Ce week-end Nicolas Sarkozy chute sévèrement dans les sondages au point de descendre au dessous de la barre des 50% (48% plus exactement). Alors coup de mou ou début d'une lente dégringolade ? On verra. En attendant, sa garde rapprochée tente de minimiser le problème, Yves Jego, porte parole de l'UMP et Rama Yade s'en prennent par exemple à l'impatience des Français. Il fallait oser. En effet, s'il en est un qui a érigé l'urgence et l'agitation en méthode de gouvernement c'est bien Nicolas Sarkozy. Alors comment s'étonner que les citoyens se prennent au jeu et attendent des résultats rapides. Et puis ils s'étonnent sans doute aussi de l'étalage d'une vie de star du président au moment où son gouvernement parle de faillite de l'Etat, d'inflation en hausse et de croissance en panne. Y compris ceux qui ont voté pour le candidat Sarkozy, tendu vers son objectif de victoire, donnant l'impression d'être prêt à s'attaquer à tous les problèmes, puis le président sautant sur ce tout ce qui bouge, dégainant des réponses à tout dans les tous premiers mois de son mandat, ceux-là aussi se posent des questions aujourd'hui. Les lendemains qui déchantent n'auront pas tardé d'arriver accélérés par les promesses sur le pouvoir d'achat qui représentent le mot de trop. Nicolas Sarkozy est maintenant face à la réalité du pouvoir et peut-être va-t-il s'apercevoir que l'on ne règle pas tout, sinon rien, à grands coups de communication.

CRISE

Pour une fois je ferais référence au très catholique et conservateur journal espagnol ABC. Dans un article aussi sévère que rigoureux l'auteur démonte la méthode Sarkozy avec un réel brio. « Nous sommes tous d'accord pour dire que donner à manger à celui qui a faim est une œuvre de charité méritoire, mais dans ce monde déstructuré et chaque jour plus étrange donner à manger à ceux qui ont le ventre plein semble être devenu une alternative envisageable » écrit-il à propos des relations du président français avec ses amis et bienfaiteurs du genre Bolloré. Quant au voyage en Egypte il lui inspire ce propos sévère « comme toujours en temps de crise de l'intelligence et de l'éthique, ce qui attire le plus l'attention dans ce voyage, entièrement gratuit, c'est la silhouette de son accompagnatrice, l'ex-mannequin et chanteuse Carla Bruni ». Et d'ajouter : « le fait que le chef de l'Etat de l'un des premiers pays de la planète, berceau des libertés et de la culture, considère ce gaspillage comme une composante de sa dignité présidentielle est en soi consternant ». Et de conclure : « Une société pour laquelle tout est admissible peut être gouvernée par des dirigeants pour qui rien n'a d'importance. Et ces derniers ne prennent même plus la peine de sauver les apparences. » Voilà qui ne grandit ni l'image de la France, ni celle de son président à l'étranger.

PITOYABLE

En matière d'illustration de la crise de l'intelligence et de l'éthique, on peut citer l'attitude de Jack Lang. L'ancien ministre de la culture prétend avoir refusé un maroquain dans le gouvernement Fillon mais il le regrette tellement qu'il ne se contente plus de son strapontin au sein de la Commission pour la réforme des institutions. Alors,  régulièrement il adresse des messages écrits à Nicolas Sarkozy tant pour le féliciter de ses actions que pour lui faire des suggestions. Des fois que le président se rende compte à quel point Jack est indispensable à la conduite des affaires du pays. Voilà le genre de bassesses bien indignes de celui qui se prétendait en 2007 « né socialiste et décidé à mourir socialiste ». De toute évidence la formule est plus facile à déclamer sur un plateau de télé (Canal +) qu'à faire vivre au quotidien quant on est aussi accro de pouvoir.