Les humeurs de Justin Calixte
Chronique satirique
du 11 octobre 2002
Surexposition
Un certain nombre de
personnes bien en cour auprès de médias influents, ont décidé de faire de
Delanoë, un icône, un emblème. Ah ! Delanoë Président de la
République, ça en aurait de la gueule ! La France moderne "boboïfiée",
serait aux anges pendant que la France éternelle, c'est-à-dire ringarde, y
laisserait des plumes. Ô joie, ô revanche, ô jouissance infinies.
Il existe des fous,
des gens fragiles - la gauche libertaire se refuse de les prendre en
compte - intoxiqués par la violence télévisuelle et cinématographique, qui
rêvent de jouer les Armaguedon aux petits pieds. Le malheur de toute
société est qu'elle n'est pas exclusivement composée de gens cultivés,
instruits, intelligents, capables de distance et d'humour. Beaucoup plus
qu'on ne le croit - de plus en plus, je le crains - sont frustres,
rustres, violents, primaires, désaxés. Faire comme s'ils n'existaient pas,
au nom de la liberté d'expression, est suicidaire.
Si les livres, la
presse, les médias choisis par ceux qui les reçoivent, doivent bénéficier
d'une liberté d'expression absolue, il serait temps de réfléchir
sérieusement au rôle dévastateur des médias grand public, non sélectifs,
qui s'adressent à tous sans exclusive, qui abreuvent d'images, des
personnes qu'il conviendrait de protéger contre elles-mêmes - n'en
déplaise à July, Mamère, Aridsson, Begbeder et
autres histrions démagogues et irresponsables .
Est-ce si difficile
à comprendre ?
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Nobody is perfect
"Je déteste les
hommes politiques et les homosexuels."
C'est la déclaration
faite par l'agresseur de Delanoë pour expliquer son geste fou. Voilà
pourtant un garçon qui ne devait pas être complètement mauvais puisqu'il
avait suivi les conseils de nos élites bien pensantes en s'adonnant aux
plaisirs du canabis.
Je connais quelqu'un
qui hait les politiques, les journalistes, et déteste l'homosexualité
triomphante. Dieu merci, il ne fume pas de haschich. Il hait même ceux qui
en fument et encore plus les inconséquents qui en font la promotion. En
plus, il n'a pas d'arme blanche et se couche tôt.
Ouf, certains l'ont
échappé belle !
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Delanoë (suite)
Qu'a demandé
Delanoë à ses premiers visiteurs ? Des fleurs ? des friandises ? Une
cigarette ? Vous n'y êtes pas. Il a demandé bien sûr des journaux. Ah !
Miroir ! Mon beau miroir ! Il y a des drogues douces extrêmement
dangereuses, notamment celle qui touche la gente politico-narcissique.
"Combien de photos
aujourd'hui ? Est-ce mon bon profil ? Combien de citations ? Tu m'as vu
dans Libé ? Sympa, non ! Et t'as vu ce que Le Monde dit sur moi ?"
Delanoë aura eu un
magnifique réveil. Il était à la une de tous les journaux. L'arme blanche
était remplacée par des larmes de crocodiles.
Mais quand on a
failli passer l'arme à gauche, peut-être est-ce réconfortant.
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