Assez de ces polémiques stériles !

27 août, 2010 | TRIBUNE LIBRE | 3 commentaires

La tribune libre de Marc Fraysse

 

La publication estivale du magazine Marianne, sous-entendant dans sa Une que le Président de la République serait devenu le « Voyou de la République », a provoqué un véritable déchaînement dans les médias français.

 

Dominique de Villepin joue les Saint-Just en se drapant dans le drapeau tricolore pour fustiger celui qui le salirait par les orientations de son discours de Grenoble. Le voilà donnant des leçons de démocratie républicaine en utilisant les vertus du gaullisme. Trouvant enfin un étendard pour combattre son adversaire, il oublie les valeurs dont il se revendique pour mieux jouer sa carte personnelle, en prenant le risque de faire perdre son camp. Je préfère garder en souvenir son discours à l'ONU défendant la position de la France voulue par Jacques Chirac de refuser la guerre en Irak. Christine Boutin, abandonnant un instant sa mission pourtant essentielle sur les effets de la mondialisation, critique les dangers des orientations de la politique du Président avec notamment le renvoi de familles Roms et la fermeture des campements sauvages. Quant au prêtre qui s'égare (en s'excusant par la suite), il affirme qu'il prie pour la disparition de celui dont le nom serait devenu une honte pour notre pays.

 

Un sondage témoignant du refus des Françaises et des Français de la politique menée par le Président de la République vient confirmer ces propos, alors même pourtant qu'un premier sondage, publié dans le Figaro, montrait que les mesures annoncées à Grenoble étaient approuvées par une majorité très large. L'honnêteté aurait été de montrer que ces deux sondages ne se contredisaient pas mais se complétaient, les questions posées étant fondamentalement différentes. Oui, l'opinion publique estime majoritairement que la politique menée par Nicolas Sarkozy en tant que Ministre de l'Intérieur, puis en tant de Président de la République, n'a pas réussi à endiguer la délinquance, une délinquance dont la radicalité s'exprime par une progression des violences aux personnes. Mais il faut également retenir que le sondage du Figaro met en exergue que c'est bien une politique de fermeté qui est demandée. Le plus extraordinaire est que sont oubliés les événements à l'origine du discours de Grenoble. La police doit affronter des émeutes et des menaces nominatives de ses membres après la mort d'un gangster venant de commettre un hold-up en se réfugiant dans « son quartier ». Une cité où les lois de la République ne devraient pas s'appliquer ? Un village est envahi et une gendarmerie assiégée par des dizaines de gens du voyage après le décès de l'un des leurs à un barrage de gendarmerie. Ces deux situations gravissimes exigent que la lumière soit faite sur les conditions exactes de ces faits divers tragiques car dans les deux cas, les réactions suscitées témoignent d'un rejet des représentants de la République, de ses lois et de ses valeurs.

 

Cette crise de société est profonde et demande des réponses appropriées. Les surenchères regrettables émanant de la majorité présidentielle ont contribué à un climat d'excitation mais le déchainement actuel témoigne aussi d'une irresponsabilité politique sans précédent. Alors que les acteurs politiques français se mettent en scène, y compris dans des «émissions-jeux » qui voient des élus côtoyer des vedettes de la télé pour répondre à des quizz, ne faudrait-il pas s'interroger sur l'image donnée par ces élus de la République ? Comment, alors que nous devons affronter une situation sociale et économique difficile, pouvons-nous penser un seul instant que leur crédibilité ne puisse être atteinte par ces jeux du cirque médiatique ? Dans un pays à la recherche de plus de morale dans la gestion des affaires publiques, cette réalité politicienne contribue au renforcement d'un climat délétère.

 

Oui, il faut des mesures efficaces contre la délinquance. Oui, il faut s'attacher à résoudre le problème de société que constitue la non-intégration de communautés immigrées et de leurs descendants. Il est indispensable de rappeler qu'il n'y a pas de citoyen de second rang ; le principe d'égalité est à porter haut et fort pour mieux faire appliquer celui de fraternité.

Oui, la laïcité est à préserver de toutes démarches religieuses discriminantes. Oui, il faut se pencher sur l'avenir de la communauté Rom au sein de l'Union européenne et rappeler à Bruxelles son absence de politique de solidarité efficace à leur égard. Merci au Pape de ses recommandations lancées depuis le Vatican, il rappelle que la solidarité doit jouer pour aider des familles en situation précaire, qu'il est indispensable de ne pas stigmatiser une communauté. Il réaffirme des valeurs morales chrétiennes. La conduite politique d'un pays demande de ne négliger aucun repère tout en rappelant qu'elle se doit de protéger les personnes et pour cela de faire respecter les règles communes, la loi.

 

Marc Fraysse

Ancien député,

Président de France Unie

 

Dernier ouvrage de Marc Fraysse :

« De Gaulle, l'homme de 2012 »

Pour un nouveau gaullisme social et solidaire

Publié en Avril 2010 aux Editions Cherche Midi

 

 

3 Commentaires

  1. steak

    Qu’est-ce que c’est « France Unie », une secte gaulliste ? Hihi

    Réponse
  2. Guillaume

    Que de banalités, de lieux communs dans cet article rabâchant tous les poncifs et les discours creux, aux kilomètres, de nos élus…

    Réponse

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