Par Philippe Dibilio
« Je suis tranquille sur le point sportif alors je travaille sur d'autres dossiers » c'est ainsi que s'exprimait le président de l'OL à la veille du match de Bucarest. Certes il n'y a rien d'extra ordinaire à cette déclaration puisqu'en faisant de Claude Puel plus qu'un entraîneur, un manager général il avait annoncé sa volonté de s'éloigner de la gestion du terrain dès cette saison.
Pourtant ces propos sonnent bizarrement dans la bouche d'un homme qui nous avait habitué à s'enflammer au coté de ses joueurs ce qui, au demeurant, fait partie du lot de tout dirigeant. Bien sûr JMA explique qu'en ces temps de crise financière il a de quoi faire par ailleurs. Il était, par exemple ce matin là chez Sarkozy pour une réunion concernant les chefs d'entreprise qui travaillent sur le numérique. Dans le même temps, il s'investit dans le dossier du Grand Stade où il se place en fédérateur des institutions et affirme qu'il va même créer une commission « regroupant les maires pour aller jusqu'au bout de ce projet » comme si sa confiance envers les politiques était en train de s'émousser au point qu'il juge utile de prendre le relais. Enfin s'il ne reparle pas de son départ « si les grues n'étaient pas à l'œuvre en 2010 » sur le terrain de Décines selon ses propos d'il y a quelques jours il évoque toujours le fait qu'il soit un peu partout, pour l'OL et pour Cegid aussi, en Chine, aux USA et au Japon. Un propos récurrent qui entretient l'idée selon laquelle Lyon n'est peut-être plus son seul port d'attache. Voilà qui donne l'image d'un président plus sensible à l'action politique et bien inscrit dans le mouvement des affaires. Un président moins sportif.
Après Gégé, Dédé
On a beaucoup parlé de l'investissement de Gérard Collomb dans la préparation du Congrès du PS, d'aucuns lui ont même passé le message qu'il en faisait trop ce qui s'est traduit par son retour intensif dans les dossiers lyonnais au détriment d'ailleurs des entretiens Jacques Cartier au grand dam de son ami Alain Bideau. Mais il est un autre « grand lyonnais » qui part à l'assaut de la direction de son parti, dont le congrès se tiendra en décembre, c'est André Gerin, le député maire communiste de Vénissieux. Certes depuis longtemps on le sait en conflit avec la direction du PCF et il était déjà monté au créneau lors du précédent congrès. Aussi, fort de ses brillantes réélections en 2007 et 2008, il a pris la tête d'un groupe qui veut « faire vivre et développer le PC » un PC réinstallé dans son histoire et ses principes face à une direction qu'il accuse de brader la maison en se mettant à la remorque du Parti Socialiste. Et il ne rechigne pas à la tache en allant présenter le texte qu'il défend dans divers départements. Un texte qui a obtenu 600 signatures depuis 61 départements ce qui le rend légitime et l'installe au cœur du débat. Il est vrai qu'en cette période de crise qui affecte le système capitaliste lui-même, il n'est pas inopportun de revenir aux fondamentaux et à Marx en particulier. Et il semble que notre Dédé rencontre un réel écho dans sa démarche. Il faut dire que la patronne du PC, Marie George Buffet, lui facilite la tache par son absence de ligne politique claire et ses comportements alambiqués. Ce fût le cas à propos des sifflets du stade de France, sa volonté d'excuser leurs auteurs sans condamner leur geste a dû choquer plus d'un militant pour qui « la Marseillaise » est un symbole qui dépasse le contexte politique et s'inscrit dans les valeurs de la République avec lesquelles on ne transige pas. Aussi André Gerin peut penser que son combat interne n'est pas inutile.
Raison dominante
Au lendemain de l'abstention du groupe socialiste sur le plan Sarkozy contre les effets de la crise, la polémique a enflé entre dirigeants du PS. Une habitude me direz-vous, mais en ces moments là on entend toujours quelques formules fortes mais plutôt risibles. Ainsi Julien Dray répondant à Manuel Valls, qui était pour l'adoption du texte et qui déplorait qu'il n'y ait plus « d'homme d'Etat » au PS. Le député de l'Essonne s'est interrogé : « C'est quoi un homme d'Etat ? C'est un homme qui se plie à la raison dominante ? Et d'ajouter : « moi je ne le crois pas ; ceux qui ont le plus marqué notre pays sont ceux qui ne se sont pas pliés à la raison dominante ». Fortes paroles mais qui résonnent un peu faux car les vrais hommes d'Etat de notre histoire ne se sont jamais réfugiés dans l'abstention comme l'a fait le groupe PS, ils se sont opposés en expliquant leur choix et en assumant les conséquences qui vont avec. Lorsque l'on considère qu'un plan gouvernemental se limite à l'immédiat en alimentant les banques, ce qui est nécessaire mais pas suffisant, il faut le dire et agir en cohérence. Si la raison dominante c'est oublier que tous les effets de la crise ne sont pas encore connus et que pour nous grand public le pire est devant nous ; alors oui il faut s'y opposer. Mais s'abstenir n'est pas s'opposer, c'est biaiser face à la raison dominante.
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