Par Philippe Dibilio
Philippe Cochet répondait la semaine dernière à Tribune de Lyon qui l'interrogeait sur l'application du plan de relance du gouvernement. Lorsque le journaliste lui lance : « si les banques ne veulent pas s'exécuter, vous n'avez aucun moyen de les contraindre », il répond sans ambages : « si leur politique de crédits n'est pas conforme, nous n'hésiterons pas à aller jusqu'à la nationalisation ».
« Nationalisation », en voilà un « gros mot » dans la bouche de ce libéral de toujours. « Nationalisation », c'était le mal absolu accolé à la politique de la gauche à son arrivée au pouvoir en 1981. Elle avait osé le faire et cela avait conduit à la fuite des capitaux, à l'époque on envoyait son chauffeur en Suisse le coffre plein de valeurs et de billets. Aujourd'hui on fait plus simple, nombre de ceux qui ont réussi en affaires vont habiter à Genève, on en connaît à Lyon, et continuent leur business en France, mais ce n'est plus un délit, seulement une bonne gestion de patrimoine. « Nationalisation », c'est contre ce mot vulgaire et liberticide qu'un groupe de jeunes députés a fait ses armes à l'Assemblée Nationale découvrant les charmes de l'obstruction parlementaire, et pour la droite d'alors ils étaient des héros : les Madelin, Longuet ou encore Michel Noir et Charles Millon. Revenue au pouvoir cette même droite a tôt fait de dénationaliser au nom de la liberté économique, une économie libérale c'est bien connu assure un vrai développement au pays. Enfin jusqu'au moment où survient une crise qui trouve justement sa source dans les excès du libéralisme et qui conduit aux abus que l'on sait. « Nationalisation », seul Benoît Hamon a proposé cette solution dans la dernière période ? Hamon, le trublion de gauche de l'équipe Aubry, regardé comme un irresponsable aux yeux de tous ceux qui s'attribuent des compétences en matière de gestion de l'économie et même par le socialiste directeur du FMI qui trouve les plans de relances européens trop timides. Alors entendre Philippe Cochet parler de nationalisation des banques, ça laisse pantois. D'autant que le credo de tous ses amis politiques tient dans le rêve éveillé de moralisation du capitalisme. Il faut croire que le député-maire de Caluire a ouvert les yeux et s'attend au pire puisqu'il n'hésite pas à abandonner ses oripeaux libéraux et lâche un aussi « gros mot » aux oreilles de ses amis et de ses électeurs. Décidément la situation doit vraiment être grave.
Ou comment sortir du contexte un mot et l’utiliser à des fins politiques au sens bas du terme…Une des specialités de m.Diblio qui a dans le nez un elu d’avenir qui doit faire peur à ses copains de gauche…Joyeux Noël!
Qui c’est Cochet ?