Vous avez démarré votre parcours professionnel comme professeur de
français à Roanne...
Oui ! Vous savez tout !
Combien de temps êtes-vous restée enterrée dans le Roannais ?
Très peu, 6 mois. Non mais Roanne, ça suffisait (rires). Non mais,
après j'ai tout de suite été nommée à l'université...
Quelle a été la passerelle vers l'université de la Mode ?
Je ne sais pas, c'est le hasard. Non mais c'est vraiment le hasard. Le
président de l'université de l'époque, qui n'était pas mon mari, m'a
proposé de créer une formation axée sur les métiers de la mode. J'ai
accepté ce challenge. Je n'avais plus grand chose à prouver
scientifiquement. J'ai écrit des articles, j'ai été docteur d'état, j'ai
été nommée professeur... Je me sentais un peu épuisée, scientifiquement
aussi. Quand vous avez écrit une thèse de 500 pages, vous n'avez plus
grand-chose à dire, donc ça m'amusait de m'intéresser à la mode. De plus
la mode, c'était quand même proche des système de communication donc ce
n'était pas complètement éloigné de mon cursus. En ce qui concerne la
mode, vous mettez le petit bout du doigt, puis ça vous prend la main, le
bras et etc. Et puis c'est encore drôle pour moi. C'est un peu comme si je
faisais du théâtre (rires).
C'est là que vous avez crée l'Université de la mode.
Oui, ça va faire 12 ans. Au départ, il y avait une quinzaine d'étudiants.
Maintenant nous en avons 150.
Le milieu de la mode est-il aussi futile et cruel qu'on le prétend
? Est-ce que les professionnels étaient sep-tiques au
départ ?...
Oui, ils étaient complètement septiques, mais ça c'est normal. Tous les
milieux sont cruels ! Est-il plus cruel qu'un autre ? Je ne pense pas. Et
puis après, sa futilité... Non ! Pas plus futile qu'un autre. Je veux dire
par là que les gens de la mode ont aussi leurs problèmes : faire marcher
leurs entreprises, exister... ce n'est pas que des paillettes. Je pense que
ce discours sur la futilité c'est un discours ringard, très marqué par la
culture judéo-chrétienne.
Vous-même, vous considérez-vous comme une fashion victim ?
Non. Je sui sensible à la mode mais j'y suis sensible pour regarder, je ne
suis pas tous les jours dans les magasins à me ruiner, c'est ça une
fashion victim. Non ! J'aime bien la mode, j'aime bien regarder... Et puis
même si j'étais une fashion victim, après tout pourquoi pas ? Mais je ne
le suis pas mais ce n'est pas une condamnation. Je trouve que les fashion
victim ont leur intérêt comme les autres. Je n'aime pas les discours
moralistes sur la mode : je n'aime pas que l'on dise que la mode « c'est
bien » ou « c'est pas bien » en terme moraux. Quand parle de fashions
victim, c'est souvent péjoratif ! Les fashions victim, je les regarde
curieusement comme je regarde le reste.
Etes-vous fidèle à une marque ou papillonnez-vous ?
Non, mais j'aime bien tout regarder. Et pour moi, comme tout le monde,
comme toute femme ou tout homme, il y a des choses qu'on aime ou que l'on
aime pas. Cela ne veut pas dire qu'on ne les apprécie pas. Puis il y a des
chose que l'on aimerait mais qu'on ne peut pas mettre parce que l'on est
ce que l'on est, avec son corps, avec son être... Pour ma part je ne
mettrais pas du Versace par exemple, ce n'est pas trop mon truc ! Non moi
j'ai des choses que j'aime plus que d'autres : j'aime Agnès B parce que ça
correspond à ma vie, j'ai aimé Cacharel, j'aime toujours d'ailleurs le
Cacharel renouvelé, j'aime des choses comme ça, que je peux mettre dans
mes valises qui ne se froissent pas parce que je voyage beaucoup. J'aime
Kenzo, des choses comme ça. Je suis lyonnaise, j'aime bien ce que fait
Lionel Bandiera parce qu'il y a une espèce de classicisme... Ce que font les
créatrices de « Il était une fois les créateurs ». J'aime bien ! J'ai
acheté pas mal de choses chez lui, j'aime bien ce que fait Lucas aussi,
c'est un autre genre.
Quelle est votre plus grosse folie en matière de mode ? Est-ce que un
jour vous avez craqué alors que c'était déraisonnable ?
Non mais déraisonnable !... Un jour, j'ai acheté au Japon une robe
numéroté Issey Miaké ! Ce n'était pas déraison-nable c'est parce que ça me
plaisait vraiment beaucoup.
Combien l'avez-vous achetée ?
8000 frs. Ce n'est pas énorme. Mais pour moi, c'était beaucoup ! Mais
c'était tellement beau. Et puis je l'adore cette robe donc je ne regrette
pas. Ce n'était pas déraison-nable puisque je l'aime.
Suite de l'interview
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