »
La Lyonnaise assure que François Hollande et Jean-Marc Ayrault n’étaient « pas au courant » de l’existence du compte suisse de Cahuzac. Une défense mise à mal par le Canard Enchainé. Don son édition du jour, l’irrévérencieux palmipède assure que « Hollande dispose depuis Noël d’une note embarrassante de Beauvau (…) ce document affirme que, d’une première analyse de la bande enregistrée, il ressort qu’elle n’a pas été trafiquée et que la voix est proche de celle du ministre du Budget. »
La nouvelle désole évidemment les socialistes lyonnais. Nathalie Perrin-Gilbert a réagi avec tempérance, assurant « qu’il ne sert à rien d’accabler Jérôme Cahuzac maintenant qu’il a avoué. » « Nous interroger collectivement sur notre éthique politique, oui », conclut la maire du 1e arrondissement, avant de balancer un scud à l’attention de ses camarades socialistes. « J’aurais du garder les tweets de copains du ps m’ordonnant des excuses publiques parce que j’avais osé RT des tweets de @fabricearfi » règle-t-elle gentiment ses comptes, après avoir pris le contre-pied de son parti en relayant le travail d’investigation du journaliste lyonnais de Mediapart.
Du côté de l’élu du 7e arrondissement Romain Blachier, la soupe à la grimace est bien amère. « Je pense aujourd’hui à tous les gens devant lesquels je rame à dire que ‘non les politiques sont pas des cons ni des corrompus’…et je me dis que Cahuzac a démoli ce travail, ce modeste travail. » Des camarades socialistes désenchantés, qui apprendront, entre tristesse et soulagement, l’exclusion de Cahuzac du parti à la rose. Une décision rendue publique mercredi matin par le 1e secrétaire Harlem Désir, qui estime que « Jérôme Cahuzac s’est exclu de fait du Parti socialiste » et qui demande au toujours député « de renoncer à ses mandats électifs. »
La droite lyonnaise s’est également fait l’écho de ces aveux, oscillant entre véhémence et prudence. Pour le député de la 13e circonscription du Rhône, la dégringolade de Cahuzac est l’échec du gouvernement. « Suite à ce naufrage du président de la République et du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, qui a soutenu Jérôme Cahuzac, doit en tirer toutes les conséquences en démissionnant de son poste de Premier ministre », réclame Philippe Meunier. Le leader de l’opposition municipale lyonnaise se montre lui moins offensif. « Nous avons respecté en son temps la présomption d’innocence de M. Cahuzac. Restons dignes jusqu’au bout et laissons sereinement travailler la Justice. Continuons plus que jamais le combat des idées, soyons force de propositions, préparons dès aujourd’hui une alternative crédible pour la reconquête de demain », recadre Michel Havard.
L’UDI a également saisi la balle au bond. La conseillère régionale Fabienne Lévy est allée crescendo sur les réseaux sociaux. « L’ensemble des membres du gouvernement doit prendre la mesure de ce mensonge couvert depuis quatre mois. Soyons en colère ! », publiait-elle mardi sur sa page Facebook avant de remonter au créneau ce jour. « Je veux la démission du premier ministre car il ne pouvait pas ne rien savoir et je veux la dissolution de l’assemblée nationale pour que le président de la République car la cohabitation permettra peut-être de sortir de la crise économique où nous sommes (sic). »
Denis Broliquier interpelle de son côté « les hiérarques socialistes » qui, selon lui, « sont directement responsables de la progression des votes extrémistes, à gauche comme à droite. » Le maire du 2e arrondissement et président du parti local Lyon Divers Droite va même jusqu’à jouer les Cassandre. « Désormais, Hollande doit faire toute la lumière sur cette affaire, et sur celles à venir, quitte à ce que d’autres ministres plongent. »
En attendant, les traits d’humour et autres photomontages fleurissent un peu partout sur les réseaux sociaux, pour accabler un peu plus Jérôme Cahuzac. Un déferlement plus ou moins heureux. Le secrétaire départemental adjoint de l’UMP Yann Compan trouve une source de réjouissance pour l’ex-ministre. « Cahuzac, consolation, échappera à la taxe des 75%, il n’a que 600 000 euros sur son compte », publie-t-il. Une dérision qui a plus des allures de politesse du désespoir. Quant au sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, il n’a pas pipé mot sur l’affaire Cahuzac. « Splendeur des forts ou refuge des faibles », voilà toute l’ambigüité du silence selon de Gaulle.
M. Blachier est d’un culot sans nom.
Lui qui soutient systématiquement son fournisseur d’argent public détourné légalement via l’écrêtement ne s’est jamais prononcé sur les transactions de Jean-Louis Touraine, Professeur des Hôpitaux publics, avec des sociétés offshore dans des paradis fiscaux.
https://usgene.sequencebase.com/patents/US20030157063
Quelle est la justification qui explique qu’un Professeur de Médecine des Hôpitaux PUBLICS et ou un élu de la République fasse des transactions avec des sociétés offshore dans des paradis fiscaux ?
On attend les réactions lyonnaises à l’affaire Touraine.
http://www.lyoncapitale.fr/Journal/univers/Actualite/Polemique/Quand-Jean-Louis-Touraine-prospectait-aux-Iles-Bermudes