Faits
Divers
Yves Alègre - Le Progrès du jeudi 3 octobre 2002
Lagaf´, TFI et les
quatre coquins
La cour d'appel de
Lyon examinait, hier, le piratage de l'émission " L'Or à l'appel " par un
quatuor de vieux routiers des jeux TV et radios. Ont-ils usé de manuvres
frauduleuses ? Non, avaient répondu les juges de première instance avant
de les relaxer.
Fort heureusement, le ridicule ne tue pas. Arnaquée par de fieffés fripons
parvenus à pirater le jeu " L'or à l'appel ", en 1996 et 1997, TFI
invoquait un préjudice d'image, hier, devant la cour d'appel de Lyon, à la
suite de l'écho médiatique rencontrée par cette affaire.
L'épisode ressemble furieusement à un remake de l'arroseur arrosé. " L'Or
à l'appel ", émission animée par cet incarnation de l'esprit voltairien
qu'est le sieur Lagaf´, n'était rien d'autre qu´une machine à fric
pour griller la concurrence dans la course à l'access prime time. Avec
deux millions d'appels téléphoniques par soirée, l'audimat grimpait et,
avec lui, le tarif des écrans publicitaires. A malin malin et demi, TFI
serait tombée sur plus filou. Pas très moral ? Pas moins que les chefs
d'uvre de bon goût que sont " Le maillon faible " ou " Qui veut des
millions ? ". Tout cela ajouté aux " casseroles " que traînent la chaîne
privée en matière d'information et l'on comprendra que le préjudice
d'image (?) déploré par TF1 fasse rire sous cape. Petits malins mais pas
escrocs les quatre vieux amis épinglés ? Ainsi en avait-il été jugé. Voici
un an, les prévenus avaient été relaxés au motif que les manuvres
frauduleuses constitutives du délit d'escroquerie en bande organisée
n'étaient pas démontrées.
Dès lors, la question s'est à nouveau retrouvée au cur des débats. Grâce
à leur " science ", les garnements, un Lyonnais en tête, sont parvenus à
rafler la mise à 26 reprises sur un total de 263 émissions. Montant des
gains obtenus : 1,3 million de francs. Le quatuor proteste toujours de sa
bonne foi. Voilà trente ans que ceux-là écument les jeux radiophoniques et
télévisés. Du légendaire " Jeu des mille francs " de Lucien
Jeunesse jusqu´à " L'Or à l'appel " donc. Une vraie passion du jeu.
Sans mépriser l'appât du gain. Jacquy, Jean-Pierre et
consorts sont loin de la dégaine féline que promènent Redford et
Newman dans " L'arnaque ". L'air plutôt chaffouin, ils ont toujours
joué collectif, en équipe. L'un spécialisé en histoire et géographie, les
autres dans le sport, le cinéma. Ce jeu concerté, en réseau, l'accusation
ne le leur reproche pas. Il en va différemment du recours à un indicatif
téléphonique de France-Télécom qui leur permettait d'accéder au standard
de " L'or à l'appel " avant le million d'autres joueurs. Cet indicatif
était affecté par l'opérateur à des travaux de contrôle et de maintenance.
Un numéro interne, privé, interdit à un autre usage ? Deux des prévenus,
alors employés de France-Télécom, répètent que le fameux indicatif
figurait sur Internet. De même, tous déclarent qu'avoir joué sous des noms
d'emprunt n'était pas " tricher ".
Au fil de l'enquête, une trentaine de prête-noms sont apparus. L'huissier
de TF1 chargé de vérifier l'identité du gagnant étaient orienté sur ces
personnes. Volonté des joyeux lurons de contourner le règlement de
l'émission stipulant qu'un gagnant ne pouvait se représenter avant un
délai d'un an ? Réponse : " Nous ignorions le règlement de l'émission,
il n'a jamais été diffusé au public ". Alors ? Intention et manuvres
frauduleuses ? Ou pas ? Le ministère public s'est efforcé d'accréditer
l'idée de malversations à travers deux arguments. D'abord " l'usage
répétitif et non pas isolé de l'indicatif de France-Télécom afin
d´optimiser les chances ". Et puis, l´avocat général ne croit pas en
l'ignorance du quatuor relative au règlement du jeu : " Sinon, pourquoi
aurait-ils dissimulé leurs noms ? C´est la preuve qu'ils savaient ".
Des peines de prison avec sursis ont été requises. Mais aussi des amendes
allant de 9 000 à 15 000 euros.(...)
A
suivre, Elle se tue avec son bébé du haut de la basilique de
Fourvière...
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