Auteur dramatique et romancier, le président de l’UERA (Union des Écrivains Rhône-Alpes) nous a adressé ce petit mot d’humeur sur la désinvolture de la municipalité lyonnaise quant à la mémoire et la culture.
La tribune libre de Jacques Bruyas – « Lorsque Jean-Baptiste Poquelin, pas encore Molière, passa par Lyon et y créa sa pièce « L’étourdi » (au Grand Jeu de Paume, rue François Dauphin*, il remarqua à la hauteur du Pont du change de singulières embarcations, qui n’étaient ni quelque « machecroûte » issue du folklore rabelaisien et ressuscitée par l’actuelle municipalité en un élan de modernisme exacerbé, ni quelqu’ornements de feue « la fête des merveilles » mais simplement deux galères turques en approvisionnement…
Cette vue lui inspira peut-être voire sûrement cette réflexion digne des « Fourberies de Scapin » : « mais qu’est-il allé faire dans cette galère ? ». Et si Molière avait connu notre jeune maire » citoyen- éco-responsable, solidaire et participatif, nul doute qu’il se serait posé à son endroit la même interrogation « Mais qu’est-il allé faire dans cette galère ? ».
Depuis trois ans la municipalité lyonnaise inspirée par une Pénélope quelque peu vicieuse détricote ce que l’équipe précédente avait mis en place… sans trop savoir pourquoi ni comment.
Dans le milieu métropolitain pur, pédalant dans la choucroute, dignes successeurs des brasseries d’antan, ils font cyclopéder les Lyonnais de partout et n’importe où et même à contresens, allant jusqu’à dérailler lorsqu’il s’agit de quantifier en pourcentages les fréquentations de leurs pistes cyclables…
Monsieur le Préfet devra-t-il reprendre le jugement de l’un de ses augustes prédécesseurs qui écrivait, sur une note de police, à propos de l’architecte Gaspard André (dit Joannès Mollasson à l’Académie du Gourguillon et auteur du Grand Temple de Lyon, de la façade des Célestins et de la Fontaine des Jacobins, entre autres réalisations) : « Homme charmant et affable mais peu fréquentable car roulant en vélocypède ».
Dans le milieu culturel, les bouquinistes et les libraires sont chassés du quai de la Pêcherie (lire ici), les subventions de l’opéra sont revues à la baisse, soi-disant pour une plus juste répartition aux petites structures qui, peu après, se font également tailler des croupières financières au profit de…. nul ne sait, et ce de concert avec les coupes budgétaires de la Région…de concert peut-être mais l’orchestre joue faux…
Dans le domaine sécuritaire, la municipalité lyonnaise a décidé de calquer sa politique sur celle de Grenoble offrant ainsi aux trafiquants et réseaux mafieux un terrain de jeu suffisamment conséquent pour mettre à mal, sur une région, l’ordre républicain. Des policiers se font tabasser, des citoyens bousculer voire assassiner (le décès de notre ami le journaliste Gérard Corneloup en est le triste exemple), les vols à l’arrachée se multiplient et l’on mégote sur la télé-surveillance ou sur une augmentation d’effectif de la police municipale)…
Enfin, pour ne pas être trop long dans cette manifestation de compassion pour édiles égarés, parlons du mémoriel…
Les défilés boudés par nombre d’élus, les dépôts de gerbes commémoratives faits à la hâte ou en catimini par des représentants du peuple débraillés ou égarés dans leurs fonctions ,… et que dire de cet assourdissant silence le 5 juillet dernier à l’occasion du 150ème anniversaire d’Édouard Herriot, maire de Lyon, 52 ans durant, qui fit pour sa ville plus que tous ses successeurs réunis.
Édouard Herriot à qui FR3 Lyon rendit hommage et qui est l’objet d’un petit ouvrage « HERRIOT(S) » qui vient de paraître aux éditions DoMiNo dans la collection DRAMA, avec des contributions de Maître André Soulier, Jacques Biard, Éric Pommet, Jean-Luc Plasse et votre modeste serviteur… mais un geste, une résolution, une déclaration officielle de la Mairie Centrale… nenni… et que dire de la presse lyonnaise à cet égard ? Même silence et égal oubli…
Édouard Herriot aurait dû revêtir outre-tombe son costume d’académicien français… vert évidemment, enfourcher un vélo, saluer le premier automobiliste venu d’un doigt d’honneur et arborer un tee-shirt » fuck les flics »… la municipalité se serait souvenue du 150ème anniversaire de sa naissance et en aurait fait le héros d’une prochaine piétonisation du centre-ville…. avec de surcroît distribution publique du plan de circulation en zone 30 et en zone 50 avec pastille » crit’air » de circonstance…
Pauvre Doudou… Te voilà bien négligé mais rassure-toi, l’Histoire a bien une mémoire sélective et nul ne se souvient des galériens…. Ce sera ta juste revanche. »
* fils de François 1er qui mourut d’un chaud et froid en avalant un verre d’eau- ce qui est à jamais prohibé à Lyon
Il a fallu quelques décennies pour transformer Lyon en cité internationale, et la volonté de quelques maires aussi. Véritablement, Lyon est une métropole internationale depuis quelques millénaires. Gageons que nous vivons à Lyon une parenthèse pittoresque qui ne laissera pas trop d’ornières profondes difficiles à combler.