Vous avez cessé la vente de véhicules et cédé la moitié de vos locaux à
nos amis du Studio 1. Toute la ville a pensé que vous arrêtiez votre
activité...
L'étude où je travaillais, sur 3 000 m²,
était devenue trop grande ou trop petite. Trop grande pour les ventes qui
s'y tiennent actuellement : tableaux, bijoux, archéologie, meubles. Nous
avons gardé 1 300 m² ce qui est pas mal, je pense que plus d'une étude de
commissaires priseurs aimerait bien avoir cette surface, et elle était
trop petite pour ce que nous faisons maintenant, et j'ai été obligé de
louer 5 000 m² ailleurs, donc pour cette deuxième partie j'ai trouvé un
locataire, en l'occurrence ces Messieurs de « A vous Cognac Jay » qui y
ont créé Studio 1.
Comment s'est passée la rencontre avec Pierre Chambon et Thierry Lahon (ci-dessus)
? Pourquoi les avez-vous choisis ?
Je pense que l'on ressent certaines
choses, je ne sais pas ce qu'ils vous diront, mais moi le courant est
passé, un feeling. Je les ai trouvés fort sympathiques et j'ai trouvé leur
idée originale et ça m'a plu et je dois dire que je vais jeter un petit
coup d'il de temps en temps pour voir où ça en est...
Parce que vous êtes propriétaire des murs ?
C'est une SCI, je suis propriétaire... et...
je suis curieux.
Combien de m² ont-ils pris et pour quel loyer ?
Ecoutez, nous allons dire 1 300, 1 600
m2, je vous donne ça grosso modo, et pour le loyer je vous laisse leur
poser la question... (Rires)
Je vous réponds à la lyonnaise. (Rires)
La nouvelle réglementation européenne vous a
fait perdre le monopole que votre profession tenait depuis Henri II.
Avez-vous peur pour l'avenir ?
Je suis ravi de cette séparation, de
cette « liberté », perte de monopole, parce que nous étions comme des
oiseaux dans une cage dorée mais nous ne savions pas voler de nos propres
ailes, et d'un seul coup on nous a dit : « débrouillez-vous ». Alors je
trouve ça très bien la libre concurrence, la possibilité d'aller à droite
et à gauche. Le problème tient au fait que 75% des confrères freinent des
deux pattes pour garder ce monopole. Ils n'ont pas compris que c'était
terminé.
On dit souvent que le milieu des Commissaires Priseurs est un vrai panier
de crabes. Quelles sont vos relations avec vos confrères ?
J'ai d'excellentes relations avec mes
confrères qui ont des études hors Lyon. (Rires)
Je ne vous la fais pas à la lyonnaise,
je vous dirais que j'ai très peu de rapports avec mes confrères, il y en a
certains avec qui j'ai plus d'affinités comme Maître Dumas qui a toujours
répondu présent pour venir m'aider. Lors de la disparition de mon épouse,
des confrères m'ont dit : « Loïc, si tu as besoin on est là pour
t'aider »...
Tous vous ont dit ça ?
Il y avait mon confrère Chaussin, je
sais que j'ai pu compter également sur mon confrère Guillaumot, sur Dumas,
des confrères de Toulouse...
Entre deux coups de marteau, Maître Milliarède passe son temps à balancer
des torpilles sur Maître Anaf. On ne peut pas dire que ce soit le grand
amour entre vous tous !
Je sais qu'à une époque il racontait
même des choses sur moi, à tel point que j'ai été obligé de demander au
Président de notre chambre d'intervenir en lui disant de se calmer un peu,
mais c'est vieux et c'est oublié ! (Rires)
Je l'aime malgré tout, ses plaisanteries
sont toujours les mêmes. Ses clients anticipent ses réactions : « il va le
dire ou il va pas le dire ? » et s'il ne le dit pas, ils s'interrogent :
« mais qu'est-ce qu'il lui arrive ? »
Ils viennent à un show surtout chez Maître Milliarede qui a ses habitués !
Oui, il a ses habitués, qui sont là, qui
s'installent mais qui n'achètent rien : « aujourd'hui il a été bon, ah il
est moins bien aujourd'hui... Qu'est-ce qu'il a, il doit être fatigué ! »,
C'est très amusant.
C'est quand même un cas...
Ah mais c'est un phénomène ! Il doit
flirter les 80 ans bientôt non ? Je l'ai toujours connu, lui aussi a perdu
sa femme très tôt, mais il est gentil, il est agréable. Je ne lui en veux
pas pour ces histoires de vannes, tout le monde sait qu'il va les sortir.
Mais j'ai peu de rapports avec mes confrères.
Suite de l'interview
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