Vous auriez du être son Robert Badinter en 1981, c'était ça votre destin
André Soulier ? Comment avez-vous pu rater cette porte là ?
Et alors ? Attendez, vous êtes en train
de me parler en terme cynique de carrière. Ils sont tous mort ou tous
vieux et moi je suis vivant et je cours demain matin à 6H30 au parc de la
tête d'or. Et tout va bien, les choses vont bien. Alors, c'est vrai que je
n'ai pas été ministre...
C'est un regret ?
C'est une affaire de curé que vous êtes en train de me faire ! Je suis
à confesse. Bon alors, mon regret ne porte pas sur la carrière que
j'aurais pu faire autrement. Il est vrai que j'étais un candidat potentiel
de la place Vendôme, là où est monsieur Perben aujourd'hui. Ma nostalgie
elle vient de quoi ?...
On va y revenir. Vous rêviez d'être Président de la République...
Jamais, jamais !!
...mais vous n'avez jamais occupé de portefeuille ministériel. Votre plus
haute fonction aura été d'être maire de Villié- Morgon puis premier
adjoint de Francisque Collomb... C'est pas glorieux !
Voulez-vous une réponse franche ? J'ai été maire de Villié-Morgon, je
ne suis pas devenu éthylique. (Rires) Victoire. J'ai été élu 31
ans, j'ai jamais été mis en examen n'y même menacé de l'être. J'ai été le
d'Aboville de cette municipalité, j'ai beaucoup ramé !
J'oubliais votre mandat de député européen, obtenu grâce au décès
accidentel d'un membre de votre liste. On murmure que vous l'avez un peu
poussé dans le virage...(rires)
On ne peut pas dire ça comme ça, parce que c'est une histoire terrible
qui est arrivée, j'étais sur une liste et la porte s'est fermée juste
devant moi. Et il faut dire que c'était après la déroute de Francisque
Collomb en 1989. Celui qui meurt ce jour là décède dans des conditions
terribles, avec sa femme et son petit garçon dans un petit avion, rabattu
par le vent contre la montagne en Corse. Je connaissais bien Yvon Briant
que j'aimais bien quelque soit ses engagements politiques et il est mort,
je me suis retrouvé député !
A chaque fois que vous avez voulu faire cavalier seul, ça s'est
transformé en bérézina... Exemple : les Régionales de 1992 parce que Charles
Millon vous refuse sur sa liste. Vous lui en tenez toujours rigueur
aujourd'hui ?
Non il m'est indifférent. Ce qu'il fait en 1992 quand il décide, mais
avec retard, au dernier moment, en janvier (les élections son en mars), de
dire que je ne repartirais pas, à l'époque il est encouragé par des gens
qui sont des supporters de Raymond Barre. Et déjà perce chez lui l'idée
que je suis encombrant parce que je suis trop indépendant... Je monte donc
en 15 jours, en 3 semaines, ma propre liste. Mais, ne me demandez pas ce
que je pense de Charles Millon, il s'est inoculé le poison dans le sang !
Lui, tout seul !
Le summum, c'est quand même le banquet de la Brasserie Georges en
novembre 1988 au cours duquel vous deviez annoncer votre candidature en
solo pour les municipales. Mais Francisque Collomb débarque à l'improviste
et vous remercie d'avoir « réuni autant de monde pour le soutenir »... Un
grand moment de solitude ?
Non, la seule erreur de ma vie. Je ne commets pas d'erreur quand Louis
Pradel me dit « venez ! ». Et il y en avait un qui l'avait compris, c'est
François Mitterrand...
...vous m'avez dit tout à l'heure que vous aviez fait une erreur en
quittant François Mitterrand. C'est donc la deuxième erreur que vous
faites ?
Avec François Mitterrand, j'ai commis une erreur affective. Je n'ai
pas commis une erreur politique. Et il le comprend parfaitement. Non
l'erreur, je la commets en novembre 1988. Béraudier vient de mourir,
j'aurais du intervenir au milieu des visiteurs du soir.
Vous deviez « tuer le père » ce soir-là.
Oui !
Vous ne l'avez pas fait. Que s'est-il passé dans votre esprit ?
Un moment de lassitude.
Ne dites pas ça, vous étiez en pleine forme, vous aviez la pêche, vous
aviez du monde autour de vous !
Pierre Botton m'a raconté ce-ci il y a deux ans : « Le lendemain de
votre réunion, Michel Noir m'a dit : C'est foutu, j'y vais pas. On a
perdu. » Il pense qu'il va perdre contre moi. Et mon erreur... Collomb
n'est pas venu à l'improviste.
Vous aviez organisé votre réunion parce que vous pensiez qu'il était à
Paris !
Non, je savais qu'il était à Lyon.
Non, tout le monde le sait ! Il a débarqué et vous a coupé l'herbe sous
le pied.
Ne refaites pas
l'histoire ! Ce soir là, l'erreur est commise par ce qu'il reste de L'UDF
nationale. Elle est commise par Giscard et par Barre. Au lieu d'apporter
un soutien politique, ils ne bougent pas ! Mais même sans eux je gagnais !
Attendez, je n'aurais peut- être pas gagné l'élection municipale ! Noir
aurait peut-être été élu mais pas avec 43 sièges. Il aurait été élu avec
27 et moi 26. Cela aurait probablement sauvé la carrière de Noir car à ce
moment là, Botton ne serait pas intervenu.
Suite de l'interview
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