L'Olympique
Lyonnais
Philippe Chassepot, Le Journal Du Dimanche - 23 décembre 2001
Bernard
Tapie :
« Ce championnat est nul ! »
JDD :
Quelle est votre opinion sur le niveau du championnat de France ?
Bernard
Tapie : Il est objectivement et authentiquement nul, mais
passionnant. Regardez les trois meilleures équipes françaises :
Lille, Lens et Lyon. Aucun joueur de ces trois équipes ne peut avoir sa
place dans les cinq meilleurs clubs des quatre grands championnats européens.
Je me fais vraiment chier pendant les matches. C'est terrifiant. Mais le
championnat est passionnant parce que la qualité de caractère des
joueurs est intacte.
Les
spectateurs sont pourtant de plus en plus nombreux...
Les
puristes souffrent, mais ils ne vont plus au stade. Il y a beaucoup de
« gogols » qui sont venus après la coupe du monde, qui vont
au foot comme on va au cirque. Ils ne comprennent rien aux règles, ils
savent tout juste que les jaunes c'est les leurs et les blancs les
autres, ils ne savant pas faire la différence entre un amorti et une
reprise de volée. Mais ils voient des mecs qui se donnent, qui ont une
condition physique impeccable.
La
démarche des clubs les plus riches pour récupérer la propriété des
droits télé vous paraît-elle juste ?
Bien
sûr ! Il faut même aller bien plus loin. Si j'étais à la Ligue,
après la télé et la radio, j'empêcherais la presse écrite
d'entrer dans le stade. Le football professionnel, ce n'est pas un
bien public, il doit y avoir un droit d'utilisation de l'événement.
Tout
à l'heure, ces accolades d'Aulas, Martel et Bourgoin... Vous semblez
avoir gardé beaucoup d'amis dans le football français ?
C'est
ça, la famille du football français ! Ils sont tous amis et ils se
détestent. Remarquez, ils sont sincères dans les deux cas. Ils
s'aiment bien, ils ont tellement de points communs... Mais derrière ça,
c'est à celui qui baisera l'autre le plus fort. Prenez mon ami
Bourgoin... Il m'embrasse devant vous, mais il dit dans la presse :
« Tapie mord pas les gros chiens... » Au contraire, je
n'aime que les gros chiens. Si Bourgoin m'emmerde, je ne vais pas me gêner.
Ils
sont en tout cas d'une grande prévenance avec vous.
Faut
pas déconner, ils m'en ont fait quand même beaucoup, il ne manquerait
plus qu'ils m'en veuillent ! Comme si un mec te pique ta femme et
ton pognon, et qu'en plus il te fait la gueule ! Ils sont quand même
un peu reconnaissants, ils savent que c'est moi qui ait monté le
football français de quelques étages, et tout le monde en profite
maintenant.
|