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/ LES INTERROGATOIRES à KGB 


 

 

Votre fils aîné Nicolas travaille dans l'entreprise familiale depuis 15 ans après avoir fait son apprentissage chez Bocuse, Durand, Rolancy... Comment jugez-vous son parcours ?

Il fait sa vie comme il l'entend. Il a des envies beaucoup moins importantes que les miennes, je suis obligé de les respecter. Il se contente de ce qu'il a, il n'en veut pas plus. Moi quand j'ai démarré, mes parents avaient largement assez pour vivre tous les 2. J'ai démarré avec un cadeau, la rue Emile Zola, que j'ai payé en enregistrement, plus value, ect... ça m'a coûté aussi cher que s'il me l'avait vendu. D'ailleurs mon père n'en revenait pas car j'ai payé l'enregistrement, les droits de succession, j'ai tout payé ! Le fond de commerce m'a coûté à l'époque 4 millions de francs. Je lui ai dit : « tu me l'aurais vendu ça m'aurait coûté moins cher ». Et après j'ai attaqué Brignais et j'ai investi, investi... J'ai fait ça car j'aime bien entreprendre, j'ai l'esprit d'entreprise car une entreprise est faite pour bouger et entreprendre. À partir du moment où tu restes assis, il faut partir à la maison de retraite et aller se coucher ! On change, on transforme, on démolit, on casse,... Bon, moi j'ai fait quelque chose qui me plaisait mais ce dont j'ai envie c'est pas obligé que ça lui plaise à lui.

 

Malgré ce parcours, vous ne comptez pas lui confier les rênes, paraît-il...

Non, parce que je ne le sens pas capable de mener à bien la fonction qui pourrait lui être confié...

Pierre : Et puis il ne les veut pas !

 

A-t-il été écrasé par votre personnalité ?

Certainement, il me vénère « mon père ceci, mon père cela,... ». Et pourtant, je l'ai fait partir aux Etats-unis, en Angleterre, à Paris,... je ne l'ai pas gardé sous ma coupe exprès. Je lui ai dit : « Démerde-toi, vas-y ».

 

A chaque fois il a réussi ?

Oui.

 

Cela doit être une déception pour lui. En est-ce une pour vous ?

Non. Ce n'est plus une déception. Je ne vis pas avec des regrets, je ne vis qu'avec de bons souvenirs. J'ai un garçon, qui est un bon fils, il est très agréable,... Mais je ne peux pas avoir de regrets.

 

Tous vos espoirs vont se reporter sur le fils que vous avez eu avec Françoise. Un peu pourri, gâté, le Baptiste paraît-il ! 11 ans cette année...

Oui ! C'est un gamin intelligent et pratiquement toujours premier à l'école, il va bien, il est pétillant. Il a l'ensemble de Françoise et de moi. C'est un bon résultat.

 

Ce qui signifie que Nicolas n'est pas un bon résultat entre votre première épouse et vous ?

Non ! Il est ce qu'il est. Lui je le ressens comme ça et l'autre différemment.

 

Est-ce que Baptiste est votre fils préféré ?
Mais non ! Baptiste je pense que dans sa vie il obtiendra des meilleurs résultats que Nicolas... Un jour, on était en avion tous les 3, Nicolas me dit : « Ce que tu fais, je ne pourrai jamais le faire ! » et Baptiste me dit : « Papa, quand je serai plus grand, c'est moi qui serai à ta place et c'est moi piloterai ». Le petit vient à Brignais, il a 11 ans, il me dit « dis donc j'ai vu comment ils faisaient les macarons, j'ai vu ceci, j'ai cela,... » Il voit tout ! Le grand m'a dit : « Si un jour Baptiste rentre dans l'entreprise, lui sera la tête et moi les jambes ».


 

Suite de l'interview