Il parait que vous vous éclatez dans ce job Max. Dans le sens valorisant
du terme, c'est-à-dire que c'est un vrai travail, vous vous investissez à
fond...
Je ne dors pas beaucoup... c'est vrai ? (Il s'aperçoit alors que Nico
tente de le photographier la clope au bec) Arrête ça tout de suite !
...Vous ne voulez pas montrer que vous fumez ? C'est ça ?
Parce que je ne fume pas normalement... Tu la supprimes sinon je te castre
unilatéralement. (rires)
Tout le monde sait très bien que vous arrêtez de fumer uniquement pour
les vacances. Cela dure 3 jours, après vous êtes intenable... Quelle est
l'étape sui-vante ? Le poste de Claudie Haigneré, ministre déléguée à la
Recherche ? On raconte que vous avez placé Agnès Evren comme poisson
pilote chez Luc Ferry pour l'influencer dans ce sens lors du prochain
remaniement ministériel !
Agnès est mon bébé. D'accord ?
Donc vous l'avez placée chez Luc Ferry pour qu'elle vende un peu le
professeur Dubernard ?
Moi je suis... Je vous l'ai dit, j'ai toujours aimé associer les jeunes.
J'ai toujours été choqué par le fait que dans ce pays il faut attendre 35,
40, 45 ans pour être considéré. Moi quand j'étais aux Etats-Unis, j'avais
24 ans et je travaillais bien, je travaillais plus que les autres et
j'étais considéré par mon patron qui a eu le prix Nobel. Et lui, quand je
disais quelque chose, à 24 ans, lui qui en avait 50 à l'époque, tenait
compte de ce que je disais. Et moi j'ai toujours tenu compte de ce que...
...Disait Joseph Murray ?
Non ! Tu déconnes ! En médecine, de ce Xavier Martin me disait. En
politique, de ce que Laure Dagorne (son attachée parlementaire NDLR)
me dit. Je l'écoute et je fais ce que je veux mais je tiens compte de son
avis. Et Agnès, c'était exactement le même état d'esprit, elle est
brillantissime.
Mais vous ne répondez pas à ma question Max. Quelle est la prochaine
étape ? Il parait que vous faites tout pour mettre Claudine Haigneré dans
le fossé de façon à prendre sa place au prochain remaniement.
J'adore la Recherche mais ce n'est pas la Recherche qui m'intéresserait le
plus.
Qu'est ce qui vous intéresserait le plus ?
Mais je ne sais pas ! Ce qui viendra.
Arrêtez ! Vous redevenez langue de bois !
Mais je ne suis pas langue de bois ! Vous êtes des alcoolo tabagiques, je
dis : soyez pragmatiques !
Mais soyons pragmatique, justement !
Alors... Vous voulez que je vous raconte encore une belle histoire ?
Racontez-nous une belle histoire !
En 1986, je reçois un coup de téléphone de Chirac pendant une soirée
étudiante. Chirac qui était Premier Ministre me dit : « Es-tu est
d'accord pour prendre la Recherche et l'Université ? » qui dépendait
de Monory à l'époque. Et il me précise : « Le seul problème, c'est que
Monory veut garder l'université et éducation, et toi, est ce que tu veux
prendre la recherche ? » « Oui ! » Et c'était deux jours avant
Noël. J'annule une partie de mes vacances, je devais aller à Val d'Isère...
Dans la foulée, un type m'appelle et me dit : « Je vais être votre
directeur de cabinet. » Il vient à Lyon entre Noël et le jour de l'an
et nous travaillons comme des fous. Patatras, lors du premier conseil des
Ministres de janvier c'est Valade qui est nommé parce qu'il y avait déjà
Noir à Lyon. C'est ça la vie politique, alors on peut rêver de tout ce que
l'on veut, moi je ne rêve pas. Je fais... Attend, c'est rugby ça !
Suite de l'interview
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