Par Saint Pothin
Comme le disait Saint Marc de Bourgogne : "Il ne faut pas confondre les vents d'ange et les pets de chérubins, seuls les premiers sont en odeur de sainteté". St Marc, qui s'y connaissait en fine appellation, fut longtemps l'un des patrons du Beaujolais nouveau.
C'est en raison de ses abus du divin pot de 42 cl, avec l'élastique gras au goulot, que l'on célèbre, depuis 1986, le beaujolais nouveau le jour de la Saint Edmond et non le 25 avril, jour de la Saint Marc. Toujours est-il que cette semaine sera dédiée au coloré vignoble avec lequel on va régaler les rosbifs et les Japonais, sachant que l'on n'échappera pas aux adjectifs fruités, aux nuances de couleurs et aux consommations de Gaviscon et de paracétamol. C'est-y pas malheureux de se ruiner la santé avec la valeur d'un tastevin ? On sait que cette année, personne n'aura besoin de l'étendre avec de l'eau tant les larmes que versent les producteurs l'ont déjà fait. Certains se consolent en affirmant que plus le vin est mauvais, plus le marc est bon. Il faut donc d'urgence goûter la grappa de Villefranche pour évaluer l'étendue de la misère des petits producteurs. Préparez vos adjectifs fruités à l'avance. Trop ringard de dégainer "un goût de framboise" ou "une saveur de banane". Faites dans l'exotique, évoquez la goyave, célébrez la griotte, placez le jujube, jouez savant avec le cornouiller du Canada ou la nèfle du Japon, médusez l'assistance avec un très simple : "il a un goût de raisin". Si vous n'avez pas de bol (ou de pot), un collègue arrivera le 20 novembre avec une bouteille de Beaujolais nouveau et un sourire de braguette. Ne vous laissez pas avoir ! Soyez sournois… Achetez d'avance une bouteille avec un Guignol dessus ou un dessin de Fourvière. Tiens, mon salaud !
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