On assistait depuis quelques années à la lente dégringolade du mouvement centriste à Lyon. Cette formation qui avait tenu le haut du pavé aussi bien à la mairie qu'au conseil général et à la Région se recroqueville autour du département que Michel Mercier préside sans majorité centriste et tout laisse à penser que cela ne va pas s'arranger avec le renouvellement de la moitié des conseillers généraux en mars. Pourtant les résultats obtenus par François Bayrou à l'élection présidentielle lui avaient redonné quelques couleurs et c'est peut-être bien là le problème. Le centre se trouvait à nouveau avec des adhérents, des gens désireux de participer à la vie politique avec des idées et des projets et pas seulement pour remplir les cases de listes électorales. Mais les tergiversations de Michel Mercier, président départemental, qui souhaitait une alliance avec D. Perben a brisé l'élan. Et ce week-end semble avoir été fatal au centre à Lyon qui a éclaté en trois tendances : ceux qui ont rejoint les listes de D. Perben car au fond c'est leur camp et ça se respecte, ceux qui ont rejoint celles de G. Collomb dont la gestion de la ville depuis 7 ans s'inscrit bien dans la culture centriste précédente et ceux qui veulent porter le message de Bayrou « ni droite ni gauche » et qui tentent de faire une liste. Il n'est pas un hasard d'ailleurs que parmi ceux qui rejoignent le maire on trouve la garde rapprochée d'Anne Marie Comparini un peu trop rapidement sortie du jeu politique mais que ses amis n'ont pas voulu trahir au point de s'allier avec ceux qui l'avait vilipendée au Conseil régional. Et dans cette situation inextricable Michel Mercier démissionne de sa présidence du mouvement dans la Rhône tout en restant trésorier national et président du groupe au Sénat. Comprenne qui pourra ! Si quelqu'un d'ailleurs veut encore chercher à comprendre. Cet imbroglio ressemble bien à un enterrement pour le centre lyonnais. Certes d'aucuns affichent leur volonté de le reconstruire, ce sera sur des cendres.
COMPLIQUÉ
Dominique Perben s'affichait heureux dimanche matin en présentant les cinq ou six représentants du Modem qu'il accueille sur ses listes, c'est de bonne guerre. Mais à y regarder de plus près ce n'est pas forcement une réussite. D'abord parce que ce ralliement est à la fois tardif et partiel. Le candidat UMP s'est, en effet, trop focalisé sur l'alliance avec les « millonistes ». Bien sûr ils étaient les plus nombreux au Conseil municipal et sont apparus durant tout le mandat comme les opposants les plus actifs et les plus structurés à Gérard Collomb mais cela n'avait pas que des avantages. En négociant d'abord avec eux, D. Perben a non seulement donné un signe politique consistant à privilégier la partie la plus dure de la droite renvoyant le centre au second plan mais il a dû céder un nombre important de places sur les listes. Ce calendrier a crispé les centristes qui souhaitaient le rejoindre mais leur arrivée, même en nombre réduit, a mécontenté les millonistes qui se sont vu rétrogradés à leur tour. Résultat, il règne une ambiance délétère parmi les colistiers au point que certains se posent la question de se retirer. Quant à la machine milloniste, elle est grippée par les reproches faits aux deux négociateurs Broliquier et Nardone au vu du résultat obtenu. Voila qui ne fait pas les affaires d'une campagne électorale qui a déjà du mal à décoller.
MAL VENU
Au moment où sévit en France le syndrome du pouvoir d'achat, la publication d'une étude du consultant Hay Group sur les revenus des 50 plus grands patrons européens est bien mal venue. On y apprend que les dirigeants français sont les mieux payés avec une rémunération totale moyenne pour 2007 de 5,9 millions d'euros devant les britanniques 5,85. Si pendant des années les patrons français avaient justifié leurs augmentations par leur retard sur leurs voisins européens, cette fois l'excuse ne tient plus. Et dire qu'un dirigeant de Proxinvest leur avait recommandé « de ne pas dépasser 240 fois le smic soit 3,68 millions » ce qui lui semblait raisonnable ; et bien les patrons du CAC 40 ne l'ont pas été puisqu'ils sont tous au dessus. En fait les patrons français ont trouvé la combine, ils négocient au mieux la part variable de leur salaire (stock options, primes d'objectifs…) et ça tombe bien puisque chez nous les conditions pour les réaliser sont beaucoup plus simples. Ce qu'a bien compris le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, qui a encaissé en 2006 un revenu global de 10,8 millions d'euros dont 7,4 millions de plus value réalisés sur ses stock options et « seulement » 1,25 millions de salaire fixe. Voilà qui va faire plaisir dans les chaumières où les stock-options sont inconnues.
AMICALEMENT
Juste un mot amical à l'intention de mon ami et voisin de droite Jean-Marc Requien. Il me reproche une certaine agressivité envers le député Philippe Cochet parce qu'il est sarkozyste. Rassure-toi mon cher Jean-Marc, je ne suis pas devenu aussi sectaire et je compte parmi mes amis des sarkosytes, et pas seulement Richard Brumm, mais y compris des parlementaires. En fait, il y a longtemps que je ne fonde plus mes positions politiques en fonction de mes amitiés, elles sont trop éclectiques pour cela. En revanche, je n'apprécie pas le ton péremptoire et l'attitude rigide de Philippe Cochet et je le dis. Cela ne m'amène pas à condamner définitivement ce brave homme qui est suffisamment jeune pour pouvoir se polisser avec le temps.
Bien vu l’analyse sur la cohabitation difficile entre les millonistes et les restes de l’udf/modem. Manque l’essentiel :toute l’ambition de Nardone est de faire perdre tout le monde…sauf lui qui va se retrouver bien placé dans le 6° ! (à moins que le 6° tombe aussi ce qui n’est pas exclu.) La vengeance est un plat qui se mange froid et les rancoeurs des régionales et municipales sont encore vive. Après Hamelin, Comparini,Dubernard,Philip,manquent encore au tableau Mercier ….et l’UMP. Un vrai thriller le parcours politique d’A.N ! à suivre.
trés bon article, comme d’habitude http://www.romainblachier.fr
A ce que je sache, les millonistes, qui sont d’anciens centristes, sont très pro européens, ce que ne sont pas les communistes. Comment croire encore au centrisme. Tout est binaire. Si vous êtes au pouvoir, il y a une opposition. A l’intérieur du PS et de l’UMP, vous avez les mêmes divergences sur tous les sujets. Sauf à être extrémiste, un autre parti n’est pas utile. Le débat se fait à l’intérieur des deux grandes formations. BAYROU est assuré d’être le 1er au MODEM alors qu’il ne serait que le 10ème à l’UMP ou au PS. Dans un petit parti, on fait travailler les militants pour soi, dans un grand parti, la compétition est plus rude et ceux qui apparaissent sont généralement bons. Alors, de grâce, pas de retour à la 4ème République. Entre nous, à Lyon, quelle sera l’équipe la plus cohérente idéologiquement ?