Les
médias lyonnais
Matt Gallet - Lyon Capitale du 19 mars 2003
La guéguerre entre Scoop et Espace
Daniel Perez, Sylvie Tellier et Gérard
Collomb
aux 10 ans des Scoop du Grand Lyon
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour les radios
lyonnaises. Les chiffres Médiamétrie le montrent : les stations locales
tiennent la forme (lire encadré). Pour autant, ne voir la radio lyonnaise
que comme une grande pirogue où tout le monde pagayerait joyeusement dans
la même direction serait une erreur. En effet, derrière des aspects lisses
et policés se cachent de grandes animosités entre les radios commerciales
lyonnaises. Emblème de cette virulence : le duel médiatique que se livrent
les deux directeurs des principales radios lyonnaises : Daniel Perez
(Radio Scoop), et Christophe Mahé, (Espace Group, la société
réunissant Radio Espace, Couleur 3, Fréquence Jazz, etc.). Rumeurs,
campagne de pub, course effrénée à l'audience, tous les moyens sont bons.
Mais plus qu'une joute mercantile, la guéguerre que se livrent les
concurrents est surtout une lutte entre deux personnalités fortes qui se
sont, en quelques années, construit un véritable royaume médiatique. Mais
aussi, deux manières très distinctes de faire de la radio.
D'un côté, Daniel Perez. Affable et commerçant mais surtout vieux briscard
des ondes, Perez fut l'un des premiers, en 1981, à se lancer, avec Radio
Scoop (première radio du Grand Lyon) dans l'aventure des radios libres,
avec toujours le même but : être le meilleur et faire la nique aux grands
réseaux parisiens (Europe 1, NRJ, etc.). Gourou radiophonique, patron
attentif, Pérez a l'il sur tout et s'occupe personnellement de tout.
D'ailleurs rien ne lui échappe : du plus anodin problème technique à la
toux passagère du stagiaire, en passant par la porte mal fermée des
toilettes, Super Perez est là. Étouffant, pour certains, impressionnant
pour d'autres, l'interventionnisme quasi exagéré du patron de Scoop est
sans doute ce qui donne le supplément d'âme à la radio lyonnaise. Mais
aussi son aspect parfois un peu lissé. Notoirement old school, Daniel
Perez croit très peu à la diversification. Il a d'ailleurs toujours choisi
de ne miser que sur un seul et même cheval : Scoop. Une prise de risque
qu'il contre-balance par le formatage très F.M. de sa station et un
matraquage marketing continu. Résultat : une excellente image de marque
qui le met, pour le moment, à l'abri des réseaux.
De l'autre, Christophe Mahé. Outsider radiophonique, ce dernier ne s'est
lancé pleinement dans la radio que dans les années 1990. Premier du marché
à lancer des radios thématiques (classique ou jazz), Christophe Mahé, qui
n'a jamais passé son bac, gère aujourd'hui un important groupe médiatique,
possédant des radios dans toute la France. Farouche indépendant,
businessman reconnu, Christophe Mahé - un chouia autocratique - passe le
plus clair de son temps à travailler. Ce qui lui laisse peu le loisir
d'intervenir dans le fonctionnement de ses radios. Plus gestionnaire
En radio, il faut vraiment être idiot pour ne pas gagner d'argent que
créatif Je n'innove pas : je copie, le directeur d'Espace Group
laisse les coudées franches à ses animateurs. Contrairement à son
adversaire, Christophe Mahé a, pour sa part, fondé tout son empire sur de
multiples sociétés. (radios, Internet, presse, émissions télé) Misant plus
sur le succès du rapport de proximité que sur l'image de marque, Mahé
apparaît comme plus raisonnable, mais également moins enthousiaste.
Reste que si les deux combattants s'opposent sur bien des points, ils se
rassemblent sur d'autres. Notamment sur le format quasi identique de leur
radio leader (Scoop et Espace) et sur le fait qu'ils rêvent tous deux de
voir l'autre disparaître. Un rêve qui les pousse sans cesse à se
renouveler. Comme le montre l'extension future de Scoop à Grenoble et
Besançon. Ou l'achat, par Christophe Mahé, de la hiphopesque radio
parisienne nommée Générations. Tout laisse donc à croire que nos deux
princes de la radio lyonnaise devraient encore cohabiter un bon moment.
Tout en continuant à s'en envoyer gentiment plein la trogne.
Extrait du dossier « Radios lyonnaises » à consulter sur
www.lyoncapitale.fr
A
suivre, La Comareg cède Delta Diffusion
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