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/ JUSTIN CALIXTE



13 mai 2002

 

Le retour de Justin Calixte

 

Toussaint Pothin a finalement quitté la fosse au Lyon-People. Il avait accepté de reprendre la chronique de Justin Pointcom en s'inspirant de son "style". Il avait si bien réussi que nombreux furent ceux qui confondirent l'original et le pastiche.

 

Nous nous sommes tournés tout naturellement vers celui qui avait initié cette rubrique en mai 2000.

 

Retour donc de Justin Pointcom, alias Justin Calixte, alias "Kivousavez".

 


 

Les humeurs de Justin Calixte - lundi 13 mai 2002

 

Coucou, me revoilou !

 

Avant d'attaquer cette nouvelle série de chroniques, je ne peux résister au plaisir de vous proposer un copié-collé de quelques extraits de chroniques écrites en 1997 dans un hebdomadaire lyonnais :

 

« ... Voilà sans doute pourquoi aujourd'hui le fossé se creuse entre les "élites" (si j'ose dire) et les citoyens, pourquoi ceux-ci traînent les pieds pour aller voter, pourquoi un jour ou l'autre tout cela se terminera dans la violence pour imposer une nouvelle élite (qui malheureusement n'existe pas) ou une fausse élite composée de concierges, de gardiens de la paix et de boutiquiers. Qui pourra faire comprendre à nos élus que tout ce qui se prépare est de leur faute... qu'ils sont en train de creuser leur tombe... et accessoirement celle de la France."

 

"Il est dommage que nos brillants analystes ne mettent pas davantage en avant un fait pourtant irréfutable pour expliquer les "malheurs" des villes subjuguées par le Front National : elles ont toutes été longtemps dirigées par des maires communistes ou par des équipes municipales de gauche à forte présence communiste... L'électeur de base communiste ou Front National (n'en déplaise aux uns et aux autres) est le même : simplificateur, intolérant, conservateur, borné, à la recherche de bouc-émissaire (ici, le patron, le bourgeois, "l'élite", le système ; là, l'immigré, le marginal, l'élite, le système...).

 

Bref, des électeurs incultes politiquement. Des électeurs dont pourtant nous n'avons pas le droit de nous moquer. A qui la faute en effet si ces gens (ils sont de plus en plus nombreux), laissés pour compte par une société cynique et égoïste, n'ont, par manque d'information, d'éducation et d'espoir, d'autres choix que ceux offerts par des bonimenteurs dangereux. Ce n'est pas l'Ecole, la télé ou l'exemplarité de nos dirigeants qui risquent de les ramener sur le chemin de la réflexion et de la tolérance. ... Je ne suis pas sûr qu'un Front Républicain suffise à bloquer l'avancée effrayante de cette lave incandescente que les incantations de ses chefs ne parviendront pas à rendre décente."

 

"Pour ceux qui écoutent la rumeur laissant entendre que je roule pour l'Extrême-Droite : sachez une fois pour toutes que j'exècre les thèse racistes du Front National et que je ne peux trouver la moindre excuse à des gens intelligents comme Gollnish ou Mégret qui font semblant de ne pas comprendre qu'ils jouent avec un feu qui pourrait un jour se transformer en incendie. Et tant pis, si je vous fais de la peine en faisant l'amalgame, j'éprouve le même mépris pour les hommes politiques de tout bord qui, aujourd'hui, jouent les "pères La Morale" avec le Front National, sans vouloir reconnaître qu'ils sont responsables du terreau sur lequel poussent les fleurs du mal de la pensée simplificatrice et d'exclusion."

 

Ces propos m'avaient valu d'être traité de facho par quelques beaux esprits des Pentes et d'ailleurs. Vous savez, ceux qui voient le fascisme partout, sans se rendre compte que leurs œillères les empêchent de voir à quel point ils sont responsables de la révolte des "sans-grade". Je leur avais répondu par la réplique qui précède. Cela ne leur avait, bien entendu, pas suffi.

 

Cette mini-revue de presse récoltée ces derniers jours, montre à l'évidence qu'à droite comme à gauche, beaucoup ont compris que les "petites gens" n'étaient pas obligatoirement des fascistes mais simplement des gens désespérés par l'autisme "des gens de pouvoir".

 

Ce n'est pas encore le cas de ces soixante-huitards "parvenus" qui scandaient jadis : "Elections, piège à cons", avant de se retrouver en mai 2002 dans la rue en train de hurler : "Abstention, piège à cons". Et même de recommander de voter pour Chirac qu'ils avaient insulté et tenté de démolir depuis plus de six mois, avec la "complicité" d'Halphen, de Schuller, du Canard Enchaîné et des Guignols. Au point qu'on peut se demander s'ils ne rêvaient pas d'un 2ème tour "tranquille" Jospin - Le Pen.

 

"On s'est évertué à défaire les mailles du tissu social en encourageant, contre l'intérêt général, les revendications des minorités actives. C'est miracle que, de ce long travail de démolition mené par une bourgeoisie de gauche, nantie, égoïste et démagogue, la société française ne sorte pas exsangue."

Alain-Gérard Slama – Le Figaro Magazine

 

"C'est par angélisme, par la peur panique d'avoir à dévoiler le versant noir d'une immigration désintégrée, c'est par le déni d'autorité que la gauche aura "lepénisé" tant de ses propres électeurs.

Adopter la ritournelle gauchiste de "l'antifascisme" pour ostraciser une foule de pauvres bougres en colère, c'était une erreur. Confondre des jobards regonflés par le cocorico lepéniste avec les foules mystiques d'un nouveau Nuremberg, c'est idiot. Ne pas même nommer les ratés de l'intégration dans l'évocation de la délinquance au mépris de ce que chacun a tous les jours sous le nez, c'était une sottise."

Claude Imbert - Le Point

 

"La France a produit une culture du mépris du peuple qui mériterait analyse ! Le summum fut atteint lors du référendum sur l'adoption du traité de Maastricht, en 1992, où une élite éclairée, ayant forcément raison, montrait le chemin de l'Europe à un peuple rétif et borné !"

Emmanuel Todd - Télérama

 

"On se retrouve un peu dans la situation à la veille de la Révolution française, avec des exclus auxquels on refuse les avantages de la mobilité sociale, et une élite endogène, peu représentative, fermée sur l'extérieur, incapable de parler aux milieux populaires et de les écouter..."

"Quand on fera les comptes, on verra la part importante qui incombe aux Guignols dans la lepénisation des esprits..."

"Alors, salauds de prolos ? Depuis ce sondage, je l'avoue, je ressens comme une certaine gêne à l'égard de l'antifascisme caviar qui déferle aujourd'hui à pleines pages dans tous les journaux.

Puisque, depuis dimanche, tout le monde a honte de quelque chose, ma honte à moi, mon remords à moi, ce sont tous ces défavorisés, ces exclus, ces petits, ces "sans grade" auxquels nous n'avons depuis des années laissé d'autres moyens de crier leur détresse que de glisser dans l'urne un bulletin au nom de Le Pen...".

"Les électeurs trotskistes ne sont pas plus pour la révolution que ceux de Le Pen ne sont pour le fascisme : mais les uns et les autres protestent avec violence contre la situation qui leur est faite, ou plutôt contre l'absence de situation qui leur est faite dans cette société..."

Jacques Julliard - Le Nouvel Observateur

 

"De ce qui n'est pas un raz-de-marée fasciste mais un effondrement de la gauche, et aussi de la droite, dans les votes populaires, les causes sont ailleurs. Du côté de la gauche, une peur culturellement ancrée devant le seul mot d'autorité. Dire depuis des années aux gens qui vivent au quotidien dans une insécurité réelle, même si elle est aussi fantasmée, "non, vous vous trompez, vous cédez au vertige sécuritaire", c'est les dénier dans leur subjectivité, les prendre pour des fous ou les rendre fous."

Michel Schneider (psychanalyste)

 

Le ridicule ne tuant plus, nos July, Plenel, Mamère, Miller, Cohn-Bendit, Bernard-Henry Levy et leurs clones-clowns Karl Zéro, Gaccio ou autres pédants affolés, ont de beaux jours devant eux. On les verra encore longtemps dire avec arrogance la "bonne parole" enchevêtrée dans les inextricables contradictions de leurs cervelles bourrées de certitudes incertaines.

 

Enfin, moi, ce que j'en dis...

 

 

A suivre, Le bloc-net du lundi 22 avril 2002 par Toussaint Pothin

 

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Le café réchauffé c'est terminé

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